Chronique du Crépuscule Blafard
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Chronique du Crépuscule Blafard
Tout allait bien, par ce petit matin qui s'annoncait pluvieux.
Le vent tournait, emportant deci delà les fragrances naturelles du quartier. L'odeur de friture du Che Cosi le disputait déjà à l'odeur de cambouis du garage de Danny O'Bannion. Ces deux commerces étaient toujours les premiers à ouvrir, et leurs effluves faisaient partie du quartier. Leur absence aurait quasiment semblée gênante pour les résidants.
Le calme était donc de mise dans le quartier, si ce n'était le bruit des enfants qui jouaient dans le caniveau, en face de la boutique de Ma Turpington, la vieille immigrée anglaise. Celle qui vendait des canistrelli, sur le bord de la 60eme.
Les babillages succédaient aux chamailleries et on entendait parfois les "Hourrah !" qui sanctionnaient la victoire du champion de billes local, le petit Bill Quincy.
Cependant, le ciel moutonnant au loin présageait de la fin future des affrontements ludiques de ces têtes blondes. Déjà, les mammas commençaient à passer la tête par la fenêtre pour prévenir leur progéniture et demander de remonter en vitesse avant que l'eau ne tombe.
Bizarrement, hors les cris de la marmaille et de leurs mères, on aurait pu croire la ville sans vie. Une impression dominait, à la vue du spectacle qu'elle offrait : l'agitation habituelle de la ville ne semblait pas être de mise ce matin, comme une parenthèse dans l'ordre normal des jours.
L'humidité de l'air s'accrue alors que les minutes défilaient. Une odeur d'ozone, typique de la venue d'une ondée, commençait à s'élever. Des nez un peu plus aguerris auraient également pu remarquer comme une odeur de naphtaline, mêlée à un soupçon de térébenthine....
Alors que le ciel finissait de se couvrir de nuages inquiétants, les enfants se turent, tout comme le quartier lui-même semblait s'arrêter de respirer.
Un poulbot à l'allure mystérieuse remontait la 60eme, puis s'arrêta à l'angle du magasin de Ma. Il ne payait pas de mine, dans sa salopette bleutée, déchirée au genou droit. Sa casquette gavroche couvrait ses yeux et il semblait avancer à tâtons, la tête penchée.
Il ne releva la tête que lorsqu'il sentit une balle, échappée par les enfants, venir frapper mollement sa cheville avant de s'arrêter à dix centimètres de son godillot droit.
On put enfin voir ses yeux, qui semblèrent briller d'une lueur étrange alors qu'il ramassait la balle des mioches.
"Monsieur, la balle !!! Siouplait"
"Hé Monsieur !"
Mais le poulpot ne répondit pas, gardant la balle dans sa main. Il la détailla un instant du regard, puis la porta à sa bouche avant d'y planter ses incisives.
"Non, M'sieur, arrêtez !!"
"Ma balle... Bouhou", pleura le petit Matteo Cianescu.
Les cris et les insultes des gosses, qui ne tardèrent pas à fuser, n'arretèrent pas un seul instant le geste du bonhomme, qui déchira d'un coup sec la sphère de caoutchouc, avant de recracher un petit morceau de la balle vers les enfants, et de lâcher un cri atroce, qui se termina en une sorte de borborygme issu des tréfonds de son âme malade. Un frisson parcourut alors la tendre peaux des petits habitants.
Ceux-ci ne demandèrent pas leur reste et fuirent en direction du garage de Danny, qui sortit voir ce qui se passait, alarmés par le cri sordide.
Danny, solide gaillard à la cinquantaine athlétique, était la figure la plus connue du quartier. Né dans un vieil immeuble crasseux de la 58e, il avait grandi sur les mêmes trottoirs qui accueillaient aujourd'hui la marmaille.
Son père avait été le fils d'un immigré irlandais, et avait sué sang et eaux pour obtenir le respect de ses voisins, et atteindre une place en vue dans le microcosme de cette petite société.
Le jeune Danny avait donc été élevé dans un idéal de volonté, d'honneur et de dépassement de soi, ce qui l'avait rendu de plus en plus dur et décidé. Il avait compris jeune que personne ne lui tendrait la main et qu'il ne devait compter que sur lui, ... lui et sa détermination !!
Il avait monté sa petite affaire de vente de véhicules retapés, tout en menant diverses activités qui avaient fait fructifié son capital et agrandit le cercle de ses obligés. Il été dorénavant devenu quelqu'un d'important, et se sentait redevable envers tous ceux du quartier. C'est pour cela qu'il était le premier à sortir de son garage, les mains encore dans le cambouis de la vieille Buick d' O'Flaherty, dès les premiers cris des enfants.
Au fond de lui, il sentait un appel irrésistible, qui le poussait à protéger la progéniture du quartier, comme si c'était de ses mômes qu'il était question.
C'est alors que l'orage se déclara et que la pluie se déversa.
On entendit le tonnerre résonner dans tous les immeubles du quartier, et les vieux murs prirent une teinte sinistre, comme s'ils présageaient des malheurs à venir.
Danny sentait confusément que quelque chose se passait, et il n'était pas du genre à se laisser dépasser par les évènements. Il demanda au petit Billy de courir vers son arrière-boutique, et de prévenir les hommes qu'il y trouverait, pour qu'ils rappliquent au plus vite. "Et grouilles-toi, gamin !"
Il tourna la tête vers le drôle de personnage loqueteux, qui semblait attendre, sous la pluie.
Danny sentit la tension monter, alors qu'il entendait une sorte de bruit sourd monter progressivement de la 60e. Comme une vague qui arrivait. Il eut juste le temps de voir ses gars courir vers lui, armés de leurs Colt et Westminster, avant de se rendre compte que le bruit avait changé.
Le poulbot misérable hurla à nouveau, un cri bref cette fois et se rua sur Danny, alors qu'une horde de loqueteux se déversait à l'angle du magasin de Ma.
Dix, vingt, trente .... cent !! Ils ne tardèrent pas à se rassembler, constituant une foule compacte et inquiétante semblable à une marée humaine. Aucun d'entre eux n'avait à proprement parler l'air totalement normal, mais on pouvait déceler en eux le résidu d'une humanité disparue. Leur démarche tenait à la fois de la personne saoule et du vieillard, comme si marcher était trop difficile pour eux.
A peine Danny eu-t-il le temps d'envoyer un de ses gars sonner le rappel des renforts que déjà la rue semblait prise de démence : Ces hères faméliques commencaient à envahir le territoire de Danny, ce qui n'était pas pour lui plaire. De plus en plus nombreux, ils ne tardèrent pas à pulluler, telle une houle de fourmis géantes.
Ces pauvres fous renversaient les stands des échoppes voisines, brisaient les vitres des foyers. Rien ne parvenait à résister face à cette déferlante destructrice, et les habitants, qui avaient parfois mis des décennies à obtenir un cadre de vie parfait pour leur petite famille, virent leurs efforts réduits à néant en l'espace de quelques minutes!! On pouvait voir des familles entières fuir, refoulées par la masse compactes des corps informes jusque dans leur propre maison. Peu de portes résistèrent au monstrueux assaut. La pluie battante semblait aider les monstrueux intrus à violer ces foyers chaleureux, comme si les éléments étaient désireux de leur victoire.
Les bruits de portes fracturées, de hurlements des mammas et les coups de feu qui éclataient dans les immeubles rendaient la scène encore plus folle que ne l'était déjà la situation.
Les plus courageux des habitants en venaient ainsi aux mains avec les envahisseurs, mais ne pouvaient arrêter ces flots d'affreux personnages. Certains d'entre eux disparurent, noyés dans la masse des bras et des torses de ces assaillants.
Depuis son QG, Danny entendait bien les hurlements qui éclataient de parts et d'autres de son quartier. Les phalanges de sa main droite se crispaient alors au point de blanchir, dans sa rage et son impuissance.
Danny appela à lui son lieutenant, Muggi.
"Il est temps de faire front. Fais ce qu'il faut !"
"Ok, Boss"
Et Muggi disparut de longues minutes, alors que les hommes de Danny tiraient à qui mieux mieux sur les masses informes des corps enchevêtrés depuis la porte du garage. Mais ils ne tiendraient pas une éternité si quelque chose n'était pas fait rapidement.
Danny se décida donc à envoyer ses gars charger ces troupes fétides. Il était temps de contre-attaquer.
Il se dirigea lui-même vers l'avant-poste improvisé devant la porte de la manutention, où tronait la Gattling, emblème de la puissance de sa famille. La pluis battante risquait de mouiller les cartouches, mais tant pis ! Il fallait bien riposter.
Il hurla rapidement "Chargez", en direction de ses fantassins, qui ne se le fire pas dire deux fois.
Il observa ainsi la ruée vers le flot des envahisseurs, calmement mais commença à se poser des questions lorsqu'il constata que ses hommes ne revenaient pas vers lui. Il s'inquiéta encore plus quand il ne vit pas revenir Paolo, son neveu, disparu happé par des mains malsaines.
Danny entendit les cris de rage de ses hommes chargeant la masse de ses adversaires se faire de plus en plus rauques, avant de s'éteindre de façon brusque.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il se rendit compte que ces hommes sortaient de la mélée au bout d'un certain temps, en semblant marcher péniblement ... Et en tirant dans sa direction !!!!
Danny se rendit compte que certains des personnages au visage cireux qui marchait sur son garage appartenaient à son propre clan, que certains étaient même de son propre sang! "Paolo" hurla-t-il, le menaçant des pires représailles sans que rien n'y fit ! Ces gars là n'étaient plus les siens, ils semblaient complètement dépassés, comme si leur âme était sortie de leur corps. Un virus maudit semblait avoir pris le contrôle de leurs actes, et rien ne semblait pouvoir les détourner de leur objectif.
"Ce n'est pas Dieu possible ..." souffla-t-il.
Muggi revint sur ses entrefaits, et Danny dut se reprendre. Il posta les troupes de tireurs au coin du garage, pour enrayer la prolifération de la masse destructrice. La pluie qui tombait de plus en plus dense avait peu à peu masqué la masse informes des combattants, et donnait la sale impression qu'il arrivait de nouveaux monstres toutes les trentes secondes... On en voyait plus la fin ...
La lutte était acharnée et les mafiosi auraient pourtant dû venir à bout de leurs adversaires, mais ils ne purent malheureusement pas se défendre contre ceux qui avaient été leurs pères ou leurs frères... et la masse compacte de leurs semblables... Comment un homme d'honneur pouvait-il abattre celui qu'il avait embrassé le matin même?
La tristesse crispa un court instant le visage enragé de Danny, alors qu'il affrontait à bout de bras un de ces monstres, qu'il venait de reconnaitre... Campioni avait été un employé intègre, et voir ce qu'il était devenu le peinait profondément ... Il lui logea une balle entre les deux yeux en se signant deux fois.
"- Porco Cane !"
Il ne comprenait pas ces personnages dénués de toute logique, ne semblant faire cas ni de leur vie, ni de celle de leurs compagnons d'armes. Certains d'entre eux avaient été les "élèves" de Danny, et il leur avait appris la reconnaissance des valeurs de son clan, de la famille. Mais ils ne semblait pas avoir compris la leçon !
C'est cette perte totale de loyauté qui déstabilisait Danny, à tel point qu'il finit par demander à ses troupes de quitter la mélée, en protégeant les plus jeunes. La rage au ventre, il ne put s'empêcher de laisser une petite larme perler aux coins de ses yeux, mais la pluie battante eut tôt fait de dissimuler ce petit écart à ses hommes. Il devait rester leur meneur, même dans la défaite!
Alors qu'ils se retiraient du côté des quais, Danny vit ces monstres investir son garage, l'oeuvre de sa vie.
Ainsi fut écrite l'une des plus sanglantes défaites du clan, dans la fuite et l'odeur du sang.
La tempête prit fin aussi vite qu'elle était venue.
A peine la pluie cessa-t-elle de tomber que les envahisseurs soulevèrent les regards des égoûts, et s'y ruèrent dans le désordre le plus complet. Dix minutes passèrent, avant qu'il ne resta plus trace de la horde dans la rue déserte.
Ainsi, subsistait seule la déchéance d'un quartier florissant quelques dizaines de minutes auparavant, n'offrant plus que la vision de corps lourds, jonchant les caniveaux. Le flots torrentiels des eaux se teintaient de débris et de sang avant de s'écouler dans les venelles où les enfants s'amusaient quelques minutes auparavant. Le silence de mort qui régnait ne devaient plus être troublé que par l'arrivée des forces de l'Ordre, qui n'arrivèrrent sur les lieux que deux heures après le drame.
Le Syndicat fêta ses morts pendant huit jours, et les mamas psalmodièrent leurs chants siciliens de longues nuit durant. Danny était revenu constater le saccage de son lieu de travail, et avait pleuré les siens. Une seule idée occupait son esprit, une idée qui tenait dans un mot, plein de sens :
Vendetta
Le vent tournait, emportant deci delà les fragrances naturelles du quartier. L'odeur de friture du Che Cosi le disputait déjà à l'odeur de cambouis du garage de Danny O'Bannion. Ces deux commerces étaient toujours les premiers à ouvrir, et leurs effluves faisaient partie du quartier. Leur absence aurait quasiment semblée gênante pour les résidants.
Le calme était donc de mise dans le quartier, si ce n'était le bruit des enfants qui jouaient dans le caniveau, en face de la boutique de Ma Turpington, la vieille immigrée anglaise. Celle qui vendait des canistrelli, sur le bord de la 60eme.
Les babillages succédaient aux chamailleries et on entendait parfois les "Hourrah !" qui sanctionnaient la victoire du champion de billes local, le petit Bill Quincy.
Cependant, le ciel moutonnant au loin présageait de la fin future des affrontements ludiques de ces têtes blondes. Déjà, les mammas commençaient à passer la tête par la fenêtre pour prévenir leur progéniture et demander de remonter en vitesse avant que l'eau ne tombe.
Bizarrement, hors les cris de la marmaille et de leurs mères, on aurait pu croire la ville sans vie. Une impression dominait, à la vue du spectacle qu'elle offrait : l'agitation habituelle de la ville ne semblait pas être de mise ce matin, comme une parenthèse dans l'ordre normal des jours.
L'humidité de l'air s'accrue alors que les minutes défilaient. Une odeur d'ozone, typique de la venue d'une ondée, commençait à s'élever. Des nez un peu plus aguerris auraient également pu remarquer comme une odeur de naphtaline, mêlée à un soupçon de térébenthine....
Alors que le ciel finissait de se couvrir de nuages inquiétants, les enfants se turent, tout comme le quartier lui-même semblait s'arrêter de respirer.
Un poulbot à l'allure mystérieuse remontait la 60eme, puis s'arrêta à l'angle du magasin de Ma. Il ne payait pas de mine, dans sa salopette bleutée, déchirée au genou droit. Sa casquette gavroche couvrait ses yeux et il semblait avancer à tâtons, la tête penchée.
Il ne releva la tête que lorsqu'il sentit une balle, échappée par les enfants, venir frapper mollement sa cheville avant de s'arrêter à dix centimètres de son godillot droit.
On put enfin voir ses yeux, qui semblèrent briller d'une lueur étrange alors qu'il ramassait la balle des mioches.
"Monsieur, la balle !!! Siouplait"
"Hé Monsieur !"
Mais le poulpot ne répondit pas, gardant la balle dans sa main. Il la détailla un instant du regard, puis la porta à sa bouche avant d'y planter ses incisives.
"Non, M'sieur, arrêtez !!"
"Ma balle... Bouhou", pleura le petit Matteo Cianescu.
Les cris et les insultes des gosses, qui ne tardèrent pas à fuser, n'arretèrent pas un seul instant le geste du bonhomme, qui déchira d'un coup sec la sphère de caoutchouc, avant de recracher un petit morceau de la balle vers les enfants, et de lâcher un cri atroce, qui se termina en une sorte de borborygme issu des tréfonds de son âme malade. Un frisson parcourut alors la tendre peaux des petits habitants.
Ceux-ci ne demandèrent pas leur reste et fuirent en direction du garage de Danny, qui sortit voir ce qui se passait, alarmés par le cri sordide.
Danny, solide gaillard à la cinquantaine athlétique, était la figure la plus connue du quartier. Né dans un vieil immeuble crasseux de la 58e, il avait grandi sur les mêmes trottoirs qui accueillaient aujourd'hui la marmaille.
Son père avait été le fils d'un immigré irlandais, et avait sué sang et eaux pour obtenir le respect de ses voisins, et atteindre une place en vue dans le microcosme de cette petite société.
Le jeune Danny avait donc été élevé dans un idéal de volonté, d'honneur et de dépassement de soi, ce qui l'avait rendu de plus en plus dur et décidé. Il avait compris jeune que personne ne lui tendrait la main et qu'il ne devait compter que sur lui, ... lui et sa détermination !!
Il avait monté sa petite affaire de vente de véhicules retapés, tout en menant diverses activités qui avaient fait fructifié son capital et agrandit le cercle de ses obligés. Il été dorénavant devenu quelqu'un d'important, et se sentait redevable envers tous ceux du quartier. C'est pour cela qu'il était le premier à sortir de son garage, les mains encore dans le cambouis de la vieille Buick d' O'Flaherty, dès les premiers cris des enfants.
Au fond de lui, il sentait un appel irrésistible, qui le poussait à protéger la progéniture du quartier, comme si c'était de ses mômes qu'il était question.
C'est alors que l'orage se déclara et que la pluie se déversa.
On entendit le tonnerre résonner dans tous les immeubles du quartier, et les vieux murs prirent une teinte sinistre, comme s'ils présageaient des malheurs à venir.
Danny sentait confusément que quelque chose se passait, et il n'était pas du genre à se laisser dépasser par les évènements. Il demanda au petit Billy de courir vers son arrière-boutique, et de prévenir les hommes qu'il y trouverait, pour qu'ils rappliquent au plus vite. "Et grouilles-toi, gamin !"
Il tourna la tête vers le drôle de personnage loqueteux, qui semblait attendre, sous la pluie.
Danny sentit la tension monter, alors qu'il entendait une sorte de bruit sourd monter progressivement de la 60e. Comme une vague qui arrivait. Il eut juste le temps de voir ses gars courir vers lui, armés de leurs Colt et Westminster, avant de se rendre compte que le bruit avait changé.
Le poulbot misérable hurla à nouveau, un cri bref cette fois et se rua sur Danny, alors qu'une horde de loqueteux se déversait à l'angle du magasin de Ma.
Dix, vingt, trente .... cent !! Ils ne tardèrent pas à se rassembler, constituant une foule compacte et inquiétante semblable à une marée humaine. Aucun d'entre eux n'avait à proprement parler l'air totalement normal, mais on pouvait déceler en eux le résidu d'une humanité disparue. Leur démarche tenait à la fois de la personne saoule et du vieillard, comme si marcher était trop difficile pour eux.
A peine Danny eu-t-il le temps d'envoyer un de ses gars sonner le rappel des renforts que déjà la rue semblait prise de démence : Ces hères faméliques commencaient à envahir le territoire de Danny, ce qui n'était pas pour lui plaire. De plus en plus nombreux, ils ne tardèrent pas à pulluler, telle une houle de fourmis géantes.
Ces pauvres fous renversaient les stands des échoppes voisines, brisaient les vitres des foyers. Rien ne parvenait à résister face à cette déferlante destructrice, et les habitants, qui avaient parfois mis des décennies à obtenir un cadre de vie parfait pour leur petite famille, virent leurs efforts réduits à néant en l'espace de quelques minutes!! On pouvait voir des familles entières fuir, refoulées par la masse compactes des corps informes jusque dans leur propre maison. Peu de portes résistèrent au monstrueux assaut. La pluie battante semblait aider les monstrueux intrus à violer ces foyers chaleureux, comme si les éléments étaient désireux de leur victoire.
Les bruits de portes fracturées, de hurlements des mammas et les coups de feu qui éclataient dans les immeubles rendaient la scène encore plus folle que ne l'était déjà la situation.
Les plus courageux des habitants en venaient ainsi aux mains avec les envahisseurs, mais ne pouvaient arrêter ces flots d'affreux personnages. Certains d'entre eux disparurent, noyés dans la masse des bras et des torses de ces assaillants.
Depuis son QG, Danny entendait bien les hurlements qui éclataient de parts et d'autres de son quartier. Les phalanges de sa main droite se crispaient alors au point de blanchir, dans sa rage et son impuissance.
Danny appela à lui son lieutenant, Muggi.
"Il est temps de faire front. Fais ce qu'il faut !"
"Ok, Boss"
Et Muggi disparut de longues minutes, alors que les hommes de Danny tiraient à qui mieux mieux sur les masses informes des corps enchevêtrés depuis la porte du garage. Mais ils ne tiendraient pas une éternité si quelque chose n'était pas fait rapidement.
Danny se décida donc à envoyer ses gars charger ces troupes fétides. Il était temps de contre-attaquer.
Il se dirigea lui-même vers l'avant-poste improvisé devant la porte de la manutention, où tronait la Gattling, emblème de la puissance de sa famille. La pluis battante risquait de mouiller les cartouches, mais tant pis ! Il fallait bien riposter.
Il hurla rapidement "Chargez", en direction de ses fantassins, qui ne se le fire pas dire deux fois.
Il observa ainsi la ruée vers le flot des envahisseurs, calmement mais commença à se poser des questions lorsqu'il constata que ses hommes ne revenaient pas vers lui. Il s'inquiéta encore plus quand il ne vit pas revenir Paolo, son neveu, disparu happé par des mains malsaines.
Danny entendit les cris de rage de ses hommes chargeant la masse de ses adversaires se faire de plus en plus rauques, avant de s'éteindre de façon brusque.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il se rendit compte que ces hommes sortaient de la mélée au bout d'un certain temps, en semblant marcher péniblement ... Et en tirant dans sa direction !!!!
Danny se rendit compte que certains des personnages au visage cireux qui marchait sur son garage appartenaient à son propre clan, que certains étaient même de son propre sang! "Paolo" hurla-t-il, le menaçant des pires représailles sans que rien n'y fit ! Ces gars là n'étaient plus les siens, ils semblaient complètement dépassés, comme si leur âme était sortie de leur corps. Un virus maudit semblait avoir pris le contrôle de leurs actes, et rien ne semblait pouvoir les détourner de leur objectif.
"Ce n'est pas Dieu possible ..." souffla-t-il.
Muggi revint sur ses entrefaits, et Danny dut se reprendre. Il posta les troupes de tireurs au coin du garage, pour enrayer la prolifération de la masse destructrice. La pluie qui tombait de plus en plus dense avait peu à peu masqué la masse informes des combattants, et donnait la sale impression qu'il arrivait de nouveaux monstres toutes les trentes secondes... On en voyait plus la fin ...
La lutte était acharnée et les mafiosi auraient pourtant dû venir à bout de leurs adversaires, mais ils ne purent malheureusement pas se défendre contre ceux qui avaient été leurs pères ou leurs frères... et la masse compacte de leurs semblables... Comment un homme d'honneur pouvait-il abattre celui qu'il avait embrassé le matin même?
La tristesse crispa un court instant le visage enragé de Danny, alors qu'il affrontait à bout de bras un de ces monstres, qu'il venait de reconnaitre... Campioni avait été un employé intègre, et voir ce qu'il était devenu le peinait profondément ... Il lui logea une balle entre les deux yeux en se signant deux fois.
"- Porco Cane !"
Il ne comprenait pas ces personnages dénués de toute logique, ne semblant faire cas ni de leur vie, ni de celle de leurs compagnons d'armes. Certains d'entre eux avaient été les "élèves" de Danny, et il leur avait appris la reconnaissance des valeurs de son clan, de la famille. Mais ils ne semblait pas avoir compris la leçon !
C'est cette perte totale de loyauté qui déstabilisait Danny, à tel point qu'il finit par demander à ses troupes de quitter la mélée, en protégeant les plus jeunes. La rage au ventre, il ne put s'empêcher de laisser une petite larme perler aux coins de ses yeux, mais la pluie battante eut tôt fait de dissimuler ce petit écart à ses hommes. Il devait rester leur meneur, même dans la défaite!
Alors qu'ils se retiraient du côté des quais, Danny vit ces monstres investir son garage, l'oeuvre de sa vie.
Ainsi fut écrite l'une des plus sanglantes défaites du clan, dans la fuite et l'odeur du sang.
La tempête prit fin aussi vite qu'elle était venue.
A peine la pluie cessa-t-elle de tomber que les envahisseurs soulevèrent les regards des égoûts, et s'y ruèrent dans le désordre le plus complet. Dix minutes passèrent, avant qu'il ne resta plus trace de la horde dans la rue déserte.
Ainsi, subsistait seule la déchéance d'un quartier florissant quelques dizaines de minutes auparavant, n'offrant plus que la vision de corps lourds, jonchant les caniveaux. Le flots torrentiels des eaux se teintaient de débris et de sang avant de s'écouler dans les venelles où les enfants s'amusaient quelques minutes auparavant. Le silence de mort qui régnait ne devaient plus être troublé que par l'arrivée des forces de l'Ordre, qui n'arrivèrrent sur les lieux que deux heures après le drame.
Le Syndicat fêta ses morts pendant huit jours, et les mamas psalmodièrent leurs chants siciliens de longues nuit durant. Danny était revenu constater le saccage de son lieu de travail, et avait pleuré les siens. Une seule idée occupait son esprit, une idée qui tenait dans un mot, plein de sens :
Vendetta
Dernière édition par Prodigee le Mar 3 Mar 2009 - 16:20, édité 11 fois
Prodigee- Grand Ancien
- Nombre de messages : 5043
Age : 43
Localisation : Poitiers
Date d'inscription : 27/09/2006
Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Une semaine passa ainsi, pleine des reproches que se faisait Danny.
Quelle cruelle déception il avait ressenti en retournant sur ses bien-aimées docks. Quand bien même son clan avait subi des revers, il n'en restait pas moins fier du pouvoir et de l'aura qui avait été les leurs. Le nom de O'Bannion avait atteint un point culminant dans l'ordre social de Little Odessa. Et ces docks, le lieu où il avait pu mettre en place la plus grande partie de son "organisation", Danny y voyait son QG, son asile à partir duquel il contrôlait toute la partie Ouest de la cité.
Mais ce n'était à l'heure actuelle plus qu'un souvenir, ce sentiment de toute-puissance. Les vieilles gloires sont les plus dures à oublier....
Danny n'était pas connu pour être un tendre, aussi, pas un de ses affidés ne lui tint tête lorsqu'il leur demanda d'attendre son signal pour le rejoindre. Il avait besoin de rester seul, de réfléchir.
Il lui fallait éradiquer la menace, empêcher toute nouvelle incursion dans la vie du quartier, garantir la sécurité des siens et, ce qui était primordial, prendre sa revanche.
Même le cash ne lui procurait pas une aussi grande satisfaction que celle ressentie devant le spectacle de son adversaire qui ployait l'échine.
Il jubilait, acceptant l'offrande de la dignité de celui qui lui faisait face. Mais, aujourd'hui, elle était bien loin de lui, cette sensation. Il n'était qu'amertume, ressentiment et violence prête à exploser ...
Que dirait Don Luppe, son mentor, s'il voyait jusqu'où était tombé le Syndicat? Alors même que la horde des fous avait décimé ses rangs, il n'avait pas vu venir la menace. En effet, pendant la semaine, des évènements étranges avaient eu lieu : Des descentes de police systématiques avaient eu lieu, et le quartier s'était peu à peu transformé en une nasse où se faisaient attraper tout les représentants de l'honorable société.
Comment aurait-il prévenir ce danger, d'ailleurs, à moins de s'appeler Mme Irma ??
Cette pensée innocente le fit rire jaune : Elle était bien bonne, celle-là... Il n'arrivait toujours pas à croire que Zvetlana, la diseuse de bonne aventure qu'il avait chassée du Queens il y a peu, avait indiqué au Vieil Homme sa planque. Celui-là, Danny lui réservait un chien de sa chienne ... Le vieux pourri...
O'Bannion ruminait encore cette seconde attaque, et ne comprenait pas comme la gitane avait pu indiquer à l'Agence Blackwood, dans laquelle de ses multiples caches il s'était réfugié après l'attaque des zombies. Personne n'était au courant en dehors de la famille. Et la famille était bien sûr hors de tout soupçons.
Encore un peu, et il finirait par croire que ses soi-disants pouvoirs n'étaient pas du chiqué...
Le vieux garage avait été encerclé en à peine une minute, et même un rat ne serait pas passé entre les mailles du filet. Les flics s'étaient postés à plusieurs rues de là, et avaient avancé silencieusement. Veloglio avait réveillé Danny et lui avait permis de s'enfuir, en le couvrant. A peine sorti du lit, Danny avait du ramper dans le soupirail à l'arrière de son garage, pour rejoindre le coin de Mean Street et de la 58e.
Il n'avait dû son salut qu'à la seule inattention du garde-chiourme qui faisait le coin de la rue.
Entendant les sirènes des véhicules, il avait à nouveau fuit, comme un lâche. Et ça, il l'avait toujours en travers de la gorge. Seul le bruit des coups de feux et les hurlements lointains des siens lui étaient parvenus, se plantant dans son coeur comme une multitude de couteaux acérés. L'image de Veloglio tombant sous les balles lui fit trembler un court instant la glotte.
Mais, pensait-il, trop c'est trop !! Il lui faudrait derechef reprendre les choses en main, et venger le premier affront que lui avait fait subir les fous, avant de penser à s'en prendre à ses ennemis naturels, les flics !
Il se dirigeait d'un pas volotaire vers les docks, pour appeler à lui la horde des costauds et des pourris qu'il considérait comme ses serfs. Il rentra comme une flèche dans la casemate du contre-maitre, et tira à lui la chainette d'activation du sifflet qui rythmait la vie des docks, pour en tirer deux longues plaintes.
A peine le hurlement du sifflet vapeur de l'office avait-il résonné que déjà trois mastodontes apparaissaient. Toutes les grues se stabilisèrent, et les manouvriers vinrent voir se qui se passait.
Puis les dockers arrivèrent, les yeux brillants de curiosité. Il devait y avoir eu un problème, pour qu'O'Bannion les siffle. Deux longs sifflets = Urgence !!
Une heure après, Danny dirigeait ses troupes galvanisées de ses belles paroles vers les rues du vieux Manhattan. Il les exhortait de la voie à venger les siens, soit-disant pour "améliorer leurs conditions de vie et prouver à tous ces richards qu'ils étaient les rouages primordiaux de la vielle cité". C'était toujours dans les vieux slogans qu'on faisait les meilleures soupes, pensa-t-il, cynique.
La troupe ne tarda pas à se regrouper au pied d'un immeuble appartenant à une certaine Victoria Glasser, selon les indics de Danny. Le dernier lieu où avait été suivi la troupe de tarés qui avaient décimés les rangs du Syndicat. Ce renseignement avait été obtenu grâce à la ténacité du jeune Vito Loreone, qui s'était glissé dans les égouts à la suite des faméliques ravageurs. Ils avaient regagné ce petit immeuble, et n'avait plus fait parlé d'eux. Cette Glasser devait les tenir à la baguette.
Danny ne la connaissait pas, celle-là, mais il savait ce qu'il lui ferait s'il la trouvait sur son chemin ! Tout ce qu'il savait, c'est que les Glasser avaient été une famille de promoteurs, et qu'ils conituaient à réaliser de temps en temps de jolis placements. Mais ils semblaient discrets.
Il était l'heure de les mettre au pas, voire de les faire cracher au bassinet, si possible, sourit Danny.
Avant d'aller plus loin, Danny se dirigea d'un pas alerte vers le Starbuckle, un pub irlandais qui se trouvait à deux rues de là.
Il y passa deux coups de fils:
Un à son "bureau", afin de faire passer le mot à l'ensemble des membres du Syndicat.
Un autre à sa femme, pour lui demander d'aller visiter sa cousine du Kentucky.
Mme O'Bannion n'attendit pas que son mari raccroche pour sonner le rassemblement de sa marmaille et préparer les valises. Encore une fois, Danny partait en guerre, et il ne souhaitait pas la voir rester en ville.
L'angoisse qui étreignait le coeur de Mme O'Bannion n'en était pas moins forte que la rancoeur qui submergeait celui de Danny.
Il retourna au pied de l'immeuble rejoindre les dockers qui attendaient patiemment le retour du chef, prit une hache des mains de Joe Spagiatti, le demeuré qui vivait dans la 5e, et, d'un geste ample de son épaule droite, il abattit la hache de toutes ses forces sur la porte qui céda dans un fracas des plus sinistres.
Quelle cruelle déception il avait ressenti en retournant sur ses bien-aimées docks. Quand bien même son clan avait subi des revers, il n'en restait pas moins fier du pouvoir et de l'aura qui avait été les leurs. Le nom de O'Bannion avait atteint un point culminant dans l'ordre social de Little Odessa. Et ces docks, le lieu où il avait pu mettre en place la plus grande partie de son "organisation", Danny y voyait son QG, son asile à partir duquel il contrôlait toute la partie Ouest de la cité.
Mais ce n'était à l'heure actuelle plus qu'un souvenir, ce sentiment de toute-puissance. Les vieilles gloires sont les plus dures à oublier....
Danny n'était pas connu pour être un tendre, aussi, pas un de ses affidés ne lui tint tête lorsqu'il leur demanda d'attendre son signal pour le rejoindre. Il avait besoin de rester seul, de réfléchir.
Il lui fallait éradiquer la menace, empêcher toute nouvelle incursion dans la vie du quartier, garantir la sécurité des siens et, ce qui était primordial, prendre sa revanche.
Même le cash ne lui procurait pas une aussi grande satisfaction que celle ressentie devant le spectacle de son adversaire qui ployait l'échine.
Il jubilait, acceptant l'offrande de la dignité de celui qui lui faisait face. Mais, aujourd'hui, elle était bien loin de lui, cette sensation. Il n'était qu'amertume, ressentiment et violence prête à exploser ...
Que dirait Don Luppe, son mentor, s'il voyait jusqu'où était tombé le Syndicat? Alors même que la horde des fous avait décimé ses rangs, il n'avait pas vu venir la menace. En effet, pendant la semaine, des évènements étranges avaient eu lieu : Des descentes de police systématiques avaient eu lieu, et le quartier s'était peu à peu transformé en une nasse où se faisaient attraper tout les représentants de l'honorable société.
Comment aurait-il prévenir ce danger, d'ailleurs, à moins de s'appeler Mme Irma ??
Cette pensée innocente le fit rire jaune : Elle était bien bonne, celle-là... Il n'arrivait toujours pas à croire que Zvetlana, la diseuse de bonne aventure qu'il avait chassée du Queens il y a peu, avait indiqué au Vieil Homme sa planque. Celui-là, Danny lui réservait un chien de sa chienne ... Le vieux pourri...
O'Bannion ruminait encore cette seconde attaque, et ne comprenait pas comme la gitane avait pu indiquer à l'Agence Blackwood, dans laquelle de ses multiples caches il s'était réfugié après l'attaque des zombies. Personne n'était au courant en dehors de la famille. Et la famille était bien sûr hors de tout soupçons.
Encore un peu, et il finirait par croire que ses soi-disants pouvoirs n'étaient pas du chiqué...
Le vieux garage avait été encerclé en à peine une minute, et même un rat ne serait pas passé entre les mailles du filet. Les flics s'étaient postés à plusieurs rues de là, et avaient avancé silencieusement. Veloglio avait réveillé Danny et lui avait permis de s'enfuir, en le couvrant. A peine sorti du lit, Danny avait du ramper dans le soupirail à l'arrière de son garage, pour rejoindre le coin de Mean Street et de la 58e.
Il n'avait dû son salut qu'à la seule inattention du garde-chiourme qui faisait le coin de la rue.
Entendant les sirènes des véhicules, il avait à nouveau fuit, comme un lâche. Et ça, il l'avait toujours en travers de la gorge. Seul le bruit des coups de feux et les hurlements lointains des siens lui étaient parvenus, se plantant dans son coeur comme une multitude de couteaux acérés. L'image de Veloglio tombant sous les balles lui fit trembler un court instant la glotte.
Mais, pensait-il, trop c'est trop !! Il lui faudrait derechef reprendre les choses en main, et venger le premier affront que lui avait fait subir les fous, avant de penser à s'en prendre à ses ennemis naturels, les flics !
Il se dirigeait d'un pas volotaire vers les docks, pour appeler à lui la horde des costauds et des pourris qu'il considérait comme ses serfs. Il rentra comme une flèche dans la casemate du contre-maitre, et tira à lui la chainette d'activation du sifflet qui rythmait la vie des docks, pour en tirer deux longues plaintes.
A peine le hurlement du sifflet vapeur de l'office avait-il résonné que déjà trois mastodontes apparaissaient. Toutes les grues se stabilisèrent, et les manouvriers vinrent voir se qui se passait.
Puis les dockers arrivèrent, les yeux brillants de curiosité. Il devait y avoir eu un problème, pour qu'O'Bannion les siffle. Deux longs sifflets = Urgence !!
Une heure après, Danny dirigeait ses troupes galvanisées de ses belles paroles vers les rues du vieux Manhattan. Il les exhortait de la voie à venger les siens, soit-disant pour "améliorer leurs conditions de vie et prouver à tous ces richards qu'ils étaient les rouages primordiaux de la vielle cité". C'était toujours dans les vieux slogans qu'on faisait les meilleures soupes, pensa-t-il, cynique.
La troupe ne tarda pas à se regrouper au pied d'un immeuble appartenant à une certaine Victoria Glasser, selon les indics de Danny. Le dernier lieu où avait été suivi la troupe de tarés qui avaient décimés les rangs du Syndicat. Ce renseignement avait été obtenu grâce à la ténacité du jeune Vito Loreone, qui s'était glissé dans les égouts à la suite des faméliques ravageurs. Ils avaient regagné ce petit immeuble, et n'avait plus fait parlé d'eux. Cette Glasser devait les tenir à la baguette.
Danny ne la connaissait pas, celle-là, mais il savait ce qu'il lui ferait s'il la trouvait sur son chemin ! Tout ce qu'il savait, c'est que les Glasser avaient été une famille de promoteurs, et qu'ils conituaient à réaliser de temps en temps de jolis placements. Mais ils semblaient discrets.
Il était l'heure de les mettre au pas, voire de les faire cracher au bassinet, si possible, sourit Danny.
Avant d'aller plus loin, Danny se dirigea d'un pas alerte vers le Starbuckle, un pub irlandais qui se trouvait à deux rues de là.
Il y passa deux coups de fils:
Un à son "bureau", afin de faire passer le mot à l'ensemble des membres du Syndicat.
Un autre à sa femme, pour lui demander d'aller visiter sa cousine du Kentucky.
Mme O'Bannion n'attendit pas que son mari raccroche pour sonner le rassemblement de sa marmaille et préparer les valises. Encore une fois, Danny partait en guerre, et il ne souhaitait pas la voir rester en ville.
L'angoisse qui étreignait le coeur de Mme O'Bannion n'en était pas moins forte que la rancoeur qui submergeait celui de Danny.
Il retourna au pied de l'immeuble rejoindre les dockers qui attendaient patiemment le retour du chef, prit une hache des mains de Joe Spagiatti, le demeuré qui vivait dans la 5e, et, d'un geste ample de son épaule droite, il abattit la hache de toutes ses forces sur la porte qui céda dans un fracas des plus sinistres.
Dernière édition par le Mar 10 Juil 2007 - 9:11, édité 5 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Date d'inscription : 27/09/2006
Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Il est vingt heures, Mick va venir dans quelques minutes et nous allons retrouver nos amis au Pallagio.
Je me repasse les choses à faire pour être bien sûre de ne rien avoir oublié, mais , dès que j'entend le klaxon de sa Dutch, c'est plus fort que moi, je sursaute et mes joues s'enfièvrent. Il faut dire que j'ai de bonnes raison de croire qu'on va s'amuser comme jamais.
Il paraît que Lee Howard vient jouer ce soir. Je n'en suis pas toute à fait sûre, mais mes amies Dixie et Marylou m'ont certifié que ça serait le cas.
Mick vient me chercher, je l'entend qui remonte l'allée et sonne à la porte. Petit moment de panique alors que je m'aperçois que j'ai oublier mes bas !! Si maman voyait ça ... déjà qu'elle n'aime pas mon rouge à lèvres carmin !
Je descend l'escalier, embrasse mon père et prend le bras de Mick, qui lance un joyeux "Bonsoir Monsieur Brady" alors que Papa le regarde d'un oeil sévère. Je lui lance un petit regard en biais au passage, pour qu'il comprenne bien que je suis une grande fille maintenant, et qu'à 16 ans, je n'ai pas besoin de lui pour choisir mes fréquentations.
Papa hausse les épaules d'un geste laconique, et semble faire demi-tour pour rentrer dans le salon. Cependant, je sens son regard sur nous quand Mick et moi rentrons dans la voiture.
Un petit peu par esprit de provocation, je pose ma tête sur l'épaule de Mick, qui est un peu surpris de mon geste. Il ricane gentiment en démarrant la Dutch et me dit :
"T'as l'air d'humeur caline toi !"
Je ne répond pas mais lui fait un grand sourire...
Mick et moi sortons ensemble depuis deux mois, et j'adore partir avec lui dans sa voiture. Je me sens libre et partir loin de mes parents, c'est toujours le bonheur. Parfois, Mick se montre un peu entreprenant, mais je n'ai jamais eu de problèmes à lui faire comprendre que ce n'était pas le moment. Et en y repensant, ce serait peut-être bien de .....
A peine commencais-je à y réfléchir que Mick me dit:
"- Si tu es si caline, j'attend la suite avec impatience."
- Ben,..., je sais pas..."
- Allez, quoi, on n'est plus des gamins, et puis on est un couple, non ?"
L'argument porte .... Il n'a pas tort .... On sort ensemble depuis longtemps, on est un vrai couple, maintenant !
"- Oui, ... enfin, non, mais....."
- Tu sais, on n'est pas obligé de rejoindre les autres ce soir, on pourrait en profiter !"
- Je suis pas sûr de pouvoir...."
- Allez, on reste rien que toi et moi!"
- Mais, Dixie et Marylou m'attendent, je vais pas leur poser un lapin!"
- Tu parles, elles sont pas bêtes tes copines, elles comprendront, allez..."
Alors qu'il conduisait avec un oeil sur la route, je sentais bien qu'il me dévisageait d'une manière intense, ce qui n'était pas pour me déplaire.
Je ne dis rien quand il quitte la route en direction de la grange de Malone, le vieux fermier.
Je suis tout à la fois confuse, un peu perdue et déterminée à la fois. Je suis prête, enfin, je pense, mais je ne suis pas sûre....
Toute à mes états d'âmes, je ne remarque pas que la Dutch s'est stoppée à l'orée des bois, masquée par la structure imposante de la vieille grange abandonnée depuis des lustres.
Mick a enlevé sa ceinture de sécurité, et fait sauter la mienne d'un geste leste. Il approche ses lèvres des miennes, et je me laisse faire. Petit à petit, je m'abandonne à lui, jusqu'à ce qu'un bruit me fasse tressaillir. Une sorte de mugissement rauque, comme un camion au loin.
Mais je sens au fond de moi que c'est tout prêt !
Je repousse Mick:
"- Non, non, pas maintenant, écoutes !"
-Mais tu vois bien qu'il n'y a rien... Allez ... Viens dans mes bras."
-Non, je te dis. Il y a quelque chose dehors, j'en suis persuadée."
Mick part d'un rire sonore:
"- Tu vois bien que tu divagues, on est seuls au monde, içi!
Dis plutôt que t'as pas envie que je te prenne dans mes bras, je comprendrais tu sais."
Il m'agace, à être aussi pédant, alors que deux secondes avant, il était tout transit d'amour, qu'il disait!
"- Mick, écoute je te dis !!! Tu l'entends, non ??"
Commençant à s'énerver, Mick sort brutalement de la voiture en criant à tue-tête :
"- OUHOUH, Il y a quelqu'un ???? Montrez vous, infâmes bêtes vicieuses qui venez matter les amoureux !!"
Il ricane encore un bon moment avant de se diriger vers la voiture.
Mick pose ses deux mains sur le toit de la voiture et dit :
"-Bon, blague à part, la lune est pleine ce soir, la campagne a un reflet rouge, c'est vraiment étrange, on dirait du sang!"
-Mick, arrêtes de me dire des bêtises, t'es pas drôle !"
-Allez détends-toi et respire un peu, tu vois bien qu'il n'y a rien, n'ais pas peur."
-Oui, et bien rentre vite dans la voiture, je ne suis pas rassurée"
Il glisse un pied dans l'habitacle, le torse s'engage avant de s'arrêter. La posture est étrange, et le fait qu'elle dure plus de trois secondes m'intrigue :
"Qu'est-ce que tu fais ??? Allez, rentres !!"
Il ne bouge toujours pas, alors je tire sur la poche de son blue-jean.
Son corps semble happé vers l'intérieur de la voiture, et je vois un geyser de sang sortir de son coup. Je reste un moment à me faire arroser avant de me rendre compte que la tête n'est pas accrochée au reste du corp de Mick !
Je hurle durant de longues secondes et m'extrait de la voiture en un rien de temps. Temps relatif à l'horreur qui est mienne, puisque j'ai l'impression que ça dure des heures.
Mon Dieu, qu'est-il arrivé ??
Je mets encore du temps avant de me dire qu'on ne perd pas sa tête comme ça. Je jette un regard apeuré au toit de la voiture et je le vois ...
... Lui ...
... qui me regarde.
Son regard est moitié amusé, moitié curieux, il semble s'amuser de ma détresse, alors que je n'arrive plus à bouger. Il tend vers moi ce qui semble être une patte griffue, tout doucement, comme s'il ne voulait pas m'effrayer. Les griffes de cette patte dégoulinent d'hémoglobine.
Sa bouche se plisse avec un sourire sadique, et ses yeux semblent être avalés par des orbites béantes. Je ressens la tension qui s'exerce peu à peu dans ses membres, comme s'il allait sauter! Je le sens, je peux même vous dire qu'il va le faire maintenant !!!
Je me repasse les choses à faire pour être bien sûre de ne rien avoir oublié, mais , dès que j'entend le klaxon de sa Dutch, c'est plus fort que moi, je sursaute et mes joues s'enfièvrent. Il faut dire que j'ai de bonnes raison de croire qu'on va s'amuser comme jamais.
Il paraît que Lee Howard vient jouer ce soir. Je n'en suis pas toute à fait sûre, mais mes amies Dixie et Marylou m'ont certifié que ça serait le cas.
Mick vient me chercher, je l'entend qui remonte l'allée et sonne à la porte. Petit moment de panique alors que je m'aperçois que j'ai oublier mes bas !! Si maman voyait ça ... déjà qu'elle n'aime pas mon rouge à lèvres carmin !
Je descend l'escalier, embrasse mon père et prend le bras de Mick, qui lance un joyeux "Bonsoir Monsieur Brady" alors que Papa le regarde d'un oeil sévère. Je lui lance un petit regard en biais au passage, pour qu'il comprenne bien que je suis une grande fille maintenant, et qu'à 16 ans, je n'ai pas besoin de lui pour choisir mes fréquentations.
Papa hausse les épaules d'un geste laconique, et semble faire demi-tour pour rentrer dans le salon. Cependant, je sens son regard sur nous quand Mick et moi rentrons dans la voiture.
Un petit peu par esprit de provocation, je pose ma tête sur l'épaule de Mick, qui est un peu surpris de mon geste. Il ricane gentiment en démarrant la Dutch et me dit :
"T'as l'air d'humeur caline toi !"
Je ne répond pas mais lui fait un grand sourire...
Mick et moi sortons ensemble depuis deux mois, et j'adore partir avec lui dans sa voiture. Je me sens libre et partir loin de mes parents, c'est toujours le bonheur. Parfois, Mick se montre un peu entreprenant, mais je n'ai jamais eu de problèmes à lui faire comprendre que ce n'était pas le moment. Et en y repensant, ce serait peut-être bien de .....
A peine commencais-je à y réfléchir que Mick me dit:
"- Si tu es si caline, j'attend la suite avec impatience."
- Ben,..., je sais pas..."
- Allez, quoi, on n'est plus des gamins, et puis on est un couple, non ?"
L'argument porte .... Il n'a pas tort .... On sort ensemble depuis longtemps, on est un vrai couple, maintenant !
"- Oui, ... enfin, non, mais....."
- Tu sais, on n'est pas obligé de rejoindre les autres ce soir, on pourrait en profiter !"
- Je suis pas sûr de pouvoir...."
- Allez, on reste rien que toi et moi!"
- Mais, Dixie et Marylou m'attendent, je vais pas leur poser un lapin!"
- Tu parles, elles sont pas bêtes tes copines, elles comprendront, allez..."
Alors qu'il conduisait avec un oeil sur la route, je sentais bien qu'il me dévisageait d'une manière intense, ce qui n'était pas pour me déplaire.
Je ne dis rien quand il quitte la route en direction de la grange de Malone, le vieux fermier.
Je suis tout à la fois confuse, un peu perdue et déterminée à la fois. Je suis prête, enfin, je pense, mais je ne suis pas sûre....
Toute à mes états d'âmes, je ne remarque pas que la Dutch s'est stoppée à l'orée des bois, masquée par la structure imposante de la vieille grange abandonnée depuis des lustres.
Mick a enlevé sa ceinture de sécurité, et fait sauter la mienne d'un geste leste. Il approche ses lèvres des miennes, et je me laisse faire. Petit à petit, je m'abandonne à lui, jusqu'à ce qu'un bruit me fasse tressaillir. Une sorte de mugissement rauque, comme un camion au loin.
Mais je sens au fond de moi que c'est tout prêt !
Je repousse Mick:
"- Non, non, pas maintenant, écoutes !"
-Mais tu vois bien qu'il n'y a rien... Allez ... Viens dans mes bras."
-Non, je te dis. Il y a quelque chose dehors, j'en suis persuadée."
Mick part d'un rire sonore:
"- Tu vois bien que tu divagues, on est seuls au monde, içi!
Dis plutôt que t'as pas envie que je te prenne dans mes bras, je comprendrais tu sais."
Il m'agace, à être aussi pédant, alors que deux secondes avant, il était tout transit d'amour, qu'il disait!
"- Mick, écoute je te dis !!! Tu l'entends, non ??"
Commençant à s'énerver, Mick sort brutalement de la voiture en criant à tue-tête :
"- OUHOUH, Il y a quelqu'un ???? Montrez vous, infâmes bêtes vicieuses qui venez matter les amoureux !!"
Il ricane encore un bon moment avant de se diriger vers la voiture.
Mick pose ses deux mains sur le toit de la voiture et dit :
"-Bon, blague à part, la lune est pleine ce soir, la campagne a un reflet rouge, c'est vraiment étrange, on dirait du sang!"
-Mick, arrêtes de me dire des bêtises, t'es pas drôle !"
-Allez détends-toi et respire un peu, tu vois bien qu'il n'y a rien, n'ais pas peur."
-Oui, et bien rentre vite dans la voiture, je ne suis pas rassurée"
Il glisse un pied dans l'habitacle, le torse s'engage avant de s'arrêter. La posture est étrange, et le fait qu'elle dure plus de trois secondes m'intrigue :
"Qu'est-ce que tu fais ??? Allez, rentres !!"
Il ne bouge toujours pas, alors je tire sur la poche de son blue-jean.
Son corps semble happé vers l'intérieur de la voiture, et je vois un geyser de sang sortir de son coup. Je reste un moment à me faire arroser avant de me rendre compte que la tête n'est pas accrochée au reste du corp de Mick !
Je hurle durant de longues secondes et m'extrait de la voiture en un rien de temps. Temps relatif à l'horreur qui est mienne, puisque j'ai l'impression que ça dure des heures.
Mon Dieu, qu'est-il arrivé ??
Je mets encore du temps avant de me dire qu'on ne perd pas sa tête comme ça. Je jette un regard apeuré au toit de la voiture et je le vois ...
... Lui ...
... qui me regarde.
Son regard est moitié amusé, moitié curieux, il semble s'amuser de ma détresse, alors que je n'arrive plus à bouger. Il tend vers moi ce qui semble être une patte griffue, tout doucement, comme s'il ne voulait pas m'effrayer. Les griffes de cette patte dégoulinent d'hémoglobine.
Sa bouche se plisse avec un sourire sadique, et ses yeux semblent être avalés par des orbites béantes. Je ressens la tension qui s'exerce peu à peu dans ses membres, comme s'il allait sauter! Je le sens, je peux même vous dire qu'il va le faire maintenant !!!
Dernière édition par le Lun 16 Juil 2007 - 8:19, édité 8 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Date d'inscription : 27/09/2006
Re: Chronique du Crépuscule Blafard
La hache fendit le bois, comme le couteau rentre dans la motte de beurre. Lorsqu'il était plus jeune, Danny avait suivi son père, le regretté John O'Bannion (Dieu ait son âme !), lorsque celui-ci était parti une année entière dans le Klondike, et avait ainsi pu se familiariser avec cet outil. Il n'avait pas son pareil pour fendre un billot d'un seul geste, et certains cadavres de l'Est River en conservaient encore le souvenir en creux "incrusté" dans un coin de leur tête (c'est le cas de le dire!).
Même si ses quarante-huit printemps se rappelaient à son bon souvenir, Danny n'en avait cure. Tout à son ire vengeresse, il ne regardait que la lumière blafarde qui s'échappait de l'ouverture qu'il venait de pratiquer dans cette porte. Pourtant, son odorat n'était pas en reste, et il reconnut également cette odeur pestilentielle qui avait envahit sa rue.
Danny se reprit, il n'avait pas besoin de laisser vagabonder son esprit à ce moment précis de son entrée fracassante.
La porte ne pouvant désormais plus servir qu'à faire un bon feu, Danny la renversa d'un coup de pied. Un "BOOM' sonore se fit entendre, secondé d'un épais nuage de poussière qui s'éleva dans la seconde qui suivit.
Surpris par cet assault de saleté, Danny cligna rapidement des yeux avant de tousser un bon coup. Alors que le rideau de poussière commençait à retomber, ses hommes le suivirent dans le hall qu'il découvrait. "Pour une entrée, ça, c'est de l'entrée !!" dit Moss Flanagan.
Et ces quelques mots suffirent à décrire ce que tout le monde ressentait. On pouvait sentir que ce n'était pas la maison de Mr et Mme Toutlemonde, loin s'en fallait.
Une lueur de convoitise commencait à poindre chez les malandrins qui suivaient Danny. Il savait qu'il pouvait alors compter sur eux pour accomplir les pires bassesses, du moment qu'un peu d'or les rétribuait.
La porte ouvrait directement sur un gigantesque escalier à double hélices, qui montait jusqu'au premier étage, à partir duquel une mézannine s'ouvrait, sur la gauche.
Danny ne perdit pas de temps et monta sur cette mezzanine, au pas de course. D'un coup de pied rageur, il envoya dinguer les volets qui occultaient les fenêtres du couloir du premier étage. La lumière inonda le rez-de-chaussée, et les hommes de Danny commencèrent à ressentir un frisson glacé parcourir leur veines :
Les murs, jusqu'içi d'apparence noir, étaient en fait peints de couleur carmin, mais très foncé. Et à n'en point douter par la teinte noire écaillée qu'on remarquait à certains endroits en s'approchant, il ne devait pas s'agir d'une peinture quelconque. Moss fit courir son doigt sur le mur avant de le retirer d'un geste vif, les yeux révulsés. La teinte du mur avait été effectuée à l'hémoglobine, tout simplement ...
Quels monstres pouvaient bien faire des choses pareils ? Danny ne prit pas le temps de se poser la question et fouilla les lieux de fonds en combles. Les chambres de l'étage véhiculaient un relent acre, qui n'était pas sans rappeler celui des chambres de ses propres bordels, ceux de l'East River.
Cela fit sourire Danny. Après tout, il devait s'agir d'êtres humains, particulièrement dérangés d'accord, mais quand même humains. Ils avaient des pulsions et des envies, comme lui. A peine cette réflexion l'avait effleurée que ses adversaires lui semblèrent d'un coup légèrement moins monstrueux.
En fouillant les chambres, Danny ne découvrit qu'un collier taché de sang, attaché à une croix de St André.
Danny cracha au pied de cet instrument de sadomasochiste, un truc pas chrétien, ça, bon pour les tordus !!
Il détacha le collier du poteau où il était suspendu, d'un geste délicat. Un symbole pendait au bout de ce collier, un signe que Danny n'avait encore jamais vu. Il s'agissait d'une espèce d'étoile à 3 branches, un peu étirée et inégale et repliée sur elle-même, de laquelle ressortait une forme en point d'interrogation. Il empocha machinalement ce maigre butin.
Terminant la visite de l'étage, il entendit un de ses hommes crier. Dévalant quatres à quatres les marches, il courut jusqu'à la cuisine, où Dylan O'Flaherty, le fils du vieux O'Flaherty était assis sur son séant, la bouche ouverte.
Poussé par une faim dévorante, Dylan avait laissé le boss et ses hommes s'occuper de l'étage et avait filé en quatimini à la cuisine. Il avait tourné un long moment avant de trouver la remise où des dizaines de bocaux étaient alignés bien sagement. Au fond de la remise, une chambre froide semblait ne pas avoir eu de visites depuis longtemps. Afin de vérifier que rien de comestible ne s'y trouvait, Dylan avait ouvert la porte, puis avait crié d'effroi :
Des cadavres pendaient en nombre du plafond de la chambre froide. Des enfants, des adolescents, des personnes agées .... Le détail le plus atroce restait le fait qu'ils soient suspendus par un croc de boucher planté sous leurs chevilles. Comme Dylan le faisait avec des demi-cochons, sur les docks...
Devant ce spectacle, Danny ne tarda pas à reprendre ses esprits et le commandement :
"Vous allez vous diviser en deux groupes, je veux que cette baraque soit passée au peigne fin, vous m'entendez ?!"
"Oui, Boss"
C'est alors que Danny repensa à la chaînette qui attendait au fond de sa poche. Il se disait qu'il avait déjà vu ce symbole. Mais où?
Les fouilles se poursuivirent jusque tard dans la nuit, mais sans résultats ...
En quittant les lieux, Danny descendit la rue en observant les échoppes d'un oeil absent.
Comment de telles choses pouvaient avoir eu lieu, ici, dans New-York ?
Pourquoi y-avait-il eu autant de mort, sans que les pouvoirs publics ou la police ne s'en inquiètent ?
Alors qu'il se perdait en conjectures sur l'identité de cette Mme Glasser, une photo attira son oeil.
Il reconnut immédiatement l'amulette qu'il avait déniché, ou tout du moins le symbole, sur une photo de la premiere page du Daily Telegraph, qui revoiyait à une page du journal.
Danny se rua sur l'étal du marchand de journaux et ouvrit le torchon à la page indiquée :
Un large bandeau annoncait " Exposition d'objets de l'Egypte proto-historique , les découvertes de Steve Clarney", suivi d'un article développant le descriptif des découvertes stupéfiantes de ce jeune archéologues (à peine 33 ans). Danny savait désormais où poursuivre son enquête.
Même si ses quarante-huit printemps se rappelaient à son bon souvenir, Danny n'en avait cure. Tout à son ire vengeresse, il ne regardait que la lumière blafarde qui s'échappait de l'ouverture qu'il venait de pratiquer dans cette porte. Pourtant, son odorat n'était pas en reste, et il reconnut également cette odeur pestilentielle qui avait envahit sa rue.
Danny se reprit, il n'avait pas besoin de laisser vagabonder son esprit à ce moment précis de son entrée fracassante.
La porte ne pouvant désormais plus servir qu'à faire un bon feu, Danny la renversa d'un coup de pied. Un "BOOM' sonore se fit entendre, secondé d'un épais nuage de poussière qui s'éleva dans la seconde qui suivit.
Surpris par cet assault de saleté, Danny cligna rapidement des yeux avant de tousser un bon coup. Alors que le rideau de poussière commençait à retomber, ses hommes le suivirent dans le hall qu'il découvrait. "Pour une entrée, ça, c'est de l'entrée !!" dit Moss Flanagan.
Et ces quelques mots suffirent à décrire ce que tout le monde ressentait. On pouvait sentir que ce n'était pas la maison de Mr et Mme Toutlemonde, loin s'en fallait.
Une lueur de convoitise commencait à poindre chez les malandrins qui suivaient Danny. Il savait qu'il pouvait alors compter sur eux pour accomplir les pires bassesses, du moment qu'un peu d'or les rétribuait.
La porte ouvrait directement sur un gigantesque escalier à double hélices, qui montait jusqu'au premier étage, à partir duquel une mézannine s'ouvrait, sur la gauche.
Danny ne perdit pas de temps et monta sur cette mezzanine, au pas de course. D'un coup de pied rageur, il envoya dinguer les volets qui occultaient les fenêtres du couloir du premier étage. La lumière inonda le rez-de-chaussée, et les hommes de Danny commencèrent à ressentir un frisson glacé parcourir leur veines :
Les murs, jusqu'içi d'apparence noir, étaient en fait peints de couleur carmin, mais très foncé. Et à n'en point douter par la teinte noire écaillée qu'on remarquait à certains endroits en s'approchant, il ne devait pas s'agir d'une peinture quelconque. Moss fit courir son doigt sur le mur avant de le retirer d'un geste vif, les yeux révulsés. La teinte du mur avait été effectuée à l'hémoglobine, tout simplement ...
Quels monstres pouvaient bien faire des choses pareils ? Danny ne prit pas le temps de se poser la question et fouilla les lieux de fonds en combles. Les chambres de l'étage véhiculaient un relent acre, qui n'était pas sans rappeler celui des chambres de ses propres bordels, ceux de l'East River.
Cela fit sourire Danny. Après tout, il devait s'agir d'êtres humains, particulièrement dérangés d'accord, mais quand même humains. Ils avaient des pulsions et des envies, comme lui. A peine cette réflexion l'avait effleurée que ses adversaires lui semblèrent d'un coup légèrement moins monstrueux.
En fouillant les chambres, Danny ne découvrit qu'un collier taché de sang, attaché à une croix de St André.
Danny cracha au pied de cet instrument de sadomasochiste, un truc pas chrétien, ça, bon pour les tordus !!
Il détacha le collier du poteau où il était suspendu, d'un geste délicat. Un symbole pendait au bout de ce collier, un signe que Danny n'avait encore jamais vu. Il s'agissait d'une espèce d'étoile à 3 branches, un peu étirée et inégale et repliée sur elle-même, de laquelle ressortait une forme en point d'interrogation. Il empocha machinalement ce maigre butin.
Terminant la visite de l'étage, il entendit un de ses hommes crier. Dévalant quatres à quatres les marches, il courut jusqu'à la cuisine, où Dylan O'Flaherty, le fils du vieux O'Flaherty était assis sur son séant, la bouche ouverte.
Poussé par une faim dévorante, Dylan avait laissé le boss et ses hommes s'occuper de l'étage et avait filé en quatimini à la cuisine. Il avait tourné un long moment avant de trouver la remise où des dizaines de bocaux étaient alignés bien sagement. Au fond de la remise, une chambre froide semblait ne pas avoir eu de visites depuis longtemps. Afin de vérifier que rien de comestible ne s'y trouvait, Dylan avait ouvert la porte, puis avait crié d'effroi :
Des cadavres pendaient en nombre du plafond de la chambre froide. Des enfants, des adolescents, des personnes agées .... Le détail le plus atroce restait le fait qu'ils soient suspendus par un croc de boucher planté sous leurs chevilles. Comme Dylan le faisait avec des demi-cochons, sur les docks...
Devant ce spectacle, Danny ne tarda pas à reprendre ses esprits et le commandement :
"Vous allez vous diviser en deux groupes, je veux que cette baraque soit passée au peigne fin, vous m'entendez ?!"
"Oui, Boss"
C'est alors que Danny repensa à la chaînette qui attendait au fond de sa poche. Il se disait qu'il avait déjà vu ce symbole. Mais où?
Les fouilles se poursuivirent jusque tard dans la nuit, mais sans résultats ...
En quittant les lieux, Danny descendit la rue en observant les échoppes d'un oeil absent.
Comment de telles choses pouvaient avoir eu lieu, ici, dans New-York ?
Pourquoi y-avait-il eu autant de mort, sans que les pouvoirs publics ou la police ne s'en inquiètent ?
Alors qu'il se perdait en conjectures sur l'identité de cette Mme Glasser, une photo attira son oeil.
Il reconnut immédiatement l'amulette qu'il avait déniché, ou tout du moins le symbole, sur une photo de la premiere page du Daily Telegraph, qui revoiyait à une page du journal.
Danny se rua sur l'étal du marchand de journaux et ouvrit le torchon à la page indiquée :
Un large bandeau annoncait " Exposition d'objets de l'Egypte proto-historique , les découvertes de Steve Clarney", suivi d'un article développant le descriptif des découvertes stupéfiantes de ce jeune archéologues (à peine 33 ans). Danny savait désormais où poursuivre son enquête.
Dernière édition par le Mar 10 Juil 2007 - 10:00, édité 1 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Je cours...
Je cours aussi vite que mes jambes peuvent me porter .....
Encore .... Encore .... Ne penser à rien .... Juste courir.....
Mon corps n'est plus rien qu'un projectile lancé à travers les sous-bois, une flèche se dirigeant à perte de vitesse vers l'obscurité touffu des premiers arbres qui essaiment la lisière de la forêt. Mon souffle ressemble de plus en plus à celui d'une machine à vapeur, j'en viendrai presque à croire que la terreur qui est la mienne me fait avancer comme jamais.
Il est derrière moi, je le sens qui se rapproche ...
Cette pensée me fait accélérer au limite du possible, mais je sens un coup de poing brutal au niveau de mon foie... Non,pas ça, pas maintenant, ... un point-de-coté.... Pas moyen de continuer à ce rythme, je ne pourrai pas tenir!!! L'angoisse m'envahit, je voudrai hurler mais je ne peux pas!
Sa présence se fait de plus en plus pressante, je sens presque son souffle sur mon dos. Mon échine se recouvre d'une sueur froide, et mon esprit se brouille : Il ne faut pas arrêter, pas maintenant, pas encore ...Juste devant ce bois, que je pourrais presque toucher du doigt....
Non,...Non ......NNNOOONNNNNN !!!
Il est là, il s'approche .....
ARGHGHGH
Je cours aussi vite que mes jambes peuvent me porter .....
Encore .... Encore .... Ne penser à rien .... Juste courir.....
Mon corps n'est plus rien qu'un projectile lancé à travers les sous-bois, une flèche se dirigeant à perte de vitesse vers l'obscurité touffu des premiers arbres qui essaiment la lisière de la forêt. Mon souffle ressemble de plus en plus à celui d'une machine à vapeur, j'en viendrai presque à croire que la terreur qui est la mienne me fait avancer comme jamais.
Il est derrière moi, je le sens qui se rapproche ...
Cette pensée me fait accélérer au limite du possible, mais je sens un coup de poing brutal au niveau de mon foie... Non,pas ça, pas maintenant, ... un point-de-coté.... Pas moyen de continuer à ce rythme, je ne pourrai pas tenir!!! L'angoisse m'envahit, je voudrai hurler mais je ne peux pas!
Sa présence se fait de plus en plus pressante, je sens presque son souffle sur mon dos. Mon échine se recouvre d'une sueur froide, et mon esprit se brouille : Il ne faut pas arrêter, pas maintenant, pas encore ...Juste devant ce bois, que je pourrais presque toucher du doigt....
Non,...Non ......NNNOOONNNNNN !!!
Il est là, il s'approche .....
ARGHGHGH
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Danny ne pouvait pas se tromper, il aurait parié la vie de sa descendance, lui qui n'avait jamais posé ses fesses sur les tabourets d'une table de jeu.
Il le sentait au plus profond de son être, il était sur une piste.
Cette amulette, les horreurs de cette Maison Glasser, l'effroi que lui avait procuré la vision de ses adversaires s'en prenant aux siens, tout semblait s'imbriquer autour d'une même idée : Il y avait quelque chose de pas normal qui se tramait en ville.
Même si le trajet en cab' lui parut interminable, il remercia Joe Simalena, qui partit sans demander le montant de sa course. Danny sourit, pensant qu'il y avait encore quelques petits avantages à être dans sa situation. Mais son sourire s'effaça à mesure qu'il grimpait les marches qui le menaient au musée d'histoire de la ville.
Une gigantesque affiche présentait une statue de ce qui semblait être de l'ébène, à l'image d'une sorte de pieuvre surmontant un corps hirsute. A bien y regarder, on voyait que la pieuvre n'était ni plus ni moins que la tête de ce personnage... Danny eu une mimique de dégoût : Ces artistes, tous des abrutis ou des dérangés du cerveau... Ca ne valait pas une belle Madone, ou une fresque de Michaelangelo...
Tout à ces considérations artistiques, Danny s'approcha du guichet , qui siègeait dans un hall immense, décoré de masques anciens qui semblaient provenir de diverses époques et civilisations.
La réceptionniste lui adressa un sourire sans chaleur:
- " Vous souhaitez visiter ?"
- " Non, M'dame, je voudrais voir Mr Clarney", dit O'Bannion de son air le plus posé
-" Oui, puis-je connaître la raison de votre visite ?"
-" Je viens pour affaire."
-" Qui dois-je annoncer ?"
-" Danny O'....Riordan, se rattrapa-t-il in extremis.
-"Bien Mr O'Riordan, je vous demanderai de patienter un instant, s'il vous plaît."
-"Mais faites, chère Madame....", minauda Danny.
A peine partie, Danny se retourna pour voir les affiches de l'exposition et ramassa quelques prospectus sur le guichet devant lui, parmi lesquels un prospectus présentait l'exposition en cours :
Selon le dépliant, ce Steve Clarney avait passé les dix dernière années en Egypte, et était revenu avec une malle pleine de joyaux d'art proto-historique, et la caboche complètement félée. Il avait fallu trois mois de maisons de repos pour que l'archéologues puisse à nouveau parler un language civilisé!! Il avait ainsi pu présenter au monde l'origine de ces statues qu'il avait ramenées au péril de sa vie.
"Ces statues devraient valoir leur pesant de cacahuètes", pensa le malfrat, victime de ce qu'on pourrait qualifier de déformation professionnelle.
Mais il n'eut pas davantage le loisir de penser à ce qui pourrait devenir une source de profit, que déjà l'hôtesse revenait avec un jeune homme en veste de cuir sur ses talons. Aux vues de sa trombine sur le journal, ça devait être Steve Clarney !!
Il le sentait au plus profond de son être, il était sur une piste.
Cette amulette, les horreurs de cette Maison Glasser, l'effroi que lui avait procuré la vision de ses adversaires s'en prenant aux siens, tout semblait s'imbriquer autour d'une même idée : Il y avait quelque chose de pas normal qui se tramait en ville.
Même si le trajet en cab' lui parut interminable, il remercia Joe Simalena, qui partit sans demander le montant de sa course. Danny sourit, pensant qu'il y avait encore quelques petits avantages à être dans sa situation. Mais son sourire s'effaça à mesure qu'il grimpait les marches qui le menaient au musée d'histoire de la ville.
Une gigantesque affiche présentait une statue de ce qui semblait être de l'ébène, à l'image d'une sorte de pieuvre surmontant un corps hirsute. A bien y regarder, on voyait que la pieuvre n'était ni plus ni moins que la tête de ce personnage... Danny eu une mimique de dégoût : Ces artistes, tous des abrutis ou des dérangés du cerveau... Ca ne valait pas une belle Madone, ou une fresque de Michaelangelo...
Tout à ces considérations artistiques, Danny s'approcha du guichet , qui siègeait dans un hall immense, décoré de masques anciens qui semblaient provenir de diverses époques et civilisations.
La réceptionniste lui adressa un sourire sans chaleur:
- " Vous souhaitez visiter ?"
- " Non, M'dame, je voudrais voir Mr Clarney", dit O'Bannion de son air le plus posé
-" Oui, puis-je connaître la raison de votre visite ?"
-" Je viens pour affaire."
-" Qui dois-je annoncer ?"
-" Danny O'....Riordan, se rattrapa-t-il in extremis.
-"Bien Mr O'Riordan, je vous demanderai de patienter un instant, s'il vous plaît."
-"Mais faites, chère Madame....", minauda Danny.
A peine partie, Danny se retourna pour voir les affiches de l'exposition et ramassa quelques prospectus sur le guichet devant lui, parmi lesquels un prospectus présentait l'exposition en cours :
Selon le dépliant, ce Steve Clarney avait passé les dix dernière années en Egypte, et était revenu avec une malle pleine de joyaux d'art proto-historique, et la caboche complètement félée. Il avait fallu trois mois de maisons de repos pour que l'archéologues puisse à nouveau parler un language civilisé!! Il avait ainsi pu présenter au monde l'origine de ces statues qu'il avait ramenées au péril de sa vie.
"Ces statues devraient valoir leur pesant de cacahuètes", pensa le malfrat, victime de ce qu'on pourrait qualifier de déformation professionnelle.
Mais il n'eut pas davantage le loisir de penser à ce qui pourrait devenir une source de profit, que déjà l'hôtesse revenait avec un jeune homme en veste de cuir sur ses talons. Aux vues de sa trombine sur le journal, ça devait être Steve Clarney !!
Dernière édition par le Lun 16 Juil 2007 - 8:22, édité 1 fois
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
La nuit commençait peu à peu à lever son voile obscur lorsque les Brady se réveillèrent de concert. Cela faisait bien 6 ans qu'ils se levaient ensemble, dès potron-minet. Ils faisaient leur toilette et vaquaient à leur petites occupations quotidiennes, comme toujours, chacun de leur côté: Mme Brady préparaient le petit déjeuner alors que Jack allait chercher le journal sur le pas de sa porte. Il en profitait pour ouvrir l'arrosage automatique, soucieux qu'il était de l'entretien de sa pelouse.
Comme toujours, il récupérait la bouteille de lait pleine sur le pas de sa porte, afin que Daisy Lou puisse prendre son chocolat au lait ce matin.
Alors qu'il pensait à sa fille, il se dit qu'il serait peut-être temps de la réveiller: Elle est sortie la veille et Jack n'aime pas trop qu'elle se serve de ce prétexte pour ne pas remplir ses obligations familliales, à savoir sa part des tâches ménagères. Elle doit nourrir Skip, son chien, et doit aussi ranger la poubelle que les éboueurs ont laissé vide la veille. On est déjà dimanche, mais Jack n'est pas de ceux qui considèrent qu'il s'agit d'un jour où la plus totale fainéantise est acceptée.
Il prévient sa femme et file à l'étage taper à la porte de sa fille :
"Daisy Lou, il est l'heure !! Allez Debout !!! Je sais que tu ne dors plus !! Allez.."
Excédée par le manque de réponse qu'il obtient, Jack décide de faire irruption dans la chambre de sa fille, même s'il sait que ça lui vaudra encore des réflexions sur le manque d'intimité de Daisy Lou, sur son souhait d'etre considérée comme une adulte au sein de cette famille totalitaire !!
Ce qu'elle peut l'énerver avec ce genre de réflexions!!
Alors que Jack pensait entendre un cri de vierge éffarouchée, il fut quelque peu surpris du silence pesant qui accompagnait son entrée dans la pièce vide. Pas de Daisy Lou içi! Il fila vers la salle de bain, mais la porte de celle-ci était ouverte, et ne recelait apparemment pas l'ombre d'une occupante.
Il descendit voir sa femme, l'air penaud :
"Je crois que notre Daisy Lou a découché, hier soir..."
"QUOI, tu es sûr ??"
"Je viens de la chercher dans toute la maison, mais, à moins qu'elle ne se soit levée avant nous, elle a belle et bien découché"
Mme BRADY n'en croyait pa ses oreilles. Son bébé, découcher !!
Elle savait bien au fond d'elle qu'il lui faudrait un jour affronter le passage à l'âge adulte de sa fille, mais elle ne pensait pas que cela arriverait aussi vite. Elle revécu un court instant les souvenirs de pouponnage de sa petite, ces instants où sa maman était tout pour elle. Une petite larme perla un bref instant au bord de sa joue, avant d'être rapidement essuyée d'un revers de la main.Après tout, c'était ça, la vie, un court séjour dans l'enfance avant de devenir une adulte et de voler de ses propres ailes !!
Pour ce qui était de Jack, celui-ci était à coup sur beaucoup plus marqué par l'absence de sa fille. Comment ce petit roquet de Mick Levin pouvait-il se croire permis de ne pas ramener sa fille à des heures décentes ? Que lui avait-il fait, ce petit salopard ?? A l'idée que sa fille ait eu la possibilité de coucher avec ce petit fumier, le sang de Jack ne fit qu'un tour. Il appela Sam Levin, le père de ce petit con, et lui demanda où était son fils. Sam ne sut que lui répondre, si ce n'était qu'il n'était pas rentré de la nuit, et qu'ils avaient dû dormir quelque part, mais qu'il ne sait pas où. Sam essaya de calmer Jack en relativisant:
"Tu sais, ce n'est pas si grave, nous aussi on est passé par là."
"Rien à foutre, tu m'appelles dès que ton gamin rentre, vu ??"
"Ok, Ok te fâches pas, Jack. Détends-toi un brin."
"Salut", dit Jack en raccrochant brutalement.
Puis la matinée se déroula lentement, comme si le temps prenait un malin plaisir à faire poireauter Jack. Sa fille ne rentrait toujours pas. Il n'arrêtait pas de les imaginer tous les deux, en train de se foutre de sa gueule et de son coté trop paternaliste.
Reste qu'il n'en pouvait plus d'attendre ...
il se décida à appeler son ami Murgison, au poste, afin de savoir :
"Ouais, Murg, c'est Jack"
"Salut Jacky, ça va ?"
"Pas trop, non, j'ai une petite question à te poser.."
"Quel genre de question ?"
"Le genre : T'aurais pas vu ma fille et un petit gars dans ta cellule de dégrisement ?"
"Ah ! Bah non, j'ai rien vu, tu veux que je te rappelle si j'ai des nouvelles ?
"Oui, ca serait gentil, merçi"
Jack raccrocha et se sentit quelque peu soulagé. Les petits gars du poste étaient sur le coup, ils lui diraient certainement où se planquaient sa fille et Mick.
Deux heures plus tard, midi sonnait à l'horloge du salon lorsque jack reconnut la Buick de son chef de service, qui descendait la rue. Il fut surpris de la voir loin du parking du commisariat, vu que le chef quittait rarement son bureau. Tout à ses considérations, Jack fut surpris de voir la voiture s'arrêter sur son perron :
Son boss, le commandant Pick en descendit péniblement, contraint par la masse de son quintal, qui avait tendance à faire toucher ses boutons de jaquette et son double-menton. Son allure comique de poussah lui avait valu le petit surnom amical de "Piggy", mais il était bien le dernier à ne pas le savoir !!
Quant bien même il l'aurait su, ce petit surnom collait tellement avec son aspect extérieur qu'il n'aurait pas réussi à le faire oublier à ses collaborateurs.
Loin de ces considérations, Jack ne comprenait pas ce que son chef venait faire içi. Il ne se déplacait qu'en cas de force majeure ou de problèmes.
"Salut Jack"
"Salut chef, quoi de neuf ?"
"Je viens te voir parceque j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer..."
Avant même que le chef ne commence à articuler, Jack comprit : il était arrivé quelque chose à sa fille !!
"... Ta fille, on l'a retrouvée..."
"Où est-elle ??? Que lui est-il arrivé??? Je veux la voir de suite !
"Je crois que ça va pas être possible Jack, ta fille est morte..."
"QUOI ?!"
"On l'a retrouvée tout à l'heure, près de la vieille grange, au nord de Smuth Hill."
"Non, ce n'est pas possible, c'est pas vrai.."
"Je suis désolé"
C'est alors que Mme Brady sortit en hurlant à plein poumons, après avoir tout entendu au travers de la persienne:
"Où est mon bébé ??"
"Mme Brady !!"
"NNNNOOOOOONNNN" hurla-t-elle en s'écroulant au pied de l'adjoint de Piggy
Mais son mari ne l'entendait déjà plus, un voile noir descendant sur ses yeux, deux seuls mots s'échappèrent de sa bouche, laconiquement prononcés : "Daisy Lou".
Ce soupir, semblable à un adieu, glissa hors de ses lèvres, comme si son corps expulsait lentement toute la joie de vivre qui avait été la sienne. Son amour pour sa fille, et sa plus grande raison de vivre s'échappait de ses poumons, en trois syllabes.
Puis vint le silence, un mutisme prolongé qui s'empara de Jack. Lui qui n'avait jamais été bavard, il sentit que ses lèvres devenaient de plomb, que sa langue s'enflait au point de ne plus pouvoir bouger. Ses oreilles percevaient par contre de façon accrue tous les bruits et les rires des repas dominicals des familles voisines, recouverts par les hoquets sonores du désepoir de sa femme.
Tous ces bruits lui vrillaient la tête, et l'emplissaient d'un indescriptible malaise, comme s'il était plongé à tout jamais dans les affres de ce supllice sans nom. Son ouïe exacerbée l'empechaît de se tenir droit, la tête lui tournait et il sentit ses genoux plier sous lui.
Piggy se pencha sur lui, puis déposa sa main sur l'épaule de Jack, en signe de soutien :
"T'inquiètes pas, Jack, on va lui faire la peau, au salopard qui lui a fait ça!"
Mais déjà Jack ne comprenait plus le torrent de paroles qui se déversait dans ses oreilles. Tout à son mutisme et à son hypersensibilité auditive, il tituba jusqu'à son salon, où il s'assit sur un fauteuil du salon. Il ne se retourna même pas quand la voiture de Piggy quitta son allée.
Comme toujours, il récupérait la bouteille de lait pleine sur le pas de sa porte, afin que Daisy Lou puisse prendre son chocolat au lait ce matin.
Alors qu'il pensait à sa fille, il se dit qu'il serait peut-être temps de la réveiller: Elle est sortie la veille et Jack n'aime pas trop qu'elle se serve de ce prétexte pour ne pas remplir ses obligations familliales, à savoir sa part des tâches ménagères. Elle doit nourrir Skip, son chien, et doit aussi ranger la poubelle que les éboueurs ont laissé vide la veille. On est déjà dimanche, mais Jack n'est pas de ceux qui considèrent qu'il s'agit d'un jour où la plus totale fainéantise est acceptée.
Il prévient sa femme et file à l'étage taper à la porte de sa fille :
"Daisy Lou, il est l'heure !! Allez Debout !!! Je sais que tu ne dors plus !! Allez.."
Excédée par le manque de réponse qu'il obtient, Jack décide de faire irruption dans la chambre de sa fille, même s'il sait que ça lui vaudra encore des réflexions sur le manque d'intimité de Daisy Lou, sur son souhait d'etre considérée comme une adulte au sein de cette famille totalitaire !!
Ce qu'elle peut l'énerver avec ce genre de réflexions!!
Alors que Jack pensait entendre un cri de vierge éffarouchée, il fut quelque peu surpris du silence pesant qui accompagnait son entrée dans la pièce vide. Pas de Daisy Lou içi! Il fila vers la salle de bain, mais la porte de celle-ci était ouverte, et ne recelait apparemment pas l'ombre d'une occupante.
Il descendit voir sa femme, l'air penaud :
"Je crois que notre Daisy Lou a découché, hier soir..."
"QUOI, tu es sûr ??"
"Je viens de la chercher dans toute la maison, mais, à moins qu'elle ne se soit levée avant nous, elle a belle et bien découché"
Mme BRADY n'en croyait pa ses oreilles. Son bébé, découcher !!
Elle savait bien au fond d'elle qu'il lui faudrait un jour affronter le passage à l'âge adulte de sa fille, mais elle ne pensait pas que cela arriverait aussi vite. Elle revécu un court instant les souvenirs de pouponnage de sa petite, ces instants où sa maman était tout pour elle. Une petite larme perla un bref instant au bord de sa joue, avant d'être rapidement essuyée d'un revers de la main.Après tout, c'était ça, la vie, un court séjour dans l'enfance avant de devenir une adulte et de voler de ses propres ailes !!
Pour ce qui était de Jack, celui-ci était à coup sur beaucoup plus marqué par l'absence de sa fille. Comment ce petit roquet de Mick Levin pouvait-il se croire permis de ne pas ramener sa fille à des heures décentes ? Que lui avait-il fait, ce petit salopard ?? A l'idée que sa fille ait eu la possibilité de coucher avec ce petit fumier, le sang de Jack ne fit qu'un tour. Il appela Sam Levin, le père de ce petit con, et lui demanda où était son fils. Sam ne sut que lui répondre, si ce n'était qu'il n'était pas rentré de la nuit, et qu'ils avaient dû dormir quelque part, mais qu'il ne sait pas où. Sam essaya de calmer Jack en relativisant:
"Tu sais, ce n'est pas si grave, nous aussi on est passé par là."
"Rien à foutre, tu m'appelles dès que ton gamin rentre, vu ??"
"Ok, Ok te fâches pas, Jack. Détends-toi un brin."
"Salut", dit Jack en raccrochant brutalement.
Puis la matinée se déroula lentement, comme si le temps prenait un malin plaisir à faire poireauter Jack. Sa fille ne rentrait toujours pas. Il n'arrêtait pas de les imaginer tous les deux, en train de se foutre de sa gueule et de son coté trop paternaliste.
Reste qu'il n'en pouvait plus d'attendre ...
il se décida à appeler son ami Murgison, au poste, afin de savoir :
"Ouais, Murg, c'est Jack"
"Salut Jacky, ça va ?"
"Pas trop, non, j'ai une petite question à te poser.."
"Quel genre de question ?"
"Le genre : T'aurais pas vu ma fille et un petit gars dans ta cellule de dégrisement ?"
"Ah ! Bah non, j'ai rien vu, tu veux que je te rappelle si j'ai des nouvelles ?
"Oui, ca serait gentil, merçi"
Jack raccrocha et se sentit quelque peu soulagé. Les petits gars du poste étaient sur le coup, ils lui diraient certainement où se planquaient sa fille et Mick.
Deux heures plus tard, midi sonnait à l'horloge du salon lorsque jack reconnut la Buick de son chef de service, qui descendait la rue. Il fut surpris de la voir loin du parking du commisariat, vu que le chef quittait rarement son bureau. Tout à ses considérations, Jack fut surpris de voir la voiture s'arrêter sur son perron :
Son boss, le commandant Pick en descendit péniblement, contraint par la masse de son quintal, qui avait tendance à faire toucher ses boutons de jaquette et son double-menton. Son allure comique de poussah lui avait valu le petit surnom amical de "Piggy", mais il était bien le dernier à ne pas le savoir !!
Quant bien même il l'aurait su, ce petit surnom collait tellement avec son aspect extérieur qu'il n'aurait pas réussi à le faire oublier à ses collaborateurs.
Loin de ces considérations, Jack ne comprenait pas ce que son chef venait faire içi. Il ne se déplacait qu'en cas de force majeure ou de problèmes.
"Salut Jack"
"Salut chef, quoi de neuf ?"
"Je viens te voir parceque j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer..."
Avant même que le chef ne commence à articuler, Jack comprit : il était arrivé quelque chose à sa fille !!
"... Ta fille, on l'a retrouvée..."
"Où est-elle ??? Que lui est-il arrivé??? Je veux la voir de suite !
"Je crois que ça va pas être possible Jack, ta fille est morte..."
"QUOI ?!"
"On l'a retrouvée tout à l'heure, près de la vieille grange, au nord de Smuth Hill."
"Non, ce n'est pas possible, c'est pas vrai.."
"Je suis désolé"
C'est alors que Mme Brady sortit en hurlant à plein poumons, après avoir tout entendu au travers de la persienne:
"Où est mon bébé ??"
"Mme Brady !!"
"NNNNOOOOOONNNN" hurla-t-elle en s'écroulant au pied de l'adjoint de Piggy
Mais son mari ne l'entendait déjà plus, un voile noir descendant sur ses yeux, deux seuls mots s'échappèrent de sa bouche, laconiquement prononcés : "Daisy Lou".
Ce soupir, semblable à un adieu, glissa hors de ses lèvres, comme si son corps expulsait lentement toute la joie de vivre qui avait été la sienne. Son amour pour sa fille, et sa plus grande raison de vivre s'échappait de ses poumons, en trois syllabes.
Puis vint le silence, un mutisme prolongé qui s'empara de Jack. Lui qui n'avait jamais été bavard, il sentit que ses lèvres devenaient de plomb, que sa langue s'enflait au point de ne plus pouvoir bouger. Ses oreilles percevaient par contre de façon accrue tous les bruits et les rires des repas dominicals des familles voisines, recouverts par les hoquets sonores du désepoir de sa femme.
Tous ces bruits lui vrillaient la tête, et l'emplissaient d'un indescriptible malaise, comme s'il était plongé à tout jamais dans les affres de ce supllice sans nom. Son ouïe exacerbée l'empechaît de se tenir droit, la tête lui tournait et il sentit ses genoux plier sous lui.
Piggy se pencha sur lui, puis déposa sa main sur l'épaule de Jack, en signe de soutien :
"T'inquiètes pas, Jack, on va lui faire la peau, au salopard qui lui a fait ça!"
Mais déjà Jack ne comprenait plus le torrent de paroles qui se déversait dans ses oreilles. Tout à son mutisme et à son hypersensibilité auditive, il tituba jusqu'à son salon, où il s'assit sur un fauteuil du salon. Il ne se retourna même pas quand la voiture de Piggy quitta son allée.
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
L'explorateur tendit la main à Danny:
"Steve Clarney, à qui ai-je l'honneur ??"
" Danny O'Riordan, mentit effrontément O'Bannion, puis-je vous entretenir un instant, Monsieur Clarney ?"
" Bien sûr, du moment que je puisse être de retour dans une heure, pour fixer la statue d'Aménophys II sur son socle" sourit l'explorateur d'un air entendu.
Ils s'isolèrent un court instant, le temps pour Danny de commencer son récit. De fines poussières s'élevaient dans la clarté de cette fin d'après-midi, et voletaient deça, delà, devant les visages de nos deux aventuriers.
Une petite demi-heure vit s'égrener ses secondes, dans la lenteur pesante de l'atmosphère froide du musée, alors que Danny racontait une version édulcorée et non compromettante des faits.
Tout d'abord, Steve écouta d'une oreille distraite le récit de celui qui lui semblait être un émigré au language abrupt et manquant de civilité. Puis quelques éléments, qu'il récoltait au fur et à mesure de ce récit, lui permirent d'effectuer des rapprochements avec les évènements parus il y a peu dans la presse.
Il ne manqua cependant pas de s'étrangler lorsque, arrivé à la fin de son histoire, Danny sortit de sa poche intérieure la chainette au bout de laquelle pendait l'amulette, source de sa curiosité.
L'air sembla manquer un court instant à l'archéologue, qui se reprit cependant devant son interlocuteur, tout en considérant celui-ci d'un oeil davantage critique. Steve commencait à se demander comment une telle piece avait pu aboutir dans les mains de ce bouseux. N'y tenant plus, il demanda à Danny de lui décrire précisement l'endroit où il avait trouvé cette chainette.
"Dans un hôtel abandonné, si je me souviens bien", dit Danny d'un air évasif.
Il commencait à sentir au fond de lui l'intérêt que Steve portait à ce vulgaire collier, et, il n'oubliait pas que tout ce qui pouvait intéressé quelqu'un se monnayait. Pourtant, il était venu dans ce musée poussiéreux de son propre chef, dans le but d'obtenir des réponses...
Il remit la chainette dans sa poche, avant que Steve ne lui demanda de la lui prêter, chose qu'il ne manqua pas de faire, afin de l'exposer disait-il; Ce à quoi Danny lui répondit par la négative. Il n'était pas encore venu; le jour où un O'Bannion prêtrait un objet de valeur à un inconnu, à moins qu'il ne s'agisse d'un dépôt en gage !!!
Steve insista tant que Danny se rendit bien compte qu'il faudrait bien procéder à ce "dépôt forcé" avant de pouvoir en apprendre davantage sur les gens qui portaient ce pendentif avant qu'il ne finisse dans sa poche.
"Bon, jouons franc-jeu, Clarney ! Je veux bien vous la laisser, mais il va falloir m'expliquer qui sont ces gens qui portent cette croix bizarre.
- Cela va sans dire, si vous m'en dites un peu plus, ...
- OK, bon, j'ai découvert l'hôtel où j'ai trouvé cette espèce d'amulette en faisant suivre ceux qui s'en sont pris à de sympathiques irlandais de ma rue.
- Vous faites souvent suivre des gens, vous ?
- Oh, ca dépend, vous savez, des fois .....
- Bon, ne m'en dites pas plus, ... , Et où l'avait vous trouvé précisement ?
- Dans une chambre, dans un étage tout taché de sang. C'était pas très propre, si vous voyez ce que je veux dire.
- J'imagine bien, d'autant plus que vous avez sans doute fait irruption sans le savoir dans un sanctuaire d'une des plus ancienne religion que porte notre monde, à savoir celle du Signe Jaune.
- Quoi, vous voulez dire que cet hôtel est un cimetierre d'Indiens ?
- Non, non, j'essaye juste de vous expliquer qu'il s'agit d'une pièce cérémoniale d'un culte très ancien, qui ne vénérait ni Dieu ni Diable..."
A l'évocation de ces choses, Danny, en bon catholique, se signa trois fois avant de demander à Steve de s'expliquer.
" - En fait, cette religion repose sur la croyance qu'une entité maléfique, appelée le Roi en Jaune, offre à ses fidèles le moyen de voir quelle est vraiment la réalité de notre monde. Cette religion se base sur l'usage de psychotrope pour atteindre un état de transe, pendant lequel les intiés subissent les pires tortures imaginables. Régréssant rapidement au rang d'animaux, ils perdent l'esprit en subissant la vision répétée d'horreurs sans noms. Tout au long de leur initiation au mystère du Signe Jaune, ils doivent porter cette amulette, qui symbolise pour eux le catalyseur de leur éveil mental...
- Le cata ... quoi ?? demanda Danny, qui n'ouvrait comme seul livre que son feuillet de compte.
- L'élément qui les fait basculer dans la folie, le déclencheur en somme.
- Un peu comme une bombe ?
- Si vous voulez, oui... Reste que cette amulette n'a jamais quitté le sein de cette religion, et je ne m'imagine pas que vous ayez été initié ... Vos yeux ne semblent pas refléter ..." Steve s'arrêta, songeur, avant de quitter un bref instant Danny des yeux.
"- Toutefois, il vous faudra bien comprendre que cette amulette ne protège d'aucune force, voire qu'elle vous marque au sceau de l'ignoble, vous désignant aux forces de la nuit comme celui qui leur résiste. Non initié, vous êtes une insulte vivante à leur dieu."
Danny eut une petite coulée de sueur le long de son épine dorsale, qui fit se répandre en lui un profond sentiment de malaise à parler de ce genre de chose. Il se dit que le boniment de l'archéologue avait trouvé le pigeon idéal, qu'il ne devrait pas réagir de la sorte, mais c'était plus fort que lui :
"- Bon, dans ce cas, vous allez la garder, cette amulette. Moi, je suis juste venu pour trouver la trace de ceux qui s'en sont pris aux miens!
- Pour cela, cher monsieur O'Riordan, il va vous falloir arpenter les cimetieres ou les caveaux de familles, en attendant que celle qui guide la troupe des désaxés décide de venir chercher ce qui lui appartient.
- Vous avez dit celle ??
- Oui, c'est d'ailleurs une des seules choses que je sais sur cette croyance : selon les indiens Navajos d'Amérique du Sud et les Kitanayema d'Amazonie, la troupe de ceux dont l'esprit s'en est allé est guidé par la prêtresse de Celui dont on ne dit pas le Nom.
Ce guide est souvent représenté comme une haute instance de la vie des dirigeants de ce monde, qui évolue dans les sphères du pouvoir. Cette même femme vit depuis des siècles et organise l'arrivée de Celui dont le nom est Tabou.
- Et si je vous dit Glasser, ça vous évoque quoi ?? demanda Danny à brûle-pourpoint
- Glasser, Victoria Glasser ?? s'étouffa Clarney
- Oui, il me semble...
- Je serai vous, je ne porterai pas de jugement aussi farfelu. Pour l'avoir cotoyé plusieurs fois, elle est tout ce qu'il y a de normal, voire de banale, si ce n'était son incroyable beauté, s'esclaffa l'archéologue.
- Vous la connaissez donc ?
- Pas plus que ce que je viens de vous dire, même si j'eusse aimé que ce fut le cas.
- Sauriez-vous où la trouver ?
- La nuit tombant dans quelques heures, il me semble qu'elle a ses petites habitudes apéritives du coté du Savoy Hotel. Mais je vous répète que vous devez vous tromper, Mr O'Riordan..."
Alors que Steve essayait de faire comprendre à Danny que faire le rapprochement entre ce culte innombale et la douce Victoria relevait du blasphème, Danny décida de prendre les devants et prit congé du chercheur, en lui expliquant qu'il repasserait le lendemain pour signer les papiers nécessaires au dépôt de l'amulette aux fonds du musée.
Mais pour l'instant, il avait mieux à faire...
"Steve Clarney, à qui ai-je l'honneur ??"
" Danny O'Riordan, mentit effrontément O'Bannion, puis-je vous entretenir un instant, Monsieur Clarney ?"
" Bien sûr, du moment que je puisse être de retour dans une heure, pour fixer la statue d'Aménophys II sur son socle" sourit l'explorateur d'un air entendu.
Ils s'isolèrent un court instant, le temps pour Danny de commencer son récit. De fines poussières s'élevaient dans la clarté de cette fin d'après-midi, et voletaient deça, delà, devant les visages de nos deux aventuriers.
Une petite demi-heure vit s'égrener ses secondes, dans la lenteur pesante de l'atmosphère froide du musée, alors que Danny racontait une version édulcorée et non compromettante des faits.
Tout d'abord, Steve écouta d'une oreille distraite le récit de celui qui lui semblait être un émigré au language abrupt et manquant de civilité. Puis quelques éléments, qu'il récoltait au fur et à mesure de ce récit, lui permirent d'effectuer des rapprochements avec les évènements parus il y a peu dans la presse.
Il ne manqua cependant pas de s'étrangler lorsque, arrivé à la fin de son histoire, Danny sortit de sa poche intérieure la chainette au bout de laquelle pendait l'amulette, source de sa curiosité.
L'air sembla manquer un court instant à l'archéologue, qui se reprit cependant devant son interlocuteur, tout en considérant celui-ci d'un oeil davantage critique. Steve commencait à se demander comment une telle piece avait pu aboutir dans les mains de ce bouseux. N'y tenant plus, il demanda à Danny de lui décrire précisement l'endroit où il avait trouvé cette chainette.
"Dans un hôtel abandonné, si je me souviens bien", dit Danny d'un air évasif.
Il commencait à sentir au fond de lui l'intérêt que Steve portait à ce vulgaire collier, et, il n'oubliait pas que tout ce qui pouvait intéressé quelqu'un se monnayait. Pourtant, il était venu dans ce musée poussiéreux de son propre chef, dans le but d'obtenir des réponses...
Il remit la chainette dans sa poche, avant que Steve ne lui demanda de la lui prêter, chose qu'il ne manqua pas de faire, afin de l'exposer disait-il; Ce à quoi Danny lui répondit par la négative. Il n'était pas encore venu; le jour où un O'Bannion prêtrait un objet de valeur à un inconnu, à moins qu'il ne s'agisse d'un dépôt en gage !!!
Steve insista tant que Danny se rendit bien compte qu'il faudrait bien procéder à ce "dépôt forcé" avant de pouvoir en apprendre davantage sur les gens qui portaient ce pendentif avant qu'il ne finisse dans sa poche.
"Bon, jouons franc-jeu, Clarney ! Je veux bien vous la laisser, mais il va falloir m'expliquer qui sont ces gens qui portent cette croix bizarre.
- Cela va sans dire, si vous m'en dites un peu plus, ...
- OK, bon, j'ai découvert l'hôtel où j'ai trouvé cette espèce d'amulette en faisant suivre ceux qui s'en sont pris à de sympathiques irlandais de ma rue.
- Vous faites souvent suivre des gens, vous ?
- Oh, ca dépend, vous savez, des fois .....
- Bon, ne m'en dites pas plus, ... , Et où l'avait vous trouvé précisement ?
- Dans une chambre, dans un étage tout taché de sang. C'était pas très propre, si vous voyez ce que je veux dire.
- J'imagine bien, d'autant plus que vous avez sans doute fait irruption sans le savoir dans un sanctuaire d'une des plus ancienne religion que porte notre monde, à savoir celle du Signe Jaune.
- Quoi, vous voulez dire que cet hôtel est un cimetierre d'Indiens ?
- Non, non, j'essaye juste de vous expliquer qu'il s'agit d'une pièce cérémoniale d'un culte très ancien, qui ne vénérait ni Dieu ni Diable..."
A l'évocation de ces choses, Danny, en bon catholique, se signa trois fois avant de demander à Steve de s'expliquer.
" - En fait, cette religion repose sur la croyance qu'une entité maléfique, appelée le Roi en Jaune, offre à ses fidèles le moyen de voir quelle est vraiment la réalité de notre monde. Cette religion se base sur l'usage de psychotrope pour atteindre un état de transe, pendant lequel les intiés subissent les pires tortures imaginables. Régréssant rapidement au rang d'animaux, ils perdent l'esprit en subissant la vision répétée d'horreurs sans noms. Tout au long de leur initiation au mystère du Signe Jaune, ils doivent porter cette amulette, qui symbolise pour eux le catalyseur de leur éveil mental...
- Le cata ... quoi ?? demanda Danny, qui n'ouvrait comme seul livre que son feuillet de compte.
- L'élément qui les fait basculer dans la folie, le déclencheur en somme.
- Un peu comme une bombe ?
- Si vous voulez, oui... Reste que cette amulette n'a jamais quitté le sein de cette religion, et je ne m'imagine pas que vous ayez été initié ... Vos yeux ne semblent pas refléter ..." Steve s'arrêta, songeur, avant de quitter un bref instant Danny des yeux.
"- Toutefois, il vous faudra bien comprendre que cette amulette ne protège d'aucune force, voire qu'elle vous marque au sceau de l'ignoble, vous désignant aux forces de la nuit comme celui qui leur résiste. Non initié, vous êtes une insulte vivante à leur dieu."
Danny eut une petite coulée de sueur le long de son épine dorsale, qui fit se répandre en lui un profond sentiment de malaise à parler de ce genre de chose. Il se dit que le boniment de l'archéologue avait trouvé le pigeon idéal, qu'il ne devrait pas réagir de la sorte, mais c'était plus fort que lui :
"- Bon, dans ce cas, vous allez la garder, cette amulette. Moi, je suis juste venu pour trouver la trace de ceux qui s'en sont pris aux miens!
- Pour cela, cher monsieur O'Riordan, il va vous falloir arpenter les cimetieres ou les caveaux de familles, en attendant que celle qui guide la troupe des désaxés décide de venir chercher ce qui lui appartient.
- Vous avez dit celle ??
- Oui, c'est d'ailleurs une des seules choses que je sais sur cette croyance : selon les indiens Navajos d'Amérique du Sud et les Kitanayema d'Amazonie, la troupe de ceux dont l'esprit s'en est allé est guidé par la prêtresse de Celui dont on ne dit pas le Nom.
Ce guide est souvent représenté comme une haute instance de la vie des dirigeants de ce monde, qui évolue dans les sphères du pouvoir. Cette même femme vit depuis des siècles et organise l'arrivée de Celui dont le nom est Tabou.
- Et si je vous dit Glasser, ça vous évoque quoi ?? demanda Danny à brûle-pourpoint
- Glasser, Victoria Glasser ?? s'étouffa Clarney
- Oui, il me semble...
- Je serai vous, je ne porterai pas de jugement aussi farfelu. Pour l'avoir cotoyé plusieurs fois, elle est tout ce qu'il y a de normal, voire de banale, si ce n'était son incroyable beauté, s'esclaffa l'archéologue.
- Vous la connaissez donc ?
- Pas plus que ce que je viens de vous dire, même si j'eusse aimé que ce fut le cas.
- Sauriez-vous où la trouver ?
- La nuit tombant dans quelques heures, il me semble qu'elle a ses petites habitudes apéritives du coté du Savoy Hotel. Mais je vous répète que vous devez vous tromper, Mr O'Riordan..."
Alors que Steve essayait de faire comprendre à Danny que faire le rapprochement entre ce culte innombale et la douce Victoria relevait du blasphème, Danny décida de prendre les devants et prit congé du chercheur, en lui expliquant qu'il repasserait le lendemain pour signer les papiers nécessaires au dépôt de l'amulette aux fonds du musée.
Mais pour l'instant, il avait mieux à faire...
Dernière édition par le Mer 3 Oct 2007 - 12:54, édité 2 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Age : 43
Localisation : Poitiers
Date d'inscription : 27/09/2006
Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Les jours, les mois passèrent comme secondes.
Jack avait passé les trois premières semaines emmuré dans la forteresse de son mutisme, alors que sa femme avait sombré dans la plus noire détresse. Elle n'arrivait pas à comprendre cette sensation de vide près d'elle, se perdait dans les méandres de son désespoir, hurlait parfois la nuit. Il lui arrivait même de sangloter comme une enfant, en appelant sa fille dans le noir.
Au bout de ces trois semaines, la belle-soeur de Jack était venu en train depuis Albukerque, et s'était installé sur un matelas de la chambre d'ami.
Elle avait pleuré de longues heures avant de venir voir Jack, et de lui demander d'épauler sa femme. Il devait reprendre les rênes de sa famille, faire revivre son couple malgré la perte.
Mais Jack ne l'entendit pas, ne comprit qu'un vague reproche, dont il n'avait cure. Il venait de perdre son enfant, son avenir, son espoir ... Toute vie disparue en à peine une matinée...
Sa belle soeur finit par laisser Jack à sa solitude, en essayant de lui faire comprendre qu'elle devrait prendre des mesures, s'il ne se ressaisissait pas.
Mais son attitude allait en s'aggravant, au point qu'il n'eut bientôt plus le courage de se nourrir, et que sa femme décida de suivre sa soeur vers Albukerque.
Avant même que Jack ne s'en rendit compte, une semaine était passé depuis le départ de son épouse, une fine poussière domestique commençant à se déposer en douceur dans la cuisine, le salon et les chambres. Tenaillé par la faim, Jack se rendit jusqu'au frigo vide, qu'il laissa entrouvert de dépit. Le moteur faisait comme un petit bruit de ronronnement.
Il se rendit à la réserve, d'où il remonta une quinzaine de boite de conserve que Mme Brady avait mis en bocal stérile cette année. Ces denrées lui permirent de vivoter encore une semaine sur son fauteuil, ivre du néant de sa vie, perdu dans un abîme de solitude, noyé dans les reproches qu'il s'adressait sans cesse.
Un soir, alors que la pluie battait les carreaux salis, une ombre furtive masqua un instant la lumière des réverbères de la rue, occultant un court instant les seules lumières qui éclairaient le salon des Brady. Seule une forme amaigrie subsistait, inclinée sur un fauteuil. C'était Jack, qui restait prostré depuis des lustres.
Rien ne semblait pourvoir le détacher de la moleskine du cabriolet, comme si sa peau s'était fondu dans le tissu. Son ame même semblait rivée en ces lieux, incapables qu'il était de surmonter sa douleur. Mais son esprit n'était pas mort pour autant :
Il se revoyait sans cesse impuissant à l'annonce de la mort de Daisy-Lou, vide de force et de sens. Il se revoyait en boucle essayer de briser le mur qui séparait les vivants des morts, dans le but de faire revenir sa petite fille, son bébé. Ses poings ne suffisaient pas ...
Mais le peu de combativité et l'envie de vengeance, qui lui tiraillait le ventre, fusionnaient petit à petit en lui et parvinrent subitement à exploser. Ainsi, brusquement, l'oeil de Brady reprit un éclat vif, bien que teinté de mélancolie, et ses jambes se tendirent comme sous l'impulsion d'un ressort, pour le soulever hors de son cercueil de mousse.
Jack était de retour parmis les vivants, prêt à en découdre avec les assassins de sa fille. Il décrocha le téléphone, s'aperçut de son manque de tonalité et en déduisit avec dégoût que la compagnie des communications n'ayant pas été payée pendant deux mois, elle ne semblait pas vouloir lui faire de cadeaux.
Ce léger contretemps ne le gena pas outremesure, puisqu'il se rendit dans le dressing, enfilant une chemise blanche sur laquelle il noua une cravate sombre, défroissant son costume noir, pour finir de s'habiller en jetant négligemment sur ses épaules son imper usagé.
Il s'alluma sa première Pall Mall depuis le décès de Daisy Lou, et considéra un court instant l'allumette, avant de jeter ce bout de carton incandescent dans l'armoire du dressing, qui ne tarda guère à s'enflammer. Une langue de feu vint lécher le mur de vieux platre, alors que Jack descendit les escaliers jusqu'à la porte d'entrée.
Il referma consciencieusement sa porte, avant de jeter la clé dans un champs voisin. Son pas lourd se fit alors entendre dans le silence de la rue sombre et, au croisement du pâté de maison, Jack perdit de vue le berceau de sa famille pour mieux se fondre dans la nuit.
Un BOOM significatif lui indiqua cependant que la conduite de gaz, qui courrait le long du second étage, avait finalement dû exploser, en rasant ces murs qu'il avait eu tant de mal à édifier avec son propre père.
Mais il n'en avait cure, et sut désormais qu'il n'aurait plus moyen de revenir en arrière, ou de retrouver un endroit calme où il pourrait à nouveau se complaire dans sa douleur.
Son but ne lui concédait désormais plus aucune liberté, et il lui faudrait puiser dans toute sa volonté de savoir ce qui était arrivé à son enfant.
Il n'avait désormais plus rien à perdre...
Jack avait passé les trois premières semaines emmuré dans la forteresse de son mutisme, alors que sa femme avait sombré dans la plus noire détresse. Elle n'arrivait pas à comprendre cette sensation de vide près d'elle, se perdait dans les méandres de son désespoir, hurlait parfois la nuit. Il lui arrivait même de sangloter comme une enfant, en appelant sa fille dans le noir.
Au bout de ces trois semaines, la belle-soeur de Jack était venu en train depuis Albukerque, et s'était installé sur un matelas de la chambre d'ami.
Elle avait pleuré de longues heures avant de venir voir Jack, et de lui demander d'épauler sa femme. Il devait reprendre les rênes de sa famille, faire revivre son couple malgré la perte.
Mais Jack ne l'entendit pas, ne comprit qu'un vague reproche, dont il n'avait cure. Il venait de perdre son enfant, son avenir, son espoir ... Toute vie disparue en à peine une matinée...
Sa belle soeur finit par laisser Jack à sa solitude, en essayant de lui faire comprendre qu'elle devrait prendre des mesures, s'il ne se ressaisissait pas.
Mais son attitude allait en s'aggravant, au point qu'il n'eut bientôt plus le courage de se nourrir, et que sa femme décida de suivre sa soeur vers Albukerque.
Avant même que Jack ne s'en rendit compte, une semaine était passé depuis le départ de son épouse, une fine poussière domestique commençant à se déposer en douceur dans la cuisine, le salon et les chambres. Tenaillé par la faim, Jack se rendit jusqu'au frigo vide, qu'il laissa entrouvert de dépit. Le moteur faisait comme un petit bruit de ronronnement.
Il se rendit à la réserve, d'où il remonta une quinzaine de boite de conserve que Mme Brady avait mis en bocal stérile cette année. Ces denrées lui permirent de vivoter encore une semaine sur son fauteuil, ivre du néant de sa vie, perdu dans un abîme de solitude, noyé dans les reproches qu'il s'adressait sans cesse.
Un soir, alors que la pluie battait les carreaux salis, une ombre furtive masqua un instant la lumière des réverbères de la rue, occultant un court instant les seules lumières qui éclairaient le salon des Brady. Seule une forme amaigrie subsistait, inclinée sur un fauteuil. C'était Jack, qui restait prostré depuis des lustres.
Rien ne semblait pourvoir le détacher de la moleskine du cabriolet, comme si sa peau s'était fondu dans le tissu. Son ame même semblait rivée en ces lieux, incapables qu'il était de surmonter sa douleur. Mais son esprit n'était pas mort pour autant :
Il se revoyait sans cesse impuissant à l'annonce de la mort de Daisy-Lou, vide de force et de sens. Il se revoyait en boucle essayer de briser le mur qui séparait les vivants des morts, dans le but de faire revenir sa petite fille, son bébé. Ses poings ne suffisaient pas ...
Mais le peu de combativité et l'envie de vengeance, qui lui tiraillait le ventre, fusionnaient petit à petit en lui et parvinrent subitement à exploser. Ainsi, brusquement, l'oeil de Brady reprit un éclat vif, bien que teinté de mélancolie, et ses jambes se tendirent comme sous l'impulsion d'un ressort, pour le soulever hors de son cercueil de mousse.
Jack était de retour parmis les vivants, prêt à en découdre avec les assassins de sa fille. Il décrocha le téléphone, s'aperçut de son manque de tonalité et en déduisit avec dégoût que la compagnie des communications n'ayant pas été payée pendant deux mois, elle ne semblait pas vouloir lui faire de cadeaux.
Ce léger contretemps ne le gena pas outremesure, puisqu'il se rendit dans le dressing, enfilant une chemise blanche sur laquelle il noua une cravate sombre, défroissant son costume noir, pour finir de s'habiller en jetant négligemment sur ses épaules son imper usagé.
Il s'alluma sa première Pall Mall depuis le décès de Daisy Lou, et considéra un court instant l'allumette, avant de jeter ce bout de carton incandescent dans l'armoire du dressing, qui ne tarda guère à s'enflammer. Une langue de feu vint lécher le mur de vieux platre, alors que Jack descendit les escaliers jusqu'à la porte d'entrée.
Il referma consciencieusement sa porte, avant de jeter la clé dans un champs voisin. Son pas lourd se fit alors entendre dans le silence de la rue sombre et, au croisement du pâté de maison, Jack perdit de vue le berceau de sa famille pour mieux se fondre dans la nuit.
Un BOOM significatif lui indiqua cependant que la conduite de gaz, qui courrait le long du second étage, avait finalement dû exploser, en rasant ces murs qu'il avait eu tant de mal à édifier avec son propre père.
Mais il n'en avait cure, et sut désormais qu'il n'aurait plus moyen de revenir en arrière, ou de retrouver un endroit calme où il pourrait à nouveau se complaire dans sa douleur.
Son but ne lui concédait désormais plus aucune liberté, et il lui faudrait puiser dans toute sa volonté de savoir ce qui était arrivé à son enfant.
Il n'avait désormais plus rien à perdre...
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Une sombre brume commençait à descendre sur la 18eme, au coin de Harley Street. Il ne fallu pas un quart d'heure pour que les rues et leurs trottoirs disparaissent du paysage.
Les réverbères ne parvenaient plus à faire darder les rayons de leur lampe à gaz à travers cette purée de pois.
Pour un peu, on se serait cru en plein mois de novembre, quand l'été indien le cède au premier frimas de l'hiver naissant.
Mais O'Bannion n'en était pas à ce genre de considération, tout entier à ses réflexions.
L'archéologue ne lui semblait pas avoir tout dit, et Danny n'en était pas tout à fait sûr, mais il avait l'impression qu'il existait un lien entre cette femme et Clarney. Ce qui fit immédiatement sourire notre mafiosi, qui savait d'expérience que tout lien affectif ou relationnel entre deux personnes était un moyen de se rapprocher d'un d'entre eux.
La seconde phase de son plan allait commencer sous peu, et cela l'émoustillait. Une fois les maigres informations recueillies, il savait qu'il ne lui resterait plus qu'à s'infiltrer dans la bonne société pour trouver trace de cette soi-disant Lady.
Rassuré quant à ses capacités à trouver le responsable du massacre des membres de son clan, Danny marchait d'un air déterminé, le nez relevé, prêt à subir de front tous les dangers et les risques liés à sa quête.
Aussi remarqua-t-il une ombre qui s'avancait vers lui dans le brouillard ...
De son côté, âme errante dont l'esprit était dévoré par son désir de revanche, Brady commençait à déambuler sans but, sans raison, mais pas sans volonté. Il restait au fond de lui une espèce de fonction de survie, qui prenait le relais de son corps défaillant. Ses jambes le portait toutes seules, plus rien ne semblait tenir sa tête, qui s'enfoncait dans le col de son pardessus. Ses mains, enfouies dans l'imperméable crasseux qu'il ne quittait désormais plus, s'agitaient de tic nerveux.
Il lui fallait traverser la ville pour atteindre le site où Piggy avait situé la découverte du corps de sa gamine. Sans même jeter un oeil sur une carte, Jack s'était dirigé de lui-même vers ces lieux tragiques.
Il ne lui faudrait pas plus d'une nuit pour arriver sur site, et il comptait bien voir ces champs et cette grange avec le regard qu'avait pu y porter sa fille.
Il ne lui semblait d'ailleurs pas possible que sa petite chérie ait pu mourir sous la pâle lumière de la Lune, elle qui avait l'habitude de dormir si paisiblement quand elle était enfant, ...
Et puis tous ces moments de calme et de bonheur .... Comme ils semblaient loin !!
Tout à ces considérations, Jack Brady ne se rendait même pas compte qu'une ombre se frayait rapidement un chemin dans la brume, et ce dans sa direction.
Tout entier tendu, prêt à bondir sur cet assaillant qui allait sortir du brouillard, Danny fut décu de croiser une loque, certainement un clochard, au regard fixant étrangement le sol masqué par les brumes. Jack ne se rendit même pas compte qu'il croisait quelqu'un, et manqua de percuter Danny, qui s'écarta avec une mimique de dégoût.
Danny se retourna un cout instant pour observer le dos de l'homme qu'il venait de croiser.
Il aurait pu appartenir à la caste de ceux que chassait Danny, mais son oeil éteint et sa démarche hasardeuses laissait plutôt présager du total abandon dont cet homme faisait preuve. Il n'était pas dangeureux pour un sou, aussi, Danny se retourna pour reprendre son cap, et fonçer vers les docks, afin de mettre au point son stratagème d'immersion dans le millieu aristocratique de la cité.
Petit à petit, les deux silhouettes se perdirent dans le brouillard, disparurent presque. Une soudaine percée se fit jour dans la masse opaque, alors qu'une forme ramassée semblait renifler les traces de ces deux hommes.
Deux hommes que le destin avait rapproché le temp d'une rencontre, comme pour mieux se moquer d'eux...
La forme étrange se redressa à demi, alors que la brume commençait à se refermer sur elle. Il était difficile de voir à quoi elle ressemblait, mais tout dans cette esquisse d'etre humain vous glaçait le sang.
Comme si aucune trace d'humanité ne pouvait provenir de ce que certaines âmes bien-nées n'hésiteraient pas à qualifier de monstre.
Elle semblait être à la fois proche d'un simien, mais son visage rappelait la forme d'un saurien, ou d'un animal à sang froid.
La seule chose visible fut le reflet rouge de son oeil, qui capta un court instant les derniers traits de lumière provenant de l'éclairage public proche, avant que le brouillard ne décide de voiler pudiquement cette forme obcène.
Une sorte de rire strident se fit alors entendre, un cri inhumain et terrifiant, comme si la terre avait extraie de son sein une forme immonde et contre-nature, qui en voulait à toute la création.
Les réverbères ne parvenaient plus à faire darder les rayons de leur lampe à gaz à travers cette purée de pois.
Pour un peu, on se serait cru en plein mois de novembre, quand l'été indien le cède au premier frimas de l'hiver naissant.
Mais O'Bannion n'en était pas à ce genre de considération, tout entier à ses réflexions.
L'archéologue ne lui semblait pas avoir tout dit, et Danny n'en était pas tout à fait sûr, mais il avait l'impression qu'il existait un lien entre cette femme et Clarney. Ce qui fit immédiatement sourire notre mafiosi, qui savait d'expérience que tout lien affectif ou relationnel entre deux personnes était un moyen de se rapprocher d'un d'entre eux.
La seconde phase de son plan allait commencer sous peu, et cela l'émoustillait. Une fois les maigres informations recueillies, il savait qu'il ne lui resterait plus qu'à s'infiltrer dans la bonne société pour trouver trace de cette soi-disant Lady.
Rassuré quant à ses capacités à trouver le responsable du massacre des membres de son clan, Danny marchait d'un air déterminé, le nez relevé, prêt à subir de front tous les dangers et les risques liés à sa quête.
Aussi remarqua-t-il une ombre qui s'avancait vers lui dans le brouillard ...
De son côté, âme errante dont l'esprit était dévoré par son désir de revanche, Brady commençait à déambuler sans but, sans raison, mais pas sans volonté. Il restait au fond de lui une espèce de fonction de survie, qui prenait le relais de son corps défaillant. Ses jambes le portait toutes seules, plus rien ne semblait tenir sa tête, qui s'enfoncait dans le col de son pardessus. Ses mains, enfouies dans l'imperméable crasseux qu'il ne quittait désormais plus, s'agitaient de tic nerveux.
Il lui fallait traverser la ville pour atteindre le site où Piggy avait situé la découverte du corps de sa gamine. Sans même jeter un oeil sur une carte, Jack s'était dirigé de lui-même vers ces lieux tragiques.
Il ne lui faudrait pas plus d'une nuit pour arriver sur site, et il comptait bien voir ces champs et cette grange avec le regard qu'avait pu y porter sa fille.
Il ne lui semblait d'ailleurs pas possible que sa petite chérie ait pu mourir sous la pâle lumière de la Lune, elle qui avait l'habitude de dormir si paisiblement quand elle était enfant, ...
Et puis tous ces moments de calme et de bonheur .... Comme ils semblaient loin !!
Tout à ces considérations, Jack Brady ne se rendait même pas compte qu'une ombre se frayait rapidement un chemin dans la brume, et ce dans sa direction.
Tout entier tendu, prêt à bondir sur cet assaillant qui allait sortir du brouillard, Danny fut décu de croiser une loque, certainement un clochard, au regard fixant étrangement le sol masqué par les brumes. Jack ne se rendit même pas compte qu'il croisait quelqu'un, et manqua de percuter Danny, qui s'écarta avec une mimique de dégoût.
Danny se retourna un cout instant pour observer le dos de l'homme qu'il venait de croiser.
Il aurait pu appartenir à la caste de ceux que chassait Danny, mais son oeil éteint et sa démarche hasardeuses laissait plutôt présager du total abandon dont cet homme faisait preuve. Il n'était pas dangeureux pour un sou, aussi, Danny se retourna pour reprendre son cap, et fonçer vers les docks, afin de mettre au point son stratagème d'immersion dans le millieu aristocratique de la cité.
Petit à petit, les deux silhouettes se perdirent dans le brouillard, disparurent presque. Une soudaine percée se fit jour dans la masse opaque, alors qu'une forme ramassée semblait renifler les traces de ces deux hommes.
Deux hommes que le destin avait rapproché le temp d'une rencontre, comme pour mieux se moquer d'eux...
La forme étrange se redressa à demi, alors que la brume commençait à se refermer sur elle. Il était difficile de voir à quoi elle ressemblait, mais tout dans cette esquisse d'etre humain vous glaçait le sang.
Comme si aucune trace d'humanité ne pouvait provenir de ce que certaines âmes bien-nées n'hésiteraient pas à qualifier de monstre.
Elle semblait être à la fois proche d'un simien, mais son visage rappelait la forme d'un saurien, ou d'un animal à sang froid.
La seule chose visible fut le reflet rouge de son oeil, qui capta un court instant les derniers traits de lumière provenant de l'éclairage public proche, avant que le brouillard ne décide de voiler pudiquement cette forme obcène.
Une sorte de rire strident se fit alors entendre, un cri inhumain et terrifiant, comme si la terre avait extraie de son sein une forme immonde et contre-nature, qui en voulait à toute la création.
Dernière édition par le Lun 18 Juin 2007 - 8:17, édité 2 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
La Lune était déjà haute dans le ciel, lorsque Jack finit par atteindre les confins du comté, aux abords de la forêt de Yates.
Il bifurque en direction de la vieille grange de Malone. Elle est laissée à l'abandon de puis des années, mais ce n'est pas pour rebuter Jack. Il a besoin de calme pour pouvoir s'y retrouver, et commencer son travail de limier. En passant devant le vieux bâtiment, il repense à tout le traffic qui a pu y prendre racine, il y a de cela trente ans.
Un retour aux valeurs morales avait fait connaître à la cité une sorte d'ère bien pensante:
Plus aucun bistrot n'avait plus eu le droit d'importer du whiskey, jugé trop dangereux pour la salubrité publique. C'est alors qu'était apparu le Syndicat, qui avait arrosé en sous-main tous les bas-fonds de la ville, en passant des docks aux élites décisionnelles. Cette mafia avait alors connue son apogée, son Everest.
Il avait fallu toute la volonté de Stuart Barnes, que tous ceux du commissariat surnommaient le Vieil Homme, pour que les revenus du Syndicat soient menacés.
Le Vieil Homme avait ainsi remonté le réseau des bars clandestins, traquant l'information dans des coins où ses collègues policiers n'auraient jamais osé mettre la pointe du pied.
Il avait passé des années seul, sans attache, à courir après les têtes du Syndicat. Sans aucun moyen de pression sur lui, le Syndicat avait alors dépeché les meilleurs tueurs à gages, les plus fins escrocs pour le faire tomber, mais cet incorruptible restait à sa place, indéboulonnable. Il avait réussi à abattre une branche du réseau, allant jusqu'à perquisitionner il y a peu le QG d'O'Bannion, un criminel notoire, à la tête d'une des familles les plus puissantes du Syndicat.
La grange de Malone, qui se dressait devant lui, avait ainsi servie, en son temps, de repaire pour tous les contrebandiers. Toutes les substances louches qui finissaient dans la rue, du temps de ce fameux retour à l'ordre moral, passaient par cette grange avant d'être commercialisées.
Il s'agissait alors d'une sorte de point de transit, une porte par laquelle les produits illicites pouvaient entrer sur le territoire. L'ost entière du Syndicat y avait au moins mis les pieds une fois. Mais cette grange ne représentait plus aujourd'hui qu'un souvenir de l'âge d'or des contrebandiers. Elle était abandonnée, déserte.
Seules les traces du fourgon de police étaient visibles, recouvrant la trace de pneu de la Dutch qui avait emmené sa fille vers sa fin.
La Dutch n'avait pas bougée, comme scotchée sur les lieux même de la mort des deux jeunes gens. Les policiers chargés de l'enquête n'avaient pas jugé le lieu suffisament visité pour déplacer cette pièce à conviction.
Jack se dirigea directement vers la voiture, et, la lueur sélénique aidant, commença à l'inspecter.
A vrai dire, elle n'avait aucun signe distinctif qui puisse aider Brady à détecter un indice. La seule chose remarquable, était la présence de légers sillons sur le toit, fins mais profonds. Un peu comme si un très gros chat avait voulu marquer la Dutch de ses griffes.
En observant davantage, on se rendait compte que les traces de griffes se stoppaient brusquement, comme si ce qui les avait créé était soudainement disparu du capot... Bizarre ...
Brady continua ses recherches, mais ne fut pas davantage renseigné après l'inspection de la voiture. Il devait y avoir quelquechose qui lui échappait.
Le corps du jeune Mick avait éclaboussé toute la voiture de sang, excepté une partie du siège passager. Bardy en déduisit donc que sa fille devait toujours être assise à côté de lui lorsque sa tête avait été coupée. Il eut un léger frisson et une sueur froide perla le long de son épine dorsale. Il imaginait la peur de sa petite, et la voyait hurler devant l'horreur de la mort de son petit ami. Il ferma les yeux un instant puis se reprit.
Brady remarqua alors une fine trace de sang sur la poignée, du côté de la passagère. Celle-ci avait dû ouvrir sa porte pour s'enfuir, en déposant une des gouttes de sang qui avaient jailli de la trachée du jeune homme. Aucune autre flaque de sang ne permettait de dire que sa fille eut été blessée dans le véhicule, donc, pour Brady, la chose était claire :
Sa fille avait donc tenté de s'enfuir.
Jack chercha un long moment de quel côté elle avait pu partir, avant de remarquer un bandeau de sécurité de la police, qui flottait au loin, comme le pavillon d'un bateau caché par une dune de sable. Brady fit lentement le chemin qui le menait à ce cordon, tout en cherchant au sol les traces du pas si léger de son enfant. Mais, malheureusement, il ne subsistait aucune trace de ce genre, si ce n'était celles de la cohorte de policiers qui les avaient foulées au pied.
Arrivé au cordon, Jack remarqua tout de suite les clous disposés au sol, pour rappeler le positionnement du corps une fois le passage du coroner et de son équipe de croque-morts.
Les diverses intempéries et autres aléas survenus durant ce mois avaient peu à peu recouverts le sol, au point d'en effacer par endroit les traces de lutte, mais, Brady, en bon professionnel, sut distinguer la bataille de sa fille contre son aggresseur. Il sentit un certain malaise à comprendre comment sa progéniture avait pu lutter, avant que cette lutte ne se termine par une flaque de sang répandue en contrebas.
Cette flaque, Brady ne voulait pas la voir, comme si elle était tabou. Elle marquait la fn de la vie de sa fille, et ça, c'était trop lui demander que de l'observer sereinement !
Il détailla chaque mouvement de terrain, étudiant ce qui avait été la géologie du site, et fut surpris de remarquer qu'à proximité de la dite-flaque, le sol avait été bougé, comme si quelque chose s'y était lové.
Jack détailla chaque brin d'herbe, chaque centimètre carré de terre, pour finalement se rendre à l'évidence : L'assaillant avait été trop fort, trop vigoureux pour sa fille. Il l'avait tué et avait pris le temps de s'allonger à côté d'elle. Il n'avait alors pas manqué de marquer le sol de son large flan. A bien penser, Jack se dit que le dos de cet homme devait être bien large pour faire d'aussi grande traces.
Un rayon lunaire vint frapper un petit objet réfléchissant, avant d'être dévié sur la cornée de Jack. Il cligna un instant de l'oeil, avant de ce pencher sur ce petit objet à l'allure métallique. Il s'agissait en fait d'un éclat qu'on aurait dit métallique. A bien y regarder, Jack se rendit compte qu'i devait plutôt s'agir d'une sorte d'écaille ou d'ongles ...
Il bifurque en direction de la vieille grange de Malone. Elle est laissée à l'abandon de puis des années, mais ce n'est pas pour rebuter Jack. Il a besoin de calme pour pouvoir s'y retrouver, et commencer son travail de limier. En passant devant le vieux bâtiment, il repense à tout le traffic qui a pu y prendre racine, il y a de cela trente ans.
Un retour aux valeurs morales avait fait connaître à la cité une sorte d'ère bien pensante:
Plus aucun bistrot n'avait plus eu le droit d'importer du whiskey, jugé trop dangereux pour la salubrité publique. C'est alors qu'était apparu le Syndicat, qui avait arrosé en sous-main tous les bas-fonds de la ville, en passant des docks aux élites décisionnelles. Cette mafia avait alors connue son apogée, son Everest.
Il avait fallu toute la volonté de Stuart Barnes, que tous ceux du commissariat surnommaient le Vieil Homme, pour que les revenus du Syndicat soient menacés.
Le Vieil Homme avait ainsi remonté le réseau des bars clandestins, traquant l'information dans des coins où ses collègues policiers n'auraient jamais osé mettre la pointe du pied.
Il avait passé des années seul, sans attache, à courir après les têtes du Syndicat. Sans aucun moyen de pression sur lui, le Syndicat avait alors dépeché les meilleurs tueurs à gages, les plus fins escrocs pour le faire tomber, mais cet incorruptible restait à sa place, indéboulonnable. Il avait réussi à abattre une branche du réseau, allant jusqu'à perquisitionner il y a peu le QG d'O'Bannion, un criminel notoire, à la tête d'une des familles les plus puissantes du Syndicat.
La grange de Malone, qui se dressait devant lui, avait ainsi servie, en son temps, de repaire pour tous les contrebandiers. Toutes les substances louches qui finissaient dans la rue, du temps de ce fameux retour à l'ordre moral, passaient par cette grange avant d'être commercialisées.
Il s'agissait alors d'une sorte de point de transit, une porte par laquelle les produits illicites pouvaient entrer sur le territoire. L'ost entière du Syndicat y avait au moins mis les pieds une fois. Mais cette grange ne représentait plus aujourd'hui qu'un souvenir de l'âge d'or des contrebandiers. Elle était abandonnée, déserte.
Seules les traces du fourgon de police étaient visibles, recouvrant la trace de pneu de la Dutch qui avait emmené sa fille vers sa fin.
La Dutch n'avait pas bougée, comme scotchée sur les lieux même de la mort des deux jeunes gens. Les policiers chargés de l'enquête n'avaient pas jugé le lieu suffisament visité pour déplacer cette pièce à conviction.
Jack se dirigea directement vers la voiture, et, la lueur sélénique aidant, commença à l'inspecter.
A vrai dire, elle n'avait aucun signe distinctif qui puisse aider Brady à détecter un indice. La seule chose remarquable, était la présence de légers sillons sur le toit, fins mais profonds. Un peu comme si un très gros chat avait voulu marquer la Dutch de ses griffes.
En observant davantage, on se rendait compte que les traces de griffes se stoppaient brusquement, comme si ce qui les avait créé était soudainement disparu du capot... Bizarre ...
Brady continua ses recherches, mais ne fut pas davantage renseigné après l'inspection de la voiture. Il devait y avoir quelquechose qui lui échappait.
Le corps du jeune Mick avait éclaboussé toute la voiture de sang, excepté une partie du siège passager. Bardy en déduisit donc que sa fille devait toujours être assise à côté de lui lorsque sa tête avait été coupée. Il eut un léger frisson et une sueur froide perla le long de son épine dorsale. Il imaginait la peur de sa petite, et la voyait hurler devant l'horreur de la mort de son petit ami. Il ferma les yeux un instant puis se reprit.
Brady remarqua alors une fine trace de sang sur la poignée, du côté de la passagère. Celle-ci avait dû ouvrir sa porte pour s'enfuir, en déposant une des gouttes de sang qui avaient jailli de la trachée du jeune homme. Aucune autre flaque de sang ne permettait de dire que sa fille eut été blessée dans le véhicule, donc, pour Brady, la chose était claire :
Sa fille avait donc tenté de s'enfuir.
Jack chercha un long moment de quel côté elle avait pu partir, avant de remarquer un bandeau de sécurité de la police, qui flottait au loin, comme le pavillon d'un bateau caché par une dune de sable. Brady fit lentement le chemin qui le menait à ce cordon, tout en cherchant au sol les traces du pas si léger de son enfant. Mais, malheureusement, il ne subsistait aucune trace de ce genre, si ce n'était celles de la cohorte de policiers qui les avaient foulées au pied.
Arrivé au cordon, Jack remarqua tout de suite les clous disposés au sol, pour rappeler le positionnement du corps une fois le passage du coroner et de son équipe de croque-morts.
Les diverses intempéries et autres aléas survenus durant ce mois avaient peu à peu recouverts le sol, au point d'en effacer par endroit les traces de lutte, mais, Brady, en bon professionnel, sut distinguer la bataille de sa fille contre son aggresseur. Il sentit un certain malaise à comprendre comment sa progéniture avait pu lutter, avant que cette lutte ne se termine par une flaque de sang répandue en contrebas.
Cette flaque, Brady ne voulait pas la voir, comme si elle était tabou. Elle marquait la fn de la vie de sa fille, et ça, c'était trop lui demander que de l'observer sereinement !
Il détailla chaque mouvement de terrain, étudiant ce qui avait été la géologie du site, et fut surpris de remarquer qu'à proximité de la dite-flaque, le sol avait été bougé, comme si quelque chose s'y était lové.
Jack détailla chaque brin d'herbe, chaque centimètre carré de terre, pour finalement se rendre à l'évidence : L'assaillant avait été trop fort, trop vigoureux pour sa fille. Il l'avait tué et avait pris le temps de s'allonger à côté d'elle. Il n'avait alors pas manqué de marquer le sol de son large flan. A bien penser, Jack se dit que le dos de cet homme devait être bien large pour faire d'aussi grande traces.
Un rayon lunaire vint frapper un petit objet réfléchissant, avant d'être dévié sur la cornée de Jack. Il cligna un instant de l'oeil, avant de ce pencher sur ce petit objet à l'allure métallique. Il s'agissait en fait d'un éclat qu'on aurait dit métallique. A bien y regarder, Jack se rendit compte qu'i devait plutôt s'agir d'une sorte d'écaille ou d'ongles ...
Dernière édition par le Mer 10 Oct 2007 - 9:57, édité 2 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Piggy leva les yeux au ciel.
Il faisait diablement chaud, dans son fichu bureau !! Ce n'était pas des températures chrétiennes ça, pensa-t-il avec un sourire.
Puis il redescendit les yeux vers le dossier qui occupait la quasi-totalité de son bureau, et son sourire s'effaca promptement. Il s'agissait des photos du cadavre de la fille de son subalterne, Jack Brady, et il n'était pas question que le pourri qui avait tué la petite s'en sorte.
Toucher à la famille d'un flic, c'était comme porter la main sur lui, et l'esprit de corps du service était plus que légendaire. Ses hommes s'était battus en leur temps contre les tueurs de Micky Manglielo, le caïd qui avait voulu tuer le jeune O'Malley.
Le p'tit gars avait en son jeune temps été le témoin d'une tuerie mafieuse lors d'une de ses rondes. C'était sa septième ronde depuis qu'il avait eu son insigne, et il commençait tout juste à connaître le terrain, vous parlez d'une tuile !
Il avait accepté de témoigner contre Micky Manglielo, et Piggy avait fait partie de ceux qui s'étaient collés à ses basques pour veiller sur sa vie.
Manglielo était tombé et O'Malley avait changé de vie, pour devenir un Monsieur Smith, horticulteur de talent. Le FBI avait travaillé de concert avec l'Agence pour lui assurer la meilleure des couvertures, à l'heure actuelle toujours vaillante.
Mais là, le mal était déjà fait. La petite gisait dans un des tiroirs de la morgue, une petite étiquette au pied. Elle avait toujours choqué Piggy, cette étiquette, comme si on estimait qu'une fois mort, votre peau ne valait pas plus que celle de n'importe quel gibier. On vous baguait, ni plus ni moins.
Cette idée le rendit songeur pendant un certain temps, puis il se replongea dans son dossier, pour la énième fois. Piggy, même s'il n'avait rien d'un canon de beauté, n'en était pas moins un fin limier.
C'était aussi la raison pour laquelle on lui avait donné ce surnom, à l'origine. Un des agents qui avait assuré sa formation, Peter Branniggan, avait été élevé dans le milieu de la production de truffe, et il avait un jour dit à Piggy, devant ses collègues :
"Toi, mon petit, t'as le flair d'une truie !"
Ce qui avait bien fait rire l'escouade, et lui avait valu le petit surnom affectueux de Piggy, qu'il avait infirmé au fur et à mesure des années en se parant de l'embonpoint qui était le sien. Comme quoi, on n'échappe pas à son destin.
Il relut donc le rapport d'autopsie, cherchant le petit détail qui lui faisait sentir que quelque chose clochait:
La petite n'était pas morte des morsures sur son épiderme, malgré les nombreuses coups de crocs qu'elle avait subi. Les formes des dents tendaient à prouver qu'il n'y avait eu qu'un seul assaillant, qui s'était acharné sur elle.
Le coup de grâce provenait ainsi d'un outil tranchant, à lame droite, qui avait sectionné sa carotide et fait jaillir le liquide vital hors de son corps. Elle s'était alors vidé de son sang. Tout simplement.
On pouvait donc en conclure deux choses :
Soit un fou maniaque l'avait mordu jusqu'à la rendre inerte, et l'avait achevé avec un couteau,
Soit un dangeureux psychopate avait envoyé un animal l'agresser, puis avait fini le travail lui-même.
Dans les deux cas, il ne fallait pas laisser trainer dans les rues un tel taré, prêt à tuer.
Il reprit la lecture du descriptif de l'état des lieux et le témoignage des découvreurs du cadavre.
Aucun objet en rapport avec le crime n'avait été découvert à proximité du corps, et il y avait bien peu de chance de trouver un indice permettant une identification. Ce manque d'indice n'arrangeait guère Piggy, mais il savait qu'un tueur n'était pas plus bête que tout un chacun, et qu'il avait la présence d'esprit d'effacer les traces de son passage. Bon Dieu, allait-il la trouver, cette piste ??
Piggy en avait la tête qui fumait, il n'en pouvait plus de lire et relire les mêmes passages, qui se brouillaient devant ses yeux. Il se décida alors à faire appel à Barnes. Il dégagea le coté droit de son bureau, fouilla un court instant avant d'appuyer sur le bouton devenu visible de son interphone.
"Margaret ?"
"Oui, Monsieur"
"Pouvez-vous m'appeler Barnes ?"
"Bien Monsieur"
Il relacha la pression de son doigt sur la touche, dont le "Plop!" lui signala que la conversation venait de prendre fin. Il faisait ainsi ce qui lui semblait le mieux, demander de l'aide au vieux limier, pour faire le jour sur cette enquête qui ne devait pas traîner en longueur.
Piggy avait souvent fait équipe avec Barnes, et le vieux Stuart était souvent une lumière pour tout ce qui touchait de près ou de loin à ce qu'un cerveau humain avait du mal à appréhender.
Piggy entendit un pas lourd dans le couloir, suivant d'un poing qui martela un court instant sa porte, en trois coups espacés et sourds.
"Entre, Stu !"
"Salut Pick, tu vas bien ?"
"Salut Stuart. Tu dois te douter de pourquoi je t'ai fait venir içi, non ?"
"La petite Brady, lacha le Vieil homme dans un soupir, après avoir vu les photos sur le bureau ..."
"Oui, c'est ça"
Piggy aurait pu ne pas en rajouter davantage, il voyait que le Vieil Homme commençait à s'imprégner de sa mission à venir. Mais Piggy n'en continua pas moins à expliquer tout, juste pour la forme :
"J'ai besoin de toi, Stu, je suis dans l'impasse. Pas de moyens d'identifier le salop qui a fait ça, et je sais que je peux compter sur toi !!!"
"Ouaip, répondit laconiquement le Vieil Homme."
"Tu connais Brady ?"
"On a bossé ensemble, un brave gars et un bon élément."
"Je sais...''
Le silence pesa une bonne dizaine de secondes, lourdes et collantes comme la poix.
"Tu penses que tu peux m'aider ?"
"O'Bannion est en cavale, j'ai un peu de temps devant moi, répondit le vieux dans un sourire."
"Tu finiras bien par le coincer, celui-là !"
"J'espère, mais il n'est pas bête et c'est difficile de le pister."
"Alors, laisse-ca de coté quelques temps, et vient m'aider"
"Ca marche, Pick, compte sur moi."
Piggy respira un bon coup, déjà plus à l'aise. Il dit : "Comme au bon vieux temps", mais il le prononca d'une voix fine, sybilline, quasi-inaudible. Le vieil homme, avec ses oreilles de vieux briscard de 60 berges, ne l'entendit pas, mais comprit au visage du commandant que la nostalgie avait fait son oeuvre. Il tourna le dos à Piggy, se rendit vers la porte, l'ouvrit, et balanca à la cantonnade :
"Tu m'enverras le dossier, que je me fasse une idée ?"
"Comptes sur moi."
"A plus"
"Salut Stu, ... et merci !"
Mais la réponse s'adressait déjà à la porte, qui se refermait doucement
Il faisait diablement chaud, dans son fichu bureau !! Ce n'était pas des températures chrétiennes ça, pensa-t-il avec un sourire.
Puis il redescendit les yeux vers le dossier qui occupait la quasi-totalité de son bureau, et son sourire s'effaca promptement. Il s'agissait des photos du cadavre de la fille de son subalterne, Jack Brady, et il n'était pas question que le pourri qui avait tué la petite s'en sorte.
Toucher à la famille d'un flic, c'était comme porter la main sur lui, et l'esprit de corps du service était plus que légendaire. Ses hommes s'était battus en leur temps contre les tueurs de Micky Manglielo, le caïd qui avait voulu tuer le jeune O'Malley.
Le p'tit gars avait en son jeune temps été le témoin d'une tuerie mafieuse lors d'une de ses rondes. C'était sa septième ronde depuis qu'il avait eu son insigne, et il commençait tout juste à connaître le terrain, vous parlez d'une tuile !
Il avait accepté de témoigner contre Micky Manglielo, et Piggy avait fait partie de ceux qui s'étaient collés à ses basques pour veiller sur sa vie.
Manglielo était tombé et O'Malley avait changé de vie, pour devenir un Monsieur Smith, horticulteur de talent. Le FBI avait travaillé de concert avec l'Agence pour lui assurer la meilleure des couvertures, à l'heure actuelle toujours vaillante.
Mais là, le mal était déjà fait. La petite gisait dans un des tiroirs de la morgue, une petite étiquette au pied. Elle avait toujours choqué Piggy, cette étiquette, comme si on estimait qu'une fois mort, votre peau ne valait pas plus que celle de n'importe quel gibier. On vous baguait, ni plus ni moins.
Cette idée le rendit songeur pendant un certain temps, puis il se replongea dans son dossier, pour la énième fois. Piggy, même s'il n'avait rien d'un canon de beauté, n'en était pas moins un fin limier.
C'était aussi la raison pour laquelle on lui avait donné ce surnom, à l'origine. Un des agents qui avait assuré sa formation, Peter Branniggan, avait été élevé dans le milieu de la production de truffe, et il avait un jour dit à Piggy, devant ses collègues :
"Toi, mon petit, t'as le flair d'une truie !"
Ce qui avait bien fait rire l'escouade, et lui avait valu le petit surnom affectueux de Piggy, qu'il avait infirmé au fur et à mesure des années en se parant de l'embonpoint qui était le sien. Comme quoi, on n'échappe pas à son destin.
Il relut donc le rapport d'autopsie, cherchant le petit détail qui lui faisait sentir que quelque chose clochait:
La petite n'était pas morte des morsures sur son épiderme, malgré les nombreuses coups de crocs qu'elle avait subi. Les formes des dents tendaient à prouver qu'il n'y avait eu qu'un seul assaillant, qui s'était acharné sur elle.
Le coup de grâce provenait ainsi d'un outil tranchant, à lame droite, qui avait sectionné sa carotide et fait jaillir le liquide vital hors de son corps. Elle s'était alors vidé de son sang. Tout simplement.
On pouvait donc en conclure deux choses :
Soit un fou maniaque l'avait mordu jusqu'à la rendre inerte, et l'avait achevé avec un couteau,
Soit un dangeureux psychopate avait envoyé un animal l'agresser, puis avait fini le travail lui-même.
Dans les deux cas, il ne fallait pas laisser trainer dans les rues un tel taré, prêt à tuer.
Il reprit la lecture du descriptif de l'état des lieux et le témoignage des découvreurs du cadavre.
Aucun objet en rapport avec le crime n'avait été découvert à proximité du corps, et il y avait bien peu de chance de trouver un indice permettant une identification. Ce manque d'indice n'arrangeait guère Piggy, mais il savait qu'un tueur n'était pas plus bête que tout un chacun, et qu'il avait la présence d'esprit d'effacer les traces de son passage. Bon Dieu, allait-il la trouver, cette piste ??
Piggy en avait la tête qui fumait, il n'en pouvait plus de lire et relire les mêmes passages, qui se brouillaient devant ses yeux. Il se décida alors à faire appel à Barnes. Il dégagea le coté droit de son bureau, fouilla un court instant avant d'appuyer sur le bouton devenu visible de son interphone.
"Margaret ?"
"Oui, Monsieur"
"Pouvez-vous m'appeler Barnes ?"
"Bien Monsieur"
Il relacha la pression de son doigt sur la touche, dont le "Plop!" lui signala que la conversation venait de prendre fin. Il faisait ainsi ce qui lui semblait le mieux, demander de l'aide au vieux limier, pour faire le jour sur cette enquête qui ne devait pas traîner en longueur.
Piggy avait souvent fait équipe avec Barnes, et le vieux Stuart était souvent une lumière pour tout ce qui touchait de près ou de loin à ce qu'un cerveau humain avait du mal à appréhender.
Piggy entendit un pas lourd dans le couloir, suivant d'un poing qui martela un court instant sa porte, en trois coups espacés et sourds.
"Entre, Stu !"
"Salut Pick, tu vas bien ?"
"Salut Stuart. Tu dois te douter de pourquoi je t'ai fait venir içi, non ?"
"La petite Brady, lacha le Vieil homme dans un soupir, après avoir vu les photos sur le bureau ..."
"Oui, c'est ça"
Piggy aurait pu ne pas en rajouter davantage, il voyait que le Vieil Homme commençait à s'imprégner de sa mission à venir. Mais Piggy n'en continua pas moins à expliquer tout, juste pour la forme :
"J'ai besoin de toi, Stu, je suis dans l'impasse. Pas de moyens d'identifier le salop qui a fait ça, et je sais que je peux compter sur toi !!!"
"Ouaip, répondit laconiquement le Vieil Homme."
"Tu connais Brady ?"
"On a bossé ensemble, un brave gars et un bon élément."
"Je sais...''
Le silence pesa une bonne dizaine de secondes, lourdes et collantes comme la poix.
"Tu penses que tu peux m'aider ?"
"O'Bannion est en cavale, j'ai un peu de temps devant moi, répondit le vieux dans un sourire."
"Tu finiras bien par le coincer, celui-là !"
"J'espère, mais il n'est pas bête et c'est difficile de le pister."
"Alors, laisse-ca de coté quelques temps, et vient m'aider"
"Ca marche, Pick, compte sur moi."
Piggy respira un bon coup, déjà plus à l'aise. Il dit : "Comme au bon vieux temps", mais il le prononca d'une voix fine, sybilline, quasi-inaudible. Le vieil homme, avec ses oreilles de vieux briscard de 60 berges, ne l'entendit pas, mais comprit au visage du commandant que la nostalgie avait fait son oeuvre. Il tourna le dos à Piggy, se rendit vers la porte, l'ouvrit, et balanca à la cantonnade :
"Tu m'enverras le dossier, que je me fasse une idée ?"
"Comptes sur moi."
"A plus"
"Salut Stu, ... et merci !"
Mais la réponse s'adressait déjà à la porte, qui se refermait doucement
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Une corme de brume retentit dans le lointain.
L'eau clapotait doucement dans le calme du matin frais, et seul le bruit irrégulier des vaguelettes frappant le bastinguage se faisait entendre. Le brouillard se levait doucement, pour céder la place à un soleil qui dardait doucement de paresseux rayons.
Le courant de l'East river charriait quelques immondices urbaines, lesquelles flottaient doucement aux rythmes du courant nonchalant. L'ombre gigantesque des entrepôts noircissait les contours des quais de déchargement, sur lesquels quelques mouettes semblaient avoir fait élection de domicile.
Le lit de la rivière serpentait tout du long des Docks, et chaque quai avait son activité qui lui était propre. Les céréales, les métaux, les matériaux, la livraison des animaux d'élevages ... Autant d'activités pour lesquels des équipes de solides gaillards étaient mobilisées.
Mais il était encore un peu tôt pour voir ces forçats reprendre leur tâche de bon matin! Ils n'allaient pas tarder à arriver, et avec eux s'installerait l'agitation, le bruit, la dissonance.
Toutes ces choses propices à briser l'harmonie instable de ce lieu. Mais, pour l'instant, rien ne venait troubler la douce quiétude de cette fin d'aurore.
En suivant le lit de l'East river, il était aisé de remarquer qu'elle disparaissait sous d'immenses entrepôts, dans un gigantesque goulot d'étranglement, sur lequel reposaient les fondations des silos et autres sites de conditionnement, au fond des Docks.
On n'entendait alors un grondement sourd, comme si le cours d'eau ne supportait pas ce passage dans un lit tubulaire, imposé par les hommes et leur besoin viscéral de réguler les élans propres à la Nature.
Tout respirait donc le calme ce matin, et c'était pourtant içi qu'en ce moment même, une tempête des plus folles battait sous un crâne!
Danny n'avait pas dormi de la nuit, dans la petite cahute du contremaître et son plan avait été étudié encore et encore, de longues heures durant.
Assis en face de lui, Muggi commençait à papillonner des yeux, exténué.
Son boss n'était pas un politicien, ni même un avocat, mais quand il s'agissait d'agir en stratège, il était à son affaire. Muggi était très fier de lui, fier de servir sous ses ordres.
"- Muggi!
- Hum ... somnola celui-ci.
- MUGGI !
- Oui Boss, se redressa d'un coup le subalterne, surpris par la dureté de la voix d'O'Bannion.
- Quand est-ce que les gars arrivent ?"
Muggi observa sa montre un bref instant, les yeux encore collés de sommeil.
" - Dans trente minutes, Boss.
- Alors, va te reposer un peu, mais soit là dans une demi-heure.
- Merci, Boss."
Muggi se dirigea vers le coté droit de la petite cabane, et s'effondra sur le lit de camp qui s'y trouvait. Il s'assoupit lourdement, et ne fut réveillé que par le bruit de la sirène, qui annonçait le début de la journée de travail, une demi-heure plus tard.
Il se remit rapidement sur pied, ouvrit la porte de la cabane, cligna un instant des yeux, le temps de s'habituer au soleil.
Il vit alors O'Bannion, qui revenait vers lui après avoir actionné le sifflet de la sirène.
Il était suivi par la horde de ses dockers, qui attendirent qu'O'Bannion s'arrête sur le pas de la porte de la cabane, pour se regrouper et l'écouter, comme ils l'avaient déjà fait il y a peu.
Danny respira longuement, puis se retourna vers les hommes qui attendaient des explications. Depuis la dernière virée dans les locaux GLASSER - personne n'avait trop compris pourquoi il avait fallu visiter cette demeure maudite - plus personne ne savait ce que cherchait réellement Danny.
Etait-ce ces Glasser, les responsables du massacre de Little Italy ? Si oui, pourquoi ne nous vengions-nous pas ? se demandaient les dockers.
Ils attendaient des réponses, et Danny savait qu'il lui faudrait leur en donner :
Tel un tribun de la Rome Antique, il leva les yeux vers son auditoire, les fixa longuemment dans les yeux, puis dit :
"Mes amis, mes frères,
Vous savez tous que l'heure de la vendetta a sonné pour nos familles, pour nos amis. Nous avons essayé dernièrement des revers considérables, mais avons continué à garder le cap.
Tout au long de l'histoire de notre Syndicat, nous avons eu à coeur de préserver les intérêts des nôtres.
Certains d'entre Vous ont consacré leur vie à améliorer la nôtre, à faire disparaître nos ennemis. Qu'ils en soient remerciés !
Si les anciens nous ont appris une chose, c'est qu'il fallait cantonner notre domination sur un territoire, et le défendre toute notre vie. Pensez à Don Luppe, qui n'a pas hésité à payer de sa vie pour empêcher les autorités de nous manger le pain sur le dos."
A l'évocation de cet épisode tragique des mémoires du Syndicat, Danny marqua un temps, respectueusement.
"Aussi, je vais vous demander de changer vos habitudes, d'être plus vigilants que vous ne l'êtes déjà. Je vais demander à certains d'entre vous de veiller à rétablir l'ordre dans nos affaires, qui pourraient péricliter rapidement si nous n'y mettons pas le holà. Muggi choisira une vingtaine d'entre vous, qui irons percevoir ce qui nous est dû. Vous aurez la lourde tâche de veiller aux intérêts de l'Organisation, pendant que les autres me suivront et partiront à la chasse aux fous."
Les dockers opinèrent du chef, quasiment à l'unisson.
Muggi commença à appeler vingt costauds, qui se retirèrent avec lui dans la cahute, pour que soient données à tous leurs missions respectives.
Danny attendit la fin de l'appel, pour continuer à haranguer ceux qui restaient sous ses ordres :
"Maintenant, je vais vous expliquer pourquoi je fais appel à vous aujourd'hui.
Comme vous le savez déjà, nous avons découvert il y a peu les agissements d'un groupe étrange, composé des mêmes monstres qui sont à l'origine de la tuerie d'il y a deux semaines.
Tous les indices que j'essaye de réunir me renvoient vers une certaine Mme Glasser, dont nous avons fouillé l'hôtel particulier il y a peu."
" Ce que je vais vous demander, désormais, c'est d'essayer de glaner par tous les moyens possible des informations concernant cette famille, Glasser, pour en apprendre davantage sur leurs moyens, leurs appuis, leurs racines, et de fait, les moyens de les faire tomber.
Chacun d'entre vous devra faire office de limier, pour en savoir plus. Vous aurez tous les moyens nécessaires, mais il faudra pour cela me faire un compte-rendu sérieux tous les trois jours. Je compte sur vous."
Danny observa les têtes de ses dockers, qui comprenaient bien le caractère vital de ces informations. Chacun d'entre eux semblait brûler de passer enfin à l'action.
"De plus, je vais vous demander d'organiser une cellule de veille du quartier, afin de ne plus se faire déborder à l'avenir par ce genre d'attaques impromptues. Nous nous sommes ramollis, ces derniers temps. Il est temps que ça cesse. Bon, à vous de jouer maintenant... et revenez me voir vendredi soir avec des infos toutes fraîches."
Danny donna congé à ses gars, et considéra un court instant les docks dans le matin ensoleillé. Ses hommes commençaient à se disperser en direction de la cité, et la vie des docks ne serait plus assurée que par une petite équipe de trente personnes, au moins pendant la durée de la recherche.
Perché en haut d'un palan, qu'il amarrait à une caisse en provenance de Namibie, le chef de chantier se rendit compte que Danny était seul et décida d'aller lui parler un court instant.
"- Boss ? " demanda-t-il alors que Danny lui tournait le dos.
- Oui, Mac, t'as quelque chose à me dire ? répondit Danny par dessus son épaule
- Oui, Boss, c'est à propos de ce que vous savez, la Glasser, là ..."
Danny se retourna d'un geste sec, et fixa Mac :
"- Oui, je t'écoute, vas-y, parle ! encouragea-t-il.
- Et bien je crois que je sais qui c'est, enfin, je crois..
- Explique toi, bon sang !!
- Et bien, je crois que c'est la soeur de lait de ma cousine Beth.
- Hein ?
- Ma tante a longtemps été nourrice dans la haute, et elle en a vu, des sangs-bleus ! Il me semble qu'elle m'en a souvent parlé, de cette Glasser. Victoria qu'elle s'appelait ...
- C'est ça !
- Je sais pas ce que vous lui voulez, mais ça m'a tout l'air d'être une femme bizarre, celle-là. Ma tante me racontait que, même toute petite, elle ne ressemblait pas à un bébé normal. Elle était triste et sans vie, indifférente ...
- Tu pourrais demander des infos à ta tante ?? Tu seras grassement rétribué !
- J'en doute pas, chef, mais mon boulot a pris un peu de retard, et ...
- T'occupes pas de ça, laisse-moi faire..."
Déjà l'esprit de Danny bouillonnait, il se demandait ce qu'il pourrait tirer de ce mince faisceau d'informations, si tenu qu'il avait peur de le perdre. Mais son moral se trouvait galvanisé de se sentir proche de sa cible, comme s'il sentait déjà sa présence ...
Il n'en fallait pas moins pour que cette matinée s'en trouve toute ensoleillée !
L'eau clapotait doucement dans le calme du matin frais, et seul le bruit irrégulier des vaguelettes frappant le bastinguage se faisait entendre. Le brouillard se levait doucement, pour céder la place à un soleil qui dardait doucement de paresseux rayons.
Le courant de l'East river charriait quelques immondices urbaines, lesquelles flottaient doucement aux rythmes du courant nonchalant. L'ombre gigantesque des entrepôts noircissait les contours des quais de déchargement, sur lesquels quelques mouettes semblaient avoir fait élection de domicile.
Le lit de la rivière serpentait tout du long des Docks, et chaque quai avait son activité qui lui était propre. Les céréales, les métaux, les matériaux, la livraison des animaux d'élevages ... Autant d'activités pour lesquels des équipes de solides gaillards étaient mobilisées.
Mais il était encore un peu tôt pour voir ces forçats reprendre leur tâche de bon matin! Ils n'allaient pas tarder à arriver, et avec eux s'installerait l'agitation, le bruit, la dissonance.
Toutes ces choses propices à briser l'harmonie instable de ce lieu. Mais, pour l'instant, rien ne venait troubler la douce quiétude de cette fin d'aurore.
En suivant le lit de l'East river, il était aisé de remarquer qu'elle disparaissait sous d'immenses entrepôts, dans un gigantesque goulot d'étranglement, sur lequel reposaient les fondations des silos et autres sites de conditionnement, au fond des Docks.
On n'entendait alors un grondement sourd, comme si le cours d'eau ne supportait pas ce passage dans un lit tubulaire, imposé par les hommes et leur besoin viscéral de réguler les élans propres à la Nature.
Tout respirait donc le calme ce matin, et c'était pourtant içi qu'en ce moment même, une tempête des plus folles battait sous un crâne!
Danny n'avait pas dormi de la nuit, dans la petite cahute du contremaître et son plan avait été étudié encore et encore, de longues heures durant.
Assis en face de lui, Muggi commençait à papillonner des yeux, exténué.
Son boss n'était pas un politicien, ni même un avocat, mais quand il s'agissait d'agir en stratège, il était à son affaire. Muggi était très fier de lui, fier de servir sous ses ordres.
"- Muggi!
- Hum ... somnola celui-ci.
- MUGGI !
- Oui Boss, se redressa d'un coup le subalterne, surpris par la dureté de la voix d'O'Bannion.
- Quand est-ce que les gars arrivent ?"
Muggi observa sa montre un bref instant, les yeux encore collés de sommeil.
" - Dans trente minutes, Boss.
- Alors, va te reposer un peu, mais soit là dans une demi-heure.
- Merci, Boss."
Muggi se dirigea vers le coté droit de la petite cabane, et s'effondra sur le lit de camp qui s'y trouvait. Il s'assoupit lourdement, et ne fut réveillé que par le bruit de la sirène, qui annonçait le début de la journée de travail, une demi-heure plus tard.
Il se remit rapidement sur pied, ouvrit la porte de la cabane, cligna un instant des yeux, le temps de s'habituer au soleil.
Il vit alors O'Bannion, qui revenait vers lui après avoir actionné le sifflet de la sirène.
Il était suivi par la horde de ses dockers, qui attendirent qu'O'Bannion s'arrête sur le pas de la porte de la cabane, pour se regrouper et l'écouter, comme ils l'avaient déjà fait il y a peu.
Danny respira longuement, puis se retourna vers les hommes qui attendaient des explications. Depuis la dernière virée dans les locaux GLASSER - personne n'avait trop compris pourquoi il avait fallu visiter cette demeure maudite - plus personne ne savait ce que cherchait réellement Danny.
Etait-ce ces Glasser, les responsables du massacre de Little Italy ? Si oui, pourquoi ne nous vengions-nous pas ? se demandaient les dockers.
Ils attendaient des réponses, et Danny savait qu'il lui faudrait leur en donner :
Tel un tribun de la Rome Antique, il leva les yeux vers son auditoire, les fixa longuemment dans les yeux, puis dit :
"Mes amis, mes frères,
Vous savez tous que l'heure de la vendetta a sonné pour nos familles, pour nos amis. Nous avons essayé dernièrement des revers considérables, mais avons continué à garder le cap.
Tout au long de l'histoire de notre Syndicat, nous avons eu à coeur de préserver les intérêts des nôtres.
Certains d'entre Vous ont consacré leur vie à améliorer la nôtre, à faire disparaître nos ennemis. Qu'ils en soient remerciés !
Si les anciens nous ont appris une chose, c'est qu'il fallait cantonner notre domination sur un territoire, et le défendre toute notre vie. Pensez à Don Luppe, qui n'a pas hésité à payer de sa vie pour empêcher les autorités de nous manger le pain sur le dos."
A l'évocation de cet épisode tragique des mémoires du Syndicat, Danny marqua un temps, respectueusement.
"Aussi, je vais vous demander de changer vos habitudes, d'être plus vigilants que vous ne l'êtes déjà. Je vais demander à certains d'entre vous de veiller à rétablir l'ordre dans nos affaires, qui pourraient péricliter rapidement si nous n'y mettons pas le holà. Muggi choisira une vingtaine d'entre vous, qui irons percevoir ce qui nous est dû. Vous aurez la lourde tâche de veiller aux intérêts de l'Organisation, pendant que les autres me suivront et partiront à la chasse aux fous."
Les dockers opinèrent du chef, quasiment à l'unisson.
Muggi commença à appeler vingt costauds, qui se retirèrent avec lui dans la cahute, pour que soient données à tous leurs missions respectives.
Danny attendit la fin de l'appel, pour continuer à haranguer ceux qui restaient sous ses ordres :
"Maintenant, je vais vous expliquer pourquoi je fais appel à vous aujourd'hui.
Comme vous le savez déjà, nous avons découvert il y a peu les agissements d'un groupe étrange, composé des mêmes monstres qui sont à l'origine de la tuerie d'il y a deux semaines.
Tous les indices que j'essaye de réunir me renvoient vers une certaine Mme Glasser, dont nous avons fouillé l'hôtel particulier il y a peu."
" Ce que je vais vous demander, désormais, c'est d'essayer de glaner par tous les moyens possible des informations concernant cette famille, Glasser, pour en apprendre davantage sur leurs moyens, leurs appuis, leurs racines, et de fait, les moyens de les faire tomber.
Chacun d'entre vous devra faire office de limier, pour en savoir plus. Vous aurez tous les moyens nécessaires, mais il faudra pour cela me faire un compte-rendu sérieux tous les trois jours. Je compte sur vous."
Danny observa les têtes de ses dockers, qui comprenaient bien le caractère vital de ces informations. Chacun d'entre eux semblait brûler de passer enfin à l'action.
"De plus, je vais vous demander d'organiser une cellule de veille du quartier, afin de ne plus se faire déborder à l'avenir par ce genre d'attaques impromptues. Nous nous sommes ramollis, ces derniers temps. Il est temps que ça cesse. Bon, à vous de jouer maintenant... et revenez me voir vendredi soir avec des infos toutes fraîches."
Danny donna congé à ses gars, et considéra un court instant les docks dans le matin ensoleillé. Ses hommes commençaient à se disperser en direction de la cité, et la vie des docks ne serait plus assurée que par une petite équipe de trente personnes, au moins pendant la durée de la recherche.
Perché en haut d'un palan, qu'il amarrait à une caisse en provenance de Namibie, le chef de chantier se rendit compte que Danny était seul et décida d'aller lui parler un court instant.
"- Boss ? " demanda-t-il alors que Danny lui tournait le dos.
- Oui, Mac, t'as quelque chose à me dire ? répondit Danny par dessus son épaule
- Oui, Boss, c'est à propos de ce que vous savez, la Glasser, là ..."
Danny se retourna d'un geste sec, et fixa Mac :
"- Oui, je t'écoute, vas-y, parle ! encouragea-t-il.
- Et bien je crois que je sais qui c'est, enfin, je crois..
- Explique toi, bon sang !!
- Et bien, je crois que c'est la soeur de lait de ma cousine Beth.
- Hein ?
- Ma tante a longtemps été nourrice dans la haute, et elle en a vu, des sangs-bleus ! Il me semble qu'elle m'en a souvent parlé, de cette Glasser. Victoria qu'elle s'appelait ...
- C'est ça !
- Je sais pas ce que vous lui voulez, mais ça m'a tout l'air d'être une femme bizarre, celle-là. Ma tante me racontait que, même toute petite, elle ne ressemblait pas à un bébé normal. Elle était triste et sans vie, indifférente ...
- Tu pourrais demander des infos à ta tante ?? Tu seras grassement rétribué !
- J'en doute pas, chef, mais mon boulot a pris un peu de retard, et ...
- T'occupes pas de ça, laisse-moi faire..."
Déjà l'esprit de Danny bouillonnait, il se demandait ce qu'il pourrait tirer de ce mince faisceau d'informations, si tenu qu'il avait peur de le perdre. Mais son moral se trouvait galvanisé de se sentir proche de sa cible, comme s'il sentait déjà sa présence ...
Il n'en fallait pas moins pour que cette matinée s'en trouve toute ensoleillée !
Dernière édition par le Jeu 11 Oct 2007 - 8:38, édité 1 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
La journée était déjà bien avancée lorsqu'il décida de se rendre dans la vieille grange. C'était le moment, la nuit allant bientôt tomber, il ne désirait pas être en retard.
Il s'étira doucement, au bruit d'un froissement de feuillages, issu de sa couche. Il tordit doucement son cou, de chaque côté, avant de lui imprimer une légère rotation, qui lui procura une douce sensation de chaleur au niveau de ce qui lui tenait lieu de cervicales.
Puis, il étira langoureusement ses longues griffes, sentant l'air frais s'immiscer lentement entre ses doigts gourds de sommeil. Sa peau écaillée l'isolait totalement de l'atmosphère ambiante, mais lui procurait cependant des sensations telles que le mouvement de l'air autour de lui, ou la perception d'ondes sonores.
Il ne disposait pas d'oreilles à proprement parler, mais il n'en avait pas moins une acuité des plus surprenantes quant aux phénomènes acoustiques.
Il commençait tout doucement à émerger de son sommeil de la journée, le corps encore chaud des rayons du soleil, comme tout reptilien qui se respecte. Il était temps pour lui de se mettre à l'ouvrage, et de retourner auprès de son maître. Il arrondit langoureusement son dos avant de finalement décider de se mettre en marche vers son objectif. Il eut un petit moment de nostalgie en regardant par dessus son échine.
A cet égard, il fallait bien lui reconnaître une certaine intelligence naturelle, qui lui permettait de comprendre tout ce que la forêt avait à lui offrir, aussi bien en confort qu'en sécurité. Il avait récemment essayé de se terrer dans cette agglomération de surfaces dures que les humains semblaient apprécier. Mais ce n'était pas fait pour lui !
Il était donc retourné dans son berceau, dans son repaire, déconfit. Il avait pu croiser des humains, mais n'avait pas chassé. Du fait même de l'impossibilité de trouver un refuge correct! Il avait bien senti qu'il ne devait pas s'encombrer d'une dépouille, au cas la fuite s'avérait nécessaire.
Il avait été franchement ennuyé de ne pas pouvoir ramener le corps de ces hommes replets, qu'il avait pu croiser dans le brouillard...
Un peu énervé par cette occasion manquée de remplir ses ressources d'énergie, il accéléra le pas. Sa seule obéissance ne justifiait pourtant pas un tel empressement, mais la faim qui tiraillait son estomac, si!
Tournant sur sa droite au pied du gros chêne, il dirigea ses petits yeux rouges vers la ferme du vieux Malone. Il ne savait pas qu'elle appartenait à ce vieux chenapan, mais c'était pourtant là qu'il se rendait. Le maître l'attendait déjà devant la porte ...
Il s'étira doucement, au bruit d'un froissement de feuillages, issu de sa couche. Il tordit doucement son cou, de chaque côté, avant de lui imprimer une légère rotation, qui lui procura une douce sensation de chaleur au niveau de ce qui lui tenait lieu de cervicales.
Puis, il étira langoureusement ses longues griffes, sentant l'air frais s'immiscer lentement entre ses doigts gourds de sommeil. Sa peau écaillée l'isolait totalement de l'atmosphère ambiante, mais lui procurait cependant des sensations telles que le mouvement de l'air autour de lui, ou la perception d'ondes sonores.
Il ne disposait pas d'oreilles à proprement parler, mais il n'en avait pas moins une acuité des plus surprenantes quant aux phénomènes acoustiques.
Il commençait tout doucement à émerger de son sommeil de la journée, le corps encore chaud des rayons du soleil, comme tout reptilien qui se respecte. Il était temps pour lui de se mettre à l'ouvrage, et de retourner auprès de son maître. Il arrondit langoureusement son dos avant de finalement décider de se mettre en marche vers son objectif. Il eut un petit moment de nostalgie en regardant par dessus son échine.
A cet égard, il fallait bien lui reconnaître une certaine intelligence naturelle, qui lui permettait de comprendre tout ce que la forêt avait à lui offrir, aussi bien en confort qu'en sécurité. Il avait récemment essayé de se terrer dans cette agglomération de surfaces dures que les humains semblaient apprécier. Mais ce n'était pas fait pour lui !
Il était donc retourné dans son berceau, dans son repaire, déconfit. Il avait pu croiser des humains, mais n'avait pas chassé. Du fait même de l'impossibilité de trouver un refuge correct! Il avait bien senti qu'il ne devait pas s'encombrer d'une dépouille, au cas la fuite s'avérait nécessaire.
Il avait été franchement ennuyé de ne pas pouvoir ramener le corps de ces hommes replets, qu'il avait pu croiser dans le brouillard...
Un peu énervé par cette occasion manquée de remplir ses ressources d'énergie, il accéléra le pas. Sa seule obéissance ne justifiait pourtant pas un tel empressement, mais la faim qui tiraillait son estomac, si!
Tournant sur sa droite au pied du gros chêne, il dirigea ses petits yeux rouges vers la ferme du vieux Malone. Il ne savait pas qu'elle appartenait à ce vieux chenapan, mais c'était pourtant là qu'il se rendait. Le maître l'attendait déjà devant la porte ...
Dernière édition par le Jeu 11 Oct 2007 - 8:32, édité 2 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
"- Tori, c'est toi ?
- Tiens, salut mon chou, tu vas bien ?
- Ca va bien, je te remercie ! Et toi ?
- Comme d'habitude, tu sais, le train-train quotidien...
- Hum ... Dis-moi, je t'appelle parce qu'un vilain fouineur est venu me voir, cette semaine.
- Ah bon, racontes-moi ça...
- Eh bien, il cherchait à savoir si j'avais des informations concernant le pendentif ... et toi.
- LE PENDENTIF !!
- Oui, Oui.
- ET C'EST MAINTENANT QUE TU M'APPELES ???
- T'énerves pas, Tori, je lui ai rien dis, moi... Je lui ai juste répété ce qu'il peut trouver sur un dictionnaire, bien que je ne soit pas sûr qu'il en lise régulièrement ce monsieur O'Riordan ...
- O'Riordan, le violoniste ?
- Non, un O'Riordan que je ne connais pas.
- Bon, ... et le pendentif ?
- Il l'a gardé, mais je lui ai demandé de me le confier pour une exposition.
- Très bien, alors tu t'arranges pour qu'il te le confie, et tu me le ramènes fissa!
- Bien.
- Et tu ne le perds pas de vue, la cérémonie aura lui dans quinze jours ! Et crois-moi, ça vaudra le détour.
- Je le sais, mais ... je ne l'ai pas encore vu, ce O'Riordan, et il devait déjà me voir hier !
- Ne le perds pas de vu, Stevey, ou sinon ...
- Ne te fâche pas !
La voie de Clarney commençait légèrement à chevroter, mais il se contraint de donner tous les renseignements utiles à son interlocutrice:
- Je lui ai dit que tu prenais un apéritif tous les soirs au SAVOY, peut-être qu'il va essayer de t'y rencontrer...
- Hum, qui sait ... C'est une bonne idée que tu as eu là, je vais en tirer profit. Bien, je te rappelle demain, et tu as intérêt à avoir de bonnes nouvelles pour moi !
- Oui, Tori .... Bien, Tori !
- Raccroche maintenant
- Bien, dit Clarney avant de reposer son combiné doucement sur son trépied, une goutte de sueur perlant à son front de fier aventurier.
- Tiens, salut mon chou, tu vas bien ?
- Ca va bien, je te remercie ! Et toi ?
- Comme d'habitude, tu sais, le train-train quotidien...
- Hum ... Dis-moi, je t'appelle parce qu'un vilain fouineur est venu me voir, cette semaine.
- Ah bon, racontes-moi ça...
- Eh bien, il cherchait à savoir si j'avais des informations concernant le pendentif ... et toi.
- LE PENDENTIF !!
- Oui, Oui.
- ET C'EST MAINTENANT QUE TU M'APPELES ???
- T'énerves pas, Tori, je lui ai rien dis, moi... Je lui ai juste répété ce qu'il peut trouver sur un dictionnaire, bien que je ne soit pas sûr qu'il en lise régulièrement ce monsieur O'Riordan ...
- O'Riordan, le violoniste ?
- Non, un O'Riordan que je ne connais pas.
- Bon, ... et le pendentif ?
- Il l'a gardé, mais je lui ai demandé de me le confier pour une exposition.
- Très bien, alors tu t'arranges pour qu'il te le confie, et tu me le ramènes fissa!
- Bien.
- Et tu ne le perds pas de vue, la cérémonie aura lui dans quinze jours ! Et crois-moi, ça vaudra le détour.
- Je le sais, mais ... je ne l'ai pas encore vu, ce O'Riordan, et il devait déjà me voir hier !
- Ne le perds pas de vu, Stevey, ou sinon ...
- Ne te fâche pas !
La voie de Clarney commençait légèrement à chevroter, mais il se contraint de donner tous les renseignements utiles à son interlocutrice:
- Je lui ai dit que tu prenais un apéritif tous les soirs au SAVOY, peut-être qu'il va essayer de t'y rencontrer...
- Hum, qui sait ... C'est une bonne idée que tu as eu là, je vais en tirer profit. Bien, je te rappelle demain, et tu as intérêt à avoir de bonnes nouvelles pour moi !
- Oui, Tori .... Bien, Tori !
- Raccroche maintenant
- Bien, dit Clarney avant de reposer son combiné doucement sur son trépied, une goutte de sueur perlant à son front de fier aventurier.
Dernière édition par le Jeu 11 Oct 2007 - 8:31, édité 1 fois
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Deux heures sonnaient au carillon du Muséum d'Histoires Naturelles lorsque Jack leva le nez de l'ouvrage dans lequel il était plongé. Cela faisait six heures qu'il compulsait frénétiquement tous les ouvrages de Biologie qu'il pouvait trouver. Le rayonnage des Sciences Naturelles béait d'un trou gigantesque, alors que sa table de travail dégorgeait ses ouvrages jusque sur le sol.
Il referma l'ouvrage qu'il compulsait d'un geste vif : l'Encyclopédie des Animaux à Sang Froid ne lui donnait pas davantage d'information que les dizaines d'ouvrages qu'il avait compulsé tout au long de l'après-midi...
Il commençait à se demander si ce petit bout de matière organique n'appartenait pas au règne végétal ou au règne minéral. Comment se faisait-il qu'il trouve sur les lieux d'un crime un élément aussi bizarre? Qu'est-ce que ça pouvait bien être ?
Toute la flore et la faune de la cité était depuis longtemps connue des biologistes, aussi trouva-t-il étrange de ne voir mention d'aucun organisme susceptible d'accueillir ce type de défense. Cherchait-il au bon endroit ?
Il réfléchit de longue minutes puis décida de poursuivre sa recherche en s'attaquant aux ouvrages de références concernant les plantes xérophiles, ou ceux traitant des plantes grasses ...
Après tout, si ce n'était pas une écaille, cela appartenait peut-être à une plante.
Deux heures plus tard, il se rendait compte que ses recherches étaient toujours vaines. Sans plus de résultats, Jack commençait à se dire qu'il devrait ouvrir les vieux bouquins d'études des veines minérales présentes dans la région lorsqu'un vieux bonhomme vint s'asseoir en face de lui.
"Vous m'avez l'air très concentré sur vos recherches, Monsieur. Serait-il inconvenant de vous demander quelles sont-elles ?"
Jack sortit la tête du livre qu'il parcourait au son de la douce voix de l'ancêtre qui lui adressait la parole. Il se trouva ainsi en face d'un vieillard pas plus haut que son propre torse, les cheveux blanc rares sur son crâne. Une impression de fragilité marqua instantanément Jack lorsqu'il vit le vieillard, posté timidement derrière la pile d'ouvrages stockée devant lui.
Il prit le temps de le dévisager un instant : son visage était remarquable, tout d'abord par l'extraordinaire présence de ce qui ressemblait à une hermine albino! Ses phénoménales moustaches, fort développées et bien entretenues, lui conféraient un air imposant et sage.
Du reste, ses gros sourcils broussailleux donnaient une impression étrange, comme si sa pilosité avait un caractère plus qu'accessoire, quasiment vivante ! On pouvait avoir l'impression que le porteur de ladite moustache était bien moins robuste que ne l'était sa parure.
Tout à sa contemplation du monument couleur de neige, Jack marqua un temps mort avant de répondre un vague "Mhhm" à son propriétaire. Il allait replonger dans son ouvrage lorsque le vieux bonhomme décida de se présenter :
"- Je m'appelle Emeritus, Professeur John Spencer Emeritus.
- Mhm.
- Et vous ?
- Jack ... Et vous m'empêchez de travailler, là !
- Mille excuses, je n'en avais pas l'intention, Monsieur.
- Mhm!
- Je ne sais point si je puis vous être d'une grande utilité, mais il me semble que vous cherchez une chose précise, et que vous n'avez pas l'air de la trouver.
- En effet, je cherche à savoir qu'est-ce que c'est que ce truc, dit Jack en lançant l'écaille en direction du vieillard."
Emeritus prit le projectile tombé au sol, puis se redressa et tendit sa main vers la lumière de la table qu'occupait Jack. Il prit le temps de bien détailler l'item, avant de le rendre à son propriétaire, en lui glissant d'une voix sibylline :
"- Je pense savoir ce que c'est ...
- Quoi ? demanda Jack, soudain sorti de sa léthargique recherche.
- Vous avez trouvé ça près d'un bois ou d'une forêt, non ?
- Oui, en effet
- Hé bien, suivez-moi dans mon bureau car nous avons à discuter ... à l'abri des oreilles indiscrètes" rajouta-t-il dans un souffle.
Il referma l'ouvrage qu'il compulsait d'un geste vif : l'Encyclopédie des Animaux à Sang Froid ne lui donnait pas davantage d'information que les dizaines d'ouvrages qu'il avait compulsé tout au long de l'après-midi...
Il commençait à se demander si ce petit bout de matière organique n'appartenait pas au règne végétal ou au règne minéral. Comment se faisait-il qu'il trouve sur les lieux d'un crime un élément aussi bizarre? Qu'est-ce que ça pouvait bien être ?
Toute la flore et la faune de la cité était depuis longtemps connue des biologistes, aussi trouva-t-il étrange de ne voir mention d'aucun organisme susceptible d'accueillir ce type de défense. Cherchait-il au bon endroit ?
Il réfléchit de longue minutes puis décida de poursuivre sa recherche en s'attaquant aux ouvrages de références concernant les plantes xérophiles, ou ceux traitant des plantes grasses ...
Après tout, si ce n'était pas une écaille, cela appartenait peut-être à une plante.
Deux heures plus tard, il se rendait compte que ses recherches étaient toujours vaines. Sans plus de résultats, Jack commençait à se dire qu'il devrait ouvrir les vieux bouquins d'études des veines minérales présentes dans la région lorsqu'un vieux bonhomme vint s'asseoir en face de lui.
"Vous m'avez l'air très concentré sur vos recherches, Monsieur. Serait-il inconvenant de vous demander quelles sont-elles ?"
Jack sortit la tête du livre qu'il parcourait au son de la douce voix de l'ancêtre qui lui adressait la parole. Il se trouva ainsi en face d'un vieillard pas plus haut que son propre torse, les cheveux blanc rares sur son crâne. Une impression de fragilité marqua instantanément Jack lorsqu'il vit le vieillard, posté timidement derrière la pile d'ouvrages stockée devant lui.
Il prit le temps de le dévisager un instant : son visage était remarquable, tout d'abord par l'extraordinaire présence de ce qui ressemblait à une hermine albino! Ses phénoménales moustaches, fort développées et bien entretenues, lui conféraient un air imposant et sage.
Du reste, ses gros sourcils broussailleux donnaient une impression étrange, comme si sa pilosité avait un caractère plus qu'accessoire, quasiment vivante ! On pouvait avoir l'impression que le porteur de ladite moustache était bien moins robuste que ne l'était sa parure.
Tout à sa contemplation du monument couleur de neige, Jack marqua un temps mort avant de répondre un vague "Mhhm" à son propriétaire. Il allait replonger dans son ouvrage lorsque le vieux bonhomme décida de se présenter :
"- Je m'appelle Emeritus, Professeur John Spencer Emeritus.
- Mhm.
- Et vous ?
- Jack ... Et vous m'empêchez de travailler, là !
- Mille excuses, je n'en avais pas l'intention, Monsieur.
- Mhm!
- Je ne sais point si je puis vous être d'une grande utilité, mais il me semble que vous cherchez une chose précise, et que vous n'avez pas l'air de la trouver.
- En effet, je cherche à savoir qu'est-ce que c'est que ce truc, dit Jack en lançant l'écaille en direction du vieillard."
Emeritus prit le projectile tombé au sol, puis se redressa et tendit sa main vers la lumière de la table qu'occupait Jack. Il prit le temps de bien détailler l'item, avant de le rendre à son propriétaire, en lui glissant d'une voix sibylline :
"- Je pense savoir ce que c'est ...
- Quoi ? demanda Jack, soudain sorti de sa léthargique recherche.
- Vous avez trouvé ça près d'un bois ou d'une forêt, non ?
- Oui, en effet
- Hé bien, suivez-moi dans mon bureau car nous avons à discuter ... à l'abri des oreilles indiscrètes" rajouta-t-il dans un souffle.
Prodigee- Grand Ancien
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
La nuit était déjà bien avancée lorsque l'on entendit un orchestre de chambre lancer des notes qui résonnaient de manière subtile dans le quartier. La soirée venait de commencer au Savoy, et l'on allait danser une bonne partie de la nuit entre gens de bonne compagnie.
Une grande partie de l'élite de la Cité se rendait au Savoy pour venir s'exercer aux danses de salon dans le raffinement et le calme de sa salle de bal, un temple de la finesse et du bon goût.
Max Pescaldo, le tenancier de l'hotel, avait de longue date intégré un concept : "Donne aux gens ce qu'ils veulent, et n'oublie pas de le leur faire payer".
Aussi avait-il fait en sorte de proposer à l'aristocratie urbaine la fréquentation d'un lieu qui les maintenait, l'espace de quelques heures, dans le mythe de leur splendeur perdue. Plus les consommations y étaient chères, et plus les intéressés se déclaraient enchanter de fréquenter la crème de la crème, le saint des saints !
Bien sûr, Pescaldo avait dû s'allier les faveurs de quelques grandes familles, et les Granger, les Smiths de Détroit et les Glasser avaient acquis le droit de fréquenter à leur convenance l'endroit, du moment qu'ils y généraient un engouement propre à susciter l'afflux des consommateurs.
Ce qui ne génaient nullement les descendant de ces vieilles familles, qui finissaient par assimiler ce courtois échange de bon procédé à un droit de caste, qui leur appartenait en propre.
Ainsi, la haute société dansait au rythme lancinant d'un menuet, et les formes complexes des danses décadentes du vieux continent faisaient vibrer le parquet de la salle de bal. Les danseurs évoluaient suivants un savant mélange de pas, de mouvements de torse ou de bassin, en respectant le tempo empesé de l'air languissant.
Il était minuit bien sonné lorsqu'un point incandescent apparu à proximité du restaurant Maxim's, voisin du Savoy. Situé à environ 1,60m du sol, celui-ci se balancait doucement pendant un bon quart d'heure au rythme des morceaux qui filtraient au travers la grande baie vitrée, avant de disparaitre trois minutes, puis de revenir.
La fumée qui s'élevait à partir de ce point rouge laissait deviner les penchants tabagiques de celui qui s'adonnait de la sorte à un plaisir bien solitaire. On n'entrevoyait que son nez, qui s'illuminait légèrement au fur et à mesure de la carbonisation du tabac.
Pour finir le tableau, une énorme gabardine recouvrait en intégralité le corps du fumeur, qui se noyait dans l'obscurité de cette sombre ruelle plongée dans la nuit. On ne remarquait que le petit point rouge, qui brûlait de toutes ses forces.
Vous auriez pu reconnaître Danny O'Bannion, pour peu que vous n'ayez pas été surpris de le voir caché de la sorte. Il essayait de se fondre au maximum dans le décor, attentif aux sons qui lui parvenaient, les yeux rivés sur la porte du hall d'entrée du SAVOY.
Le chasseur guettait sa proie devant sa tanière.
Une grande partie de l'élite de la Cité se rendait au Savoy pour venir s'exercer aux danses de salon dans le raffinement et le calme de sa salle de bal, un temple de la finesse et du bon goût.
Max Pescaldo, le tenancier de l'hotel, avait de longue date intégré un concept : "Donne aux gens ce qu'ils veulent, et n'oublie pas de le leur faire payer".
Aussi avait-il fait en sorte de proposer à l'aristocratie urbaine la fréquentation d'un lieu qui les maintenait, l'espace de quelques heures, dans le mythe de leur splendeur perdue. Plus les consommations y étaient chères, et plus les intéressés se déclaraient enchanter de fréquenter la crème de la crème, le saint des saints !
Bien sûr, Pescaldo avait dû s'allier les faveurs de quelques grandes familles, et les Granger, les Smiths de Détroit et les Glasser avaient acquis le droit de fréquenter à leur convenance l'endroit, du moment qu'ils y généraient un engouement propre à susciter l'afflux des consommateurs.
Ce qui ne génaient nullement les descendant de ces vieilles familles, qui finissaient par assimiler ce courtois échange de bon procédé à un droit de caste, qui leur appartenait en propre.
Ainsi, la haute société dansait au rythme lancinant d'un menuet, et les formes complexes des danses décadentes du vieux continent faisaient vibrer le parquet de la salle de bal. Les danseurs évoluaient suivants un savant mélange de pas, de mouvements de torse ou de bassin, en respectant le tempo empesé de l'air languissant.
Il était minuit bien sonné lorsqu'un point incandescent apparu à proximité du restaurant Maxim's, voisin du Savoy. Situé à environ 1,60m du sol, celui-ci se balancait doucement pendant un bon quart d'heure au rythme des morceaux qui filtraient au travers la grande baie vitrée, avant de disparaitre trois minutes, puis de revenir.
La fumée qui s'élevait à partir de ce point rouge laissait deviner les penchants tabagiques de celui qui s'adonnait de la sorte à un plaisir bien solitaire. On n'entrevoyait que son nez, qui s'illuminait légèrement au fur et à mesure de la carbonisation du tabac.
Pour finir le tableau, une énorme gabardine recouvrait en intégralité le corps du fumeur, qui se noyait dans l'obscurité de cette sombre ruelle plongée dans la nuit. On ne remarquait que le petit point rouge, qui brûlait de toutes ses forces.
Vous auriez pu reconnaître Danny O'Bannion, pour peu que vous n'ayez pas été surpris de le voir caché de la sorte. Il essayait de se fondre au maximum dans le décor, attentif aux sons qui lui parvenaient, les yeux rivés sur la porte du hall d'entrée du SAVOY.
Le chasseur guettait sa proie devant sa tanière.
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Le chemisier jaune ou bien le rouge ?
Le jaune magnifiait de façon saisissante sa poitrine et elle n'était pas de celle qui laissait au hasard l'impact de son aspect dans les yeux de ses interlocuteurs.
Elle aimait les regards mi-coupables, mi-tentés de ceux qui lui adressaient la parole en plongeant négligement les yeux dans son décolleté. Elle connaissait bien le pouvoir de sa féminité éclatante et savait en obtenir le maximum.
Après tout, ce que son nom ne lui permettait pas d'obtenir (et ce n'était pas grand chose !), son corps avait pu lui offrir.
Le rouge, bien que moins évocateur, avait un je-ne-sais quoi de magnétique. Il ne moulait pas spécialement ses formes, sans les dédaigner cependant, et offrait une nouvelle pallette de couleur à sa chevelure et à ses yeux. Les reflets carmins lui dessinaient des touches mordorées du plus bel effet, qui transformaient son visage, un peu fermé, en faciès de madone italienne. Le Ghirlandaio n'aurait certainement pas refusé de la peindre ainsi vêtue.
Cette réflexion l'amusa.
Elle s'imaginait, posant pour l'artiste, en cette seconde moitié du 15eme siècle, habillée dans de riches étoffes soyeuses, le cou dénudé à la façon de la Tornabuoni. Bien sûr, elle porterait le Pendentif, et ne manquerait pas de cacher en son sein l'étrange petite dague que lui avait offert son Seigneur.
Elle revint à la réalité en un court instant, fit mine d'hésiter un court instant, avant de tendre résolument le bras en direction du bout de tissu rouge.
Elle finit de s'habiller sans précipitation, sûre de toujours arriver au bon moment, quelle que soit l'heure à laquelle elle souhaitait faire son entrée.
Le retard ne faisait pas parti des défauts qu'elle s'imaginait avoir : Aucune horloge ne pouvait claironner une heure ou deux de retard sans qu'un seul de ses sourires ne suffise à faire glisser les reproches sur elle comme l'eau sur la toile cirée !
Elle n'était pas en retard, c'était souvent les autres qui arrivaient bien trop tôt !
Elle choisit soigneusement sa paire de chaussures, de haut-talons lacés sur ses chevilles, qui grimpaient tels des serpents le long de ses mollets. La robe qu'elle avait choisie, d'une teinte terre de Sienne, s'accordait parfaitement avec son haut. Les plis et replis de la robe lui donnait un air de statue grecque, avec un air aguichant, matiné d'un peu de dandisme.
Le port aristocratique de son rang était ainsi renforcé par cette élégance très actuelle, et cependant intemporelle.
Sûre de sa tenue, elle vint s'asseoir devant sa psyché, puis commença la savante valse des produits cosmétiques, qui vinrent chacun à leur tour ajouter leur délicat hommage sur la peau de leur hôtesse.
Déjà naturellement fin, son visage se parait des milles attraits de la beauté apprêtée, finement organisée pour que tous les détails de sa perfection jaillissent davantage.
Son maquillage terminée, elle se saisit de sa brosse à cheveux pour lisser une dernière fois l'ondulation soyeuse de ses cheveux sombres. Elle se saisit alors de son paquet de cigarette, en choisit une et la porta à ses lèvres.
Son briquet, qu'elle extirpa de sa pochette, vint rencontrer le bout du petit rouleau plein de tabac avant qu'y mettre le feu... Un souffle soulagé se fit entendre dans la pièce, comme si ce geste avait eu pour conséquence d'ouvrir une parenthèse bénéfique dans le déroulement d'une journée harassante.
C'est ce moment précis que choisit la porte pour faire entendre un grincement discret. Une tête humblement penchée vers le sol vint s'insinuer dans l'espace qui s'offrait ainsi entre le battant et l'encadrement.
Cette tête soumise émit un léger :
"- Mlle Victoria souhaite-t-elle que je fasse avancer la voiture ?
- Faites, Janoslav, faites ! " rétorqua alors la jolie brune.
La fête allait pouvoir commencer
Le jaune magnifiait de façon saisissante sa poitrine et elle n'était pas de celle qui laissait au hasard l'impact de son aspect dans les yeux de ses interlocuteurs.
Elle aimait les regards mi-coupables, mi-tentés de ceux qui lui adressaient la parole en plongeant négligement les yeux dans son décolleté. Elle connaissait bien le pouvoir de sa féminité éclatante et savait en obtenir le maximum.
Après tout, ce que son nom ne lui permettait pas d'obtenir (et ce n'était pas grand chose !), son corps avait pu lui offrir.
Le rouge, bien que moins évocateur, avait un je-ne-sais quoi de magnétique. Il ne moulait pas spécialement ses formes, sans les dédaigner cependant, et offrait une nouvelle pallette de couleur à sa chevelure et à ses yeux. Les reflets carmins lui dessinaient des touches mordorées du plus bel effet, qui transformaient son visage, un peu fermé, en faciès de madone italienne. Le Ghirlandaio n'aurait certainement pas refusé de la peindre ainsi vêtue.
Cette réflexion l'amusa.
Elle s'imaginait, posant pour l'artiste, en cette seconde moitié du 15eme siècle, habillée dans de riches étoffes soyeuses, le cou dénudé à la façon de la Tornabuoni. Bien sûr, elle porterait le Pendentif, et ne manquerait pas de cacher en son sein l'étrange petite dague que lui avait offert son Seigneur.
Elle revint à la réalité en un court instant, fit mine d'hésiter un court instant, avant de tendre résolument le bras en direction du bout de tissu rouge.
Elle finit de s'habiller sans précipitation, sûre de toujours arriver au bon moment, quelle que soit l'heure à laquelle elle souhaitait faire son entrée.
Le retard ne faisait pas parti des défauts qu'elle s'imaginait avoir : Aucune horloge ne pouvait claironner une heure ou deux de retard sans qu'un seul de ses sourires ne suffise à faire glisser les reproches sur elle comme l'eau sur la toile cirée !
Elle n'était pas en retard, c'était souvent les autres qui arrivaient bien trop tôt !
Elle choisit soigneusement sa paire de chaussures, de haut-talons lacés sur ses chevilles, qui grimpaient tels des serpents le long de ses mollets. La robe qu'elle avait choisie, d'une teinte terre de Sienne, s'accordait parfaitement avec son haut. Les plis et replis de la robe lui donnait un air de statue grecque, avec un air aguichant, matiné d'un peu de dandisme.
Le port aristocratique de son rang était ainsi renforcé par cette élégance très actuelle, et cependant intemporelle.
Sûre de sa tenue, elle vint s'asseoir devant sa psyché, puis commença la savante valse des produits cosmétiques, qui vinrent chacun à leur tour ajouter leur délicat hommage sur la peau de leur hôtesse.
Déjà naturellement fin, son visage se parait des milles attraits de la beauté apprêtée, finement organisée pour que tous les détails de sa perfection jaillissent davantage.
Son maquillage terminée, elle se saisit de sa brosse à cheveux pour lisser une dernière fois l'ondulation soyeuse de ses cheveux sombres. Elle se saisit alors de son paquet de cigarette, en choisit une et la porta à ses lèvres.
Son briquet, qu'elle extirpa de sa pochette, vint rencontrer le bout du petit rouleau plein de tabac avant qu'y mettre le feu... Un souffle soulagé se fit entendre dans la pièce, comme si ce geste avait eu pour conséquence d'ouvrir une parenthèse bénéfique dans le déroulement d'une journée harassante.
C'est ce moment précis que choisit la porte pour faire entendre un grincement discret. Une tête humblement penchée vers le sol vint s'insinuer dans l'espace qui s'offrait ainsi entre le battant et l'encadrement.
Cette tête soumise émit un léger :
"- Mlle Victoria souhaite-t-elle que je fasse avancer la voiture ?
- Faites, Janoslav, faites ! " rétorqua alors la jolie brune.
La fête allait pouvoir commencer
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Re: Chronique du Crépuscule Blafard
Il était déjà tard quand Stu se rendit d'un pas traînant dans la direction des vestiaires du central. Il était 1h déjà bien sonnée lorsqu'il se rendit compte que la nuit était tombé depuis belle lurette.
Il avait mis à profit sa journée à compulser longuement les registres de la main courante et ceux des affaires crapuleuses, et ce sur dix longues années. Le meutre de la petite Brady lui avait laissé comme un drôle de goût dans la bouche : Il connaissait ces formes de blessures, il avait déjà entendu parler d'un charnier où s'empilait des hommes mutilés, des années auparavant.
Lorsque Piggy lui avait confié les pièces du dossier, il lui semblait reconnaître un élément d'un crime ancien qu'avait dû suivre Jim Nesbitt, le gros Jimbo. Ne trouvant pas de quel dossier il s'agissait, il avait cherché tout l'après-midi :
Sa mémoire situationnel n'étant plus tout à fait ce qu'elle était, il lui avait fallu compulser les registres pour retrouver la trace des anciennes enquêtes que Jim avait pu mener. Il retrouva ainsi la trace de ce massacre dans le dossier classé d'un 43 (Dans son jargon, des homicides multiples), découvert sur Ill Street.
Cette étrange rétrospective avait suscité un petit peu de nostalgie .... Le temps avait fait son oeuvre et amené son lot de malheur et de dossiers atroces, à Jim comme à Stu.
Il était loin, le Stuart idéaliste qui était rentré dans la Police pour défendre son prochain... Il était loin.
Mais ses investigations n'avait pas été vaines. Il avait trouvé le lien qu'il cherchait.
Stu avait pu retrouver le compte-rendu de son collègue Peter Branniggan, qui avait fait ses jeunes classes d'inspecteur avec Jimbo sur cette affaire. Il aurait au moins pu s'en rappeler, lui qui n'oubliait ni les visages, ni les dossiers marquants de ses collègues ...
Le fichier présentait les conditions de découverte des corps, ainsi qu'un descriptif complet des différentes autopsies de ceux qui avaient été humains avant de devenir informes.
L'histoire en elle même était étrange :
Une jeune fille-à-papa joggait dans le parc, comme tous les jeudis matin, lorsque son labrador, qui courrait à coté d'elle, s'était figé à l'arrêt devant un buisson, en haut d'une butte de terre.
Le brave animal avait poussé un cri suraigu pour alerter sa maîtresse, qui, surprise par l'inhabituelle lubie de son chien, avait eu la curiosité de se pencher sur un buisson.
Mal lui en pris puisqu'elle découvrit alors une immonde charpie de corps humain, d'où ne dépassait qu'une tête trônant au sommet de cet insolite ossuaire.
Elle hurla à son tour, puis décida d'aller prévenir la maréchaussée, tout en sanglotant. L'officier de rapport avait d'ailleurs mis en marge une petite remarque sybilline, qui en disait long sur l'état de santé de la demoiselle ("Ferait bien d'aller voir un psy!"). En outre, le chien n'avait pas bougé jusqu'à l'arrivée de l'équipe du coroner, qui avait déplacé les corps dans de lourds sacs noirs.
On n'avait trouvé aucun indices, si ce n'était une petite broche en or, sertie d'un petit solitaire du meilleur goût. La police avait présumé que la jeune découvresse du massacre avait du en perdre son bijou, d'effroi...
Cette broche se trouvait toujours dans le archives du dossier, puisque personne n'était encore venu la réclamer.
Ceci choqua Stuart.
Si ce bijou avait bien appartenu à la jeune demoiselle, elle aurait à coup sûr fait une demande auprès de la police pour récupérer son bien, qui valait au bas mot au moins autant que trois mois de salaire de ce pauvre Stu. On ne laisse pas une pièce de cette qualité se morfondre dans le bac d'une affaire classée, dans un commissariat !
Qui était donc cette jeune demoiselle ?
Stuart avait fouillé jusqu'à ne plus pouvoir lire les lignes du rapport, mais il était affirmatif : Nul part n'était évoqué le nom de la file. C'était bizarre, tellement bizarre qu'il avait préféré appeller Peter, histoire d'en avoir le coeur net.
D'où sa présence dans les vestiaires .....
Il s'assit doucement sur le banc du dressing et, patiemment, attendit l'arrivée de Branniggan.
Il n'eut pas le temps de s'asseoir que déjà résonnait dans le couloir le pas de son collègue. Celui-ci dépassa l'encadrement de la porte avec un sourire fendu jusqu'aux deux oreilles :
"- Ce vieux Stu !! Ca gaze, vieux chenapan ?
- Pas mal, je me plains pas.
- Ca fait plaisir de te savoir en forme, dis-moi, tu voulais me demander un truc, non ? Qu'est-ce que c'est, vieux brigand ?
Stuart aimait bien Branniggan, même s'il le trouvait parfois un peu bênet. Il l'énervait, à lui rappeler que lui, Peter, faisait partie de la génération qui lui succèdait. Stu n'aimait pas trop qu'on insiste sur son age canonique, comme le faisait en ce moment son collègue... Mais il fallait bien reconnaître que c'était un excellent flic, et un bon inspecteur.
Il aurait fait un piètre divisionnaire, mais, à 50 ans, les perspectives d'évolution de carrières étaient restreintes... Ce qui n'était pas si grave, se dit Stuart.
- Je voulais te parler de l'ancien temps, du temps où tu étais encore un bleu ...
- Oula, dis donc, tu as amené du scotch, histoire que je me déshydrate pas trop à raconter ma vie ??
- En fait, je m'intéresse plus particulièrement au charnier d'Ill Street.
A peine Stuart avait-il finit sa phrase qu'il remarqua de suite le visage de son collègue, qui se décomposait devant lui. Il n'avait pas l'air enchanté de parler boulot, Pete !
- Pourquoi tu me demandes ça maintenant, Stuart ? Tu sais bien que ce dossier a été classé ! Commences pas à remuer la merde, dit Branniggan d'un air obtus.
- Ecoutes-moi, Pete, j'ai besoin de tes souvenirs.
- Tu parles si je m'en souviens, oui !
- Dis-moi quel était le nom de la gamine qui a trouvé les corps.
Peter marqua un temps d'arrêt, avant de rétorquer sèchement :
- C'est dans le dossier, tu n'as qu'à lire mes fiches, au lieu de me casser les pieds.
- Et bien le dossier a du être nettoyé, puisque je n'ai pas pu trouver son nom! Et tu me connais, je ne laisserai pas passer ce genre d'info.
Branniggan marqua un silence, qui sembla durer une éternité.
- Pourquoi tu as besoin de savoir ça ?
- La petite de Brady, tu sais ...
- Ah, dit simplement Peter, l'air grave.
Stuart savait que derrière cette simple interjection se cachait plus qu'il n'y paraissait... Branniggan avait encore récemment fait équipe avec Jack, et ils s'entendaient bien tous les deux. Stuart savait que Branniggan lui raconterait tout, du moment que ca pouvait aider son copain dans le malheur.
- Bon, écoutes-moi, Stuart. je veux bien te dire qui était cette gamine, à la condition expresse que tu ne dises pas d'où viennent tes sources. Comme tu t'en doutes, le nom n'est pas disparu par l'opération du Saint Esprit, et l'on m'a bien fait comprendre qu'il ne fallait pas importuner la fillette, sous peine de se faire casser les reins par un gradé. La gamine était une fille de riche, de la haute si tu vois ce que je veux dire.
- Tu sous-entends que son nom a été effacé sciemment?
- J'en suis sûr, même si tout le monde s'en fout, désormais.
- Tu pourrais me donner son nom ?
- Euh, tu comprends, je sais pas si je peux, ...
- Allez, Branniggan, fais pas de cachotteries au vieux Stu, racontes !
- Et bien, il s'agit ... de la môme Glasser!
- Victoria Glasser ?
- Ouais, la Victoria Glasser, celle qu'on voit sur toutes les couvertures des journaux mondains.
Stu dressa sa tête décharnée pour plonger son regard dans celui de Peter.
Il ne mentait pas, Stuart le sentait.
Mais la révélation de ce nom le mettait mal à l'aise. Devoir frayer avec un gros poisson alors que sa retraite arrivait dans quelques mois, c'était vraiment pas de chance.
Il ferait bien de se couvrir et de contacter rapidement Blackwood et les membres de l'Agence !
Il avait mis à profit sa journée à compulser longuement les registres de la main courante et ceux des affaires crapuleuses, et ce sur dix longues années. Le meutre de la petite Brady lui avait laissé comme un drôle de goût dans la bouche : Il connaissait ces formes de blessures, il avait déjà entendu parler d'un charnier où s'empilait des hommes mutilés, des années auparavant.
Lorsque Piggy lui avait confié les pièces du dossier, il lui semblait reconnaître un élément d'un crime ancien qu'avait dû suivre Jim Nesbitt, le gros Jimbo. Ne trouvant pas de quel dossier il s'agissait, il avait cherché tout l'après-midi :
Sa mémoire situationnel n'étant plus tout à fait ce qu'elle était, il lui avait fallu compulser les registres pour retrouver la trace des anciennes enquêtes que Jim avait pu mener. Il retrouva ainsi la trace de ce massacre dans le dossier classé d'un 43 (Dans son jargon, des homicides multiples), découvert sur Ill Street.
Cette étrange rétrospective avait suscité un petit peu de nostalgie .... Le temps avait fait son oeuvre et amené son lot de malheur et de dossiers atroces, à Jim comme à Stu.
Il était loin, le Stuart idéaliste qui était rentré dans la Police pour défendre son prochain... Il était loin.
Mais ses investigations n'avait pas été vaines. Il avait trouvé le lien qu'il cherchait.
Stu avait pu retrouver le compte-rendu de son collègue Peter Branniggan, qui avait fait ses jeunes classes d'inspecteur avec Jimbo sur cette affaire. Il aurait au moins pu s'en rappeler, lui qui n'oubliait ni les visages, ni les dossiers marquants de ses collègues ...
Le fichier présentait les conditions de découverte des corps, ainsi qu'un descriptif complet des différentes autopsies de ceux qui avaient été humains avant de devenir informes.
L'histoire en elle même était étrange :
Une jeune fille-à-papa joggait dans le parc, comme tous les jeudis matin, lorsque son labrador, qui courrait à coté d'elle, s'était figé à l'arrêt devant un buisson, en haut d'une butte de terre.
Le brave animal avait poussé un cri suraigu pour alerter sa maîtresse, qui, surprise par l'inhabituelle lubie de son chien, avait eu la curiosité de se pencher sur un buisson.
Mal lui en pris puisqu'elle découvrit alors une immonde charpie de corps humain, d'où ne dépassait qu'une tête trônant au sommet de cet insolite ossuaire.
Elle hurla à son tour, puis décida d'aller prévenir la maréchaussée, tout en sanglotant. L'officier de rapport avait d'ailleurs mis en marge une petite remarque sybilline, qui en disait long sur l'état de santé de la demoiselle ("Ferait bien d'aller voir un psy!"). En outre, le chien n'avait pas bougé jusqu'à l'arrivée de l'équipe du coroner, qui avait déplacé les corps dans de lourds sacs noirs.
On n'avait trouvé aucun indices, si ce n'était une petite broche en or, sertie d'un petit solitaire du meilleur goût. La police avait présumé que la jeune découvresse du massacre avait du en perdre son bijou, d'effroi...
Cette broche se trouvait toujours dans le archives du dossier, puisque personne n'était encore venu la réclamer.
Ceci choqua Stuart.
Si ce bijou avait bien appartenu à la jeune demoiselle, elle aurait à coup sûr fait une demande auprès de la police pour récupérer son bien, qui valait au bas mot au moins autant que trois mois de salaire de ce pauvre Stu. On ne laisse pas une pièce de cette qualité se morfondre dans le bac d'une affaire classée, dans un commissariat !
Qui était donc cette jeune demoiselle ?
Stuart avait fouillé jusqu'à ne plus pouvoir lire les lignes du rapport, mais il était affirmatif : Nul part n'était évoqué le nom de la file. C'était bizarre, tellement bizarre qu'il avait préféré appeller Peter, histoire d'en avoir le coeur net.
D'où sa présence dans les vestiaires .....
Il s'assit doucement sur le banc du dressing et, patiemment, attendit l'arrivée de Branniggan.
Il n'eut pas le temps de s'asseoir que déjà résonnait dans le couloir le pas de son collègue. Celui-ci dépassa l'encadrement de la porte avec un sourire fendu jusqu'aux deux oreilles :
"- Ce vieux Stu !! Ca gaze, vieux chenapan ?
- Pas mal, je me plains pas.
- Ca fait plaisir de te savoir en forme, dis-moi, tu voulais me demander un truc, non ? Qu'est-ce que c'est, vieux brigand ?
Stuart aimait bien Branniggan, même s'il le trouvait parfois un peu bênet. Il l'énervait, à lui rappeler que lui, Peter, faisait partie de la génération qui lui succèdait. Stu n'aimait pas trop qu'on insiste sur son age canonique, comme le faisait en ce moment son collègue... Mais il fallait bien reconnaître que c'était un excellent flic, et un bon inspecteur.
Il aurait fait un piètre divisionnaire, mais, à 50 ans, les perspectives d'évolution de carrières étaient restreintes... Ce qui n'était pas si grave, se dit Stuart.
- Je voulais te parler de l'ancien temps, du temps où tu étais encore un bleu ...
- Oula, dis donc, tu as amené du scotch, histoire que je me déshydrate pas trop à raconter ma vie ??
- En fait, je m'intéresse plus particulièrement au charnier d'Ill Street.
A peine Stuart avait-il finit sa phrase qu'il remarqua de suite le visage de son collègue, qui se décomposait devant lui. Il n'avait pas l'air enchanté de parler boulot, Pete !
- Pourquoi tu me demandes ça maintenant, Stuart ? Tu sais bien que ce dossier a été classé ! Commences pas à remuer la merde, dit Branniggan d'un air obtus.
- Ecoutes-moi, Pete, j'ai besoin de tes souvenirs.
- Tu parles si je m'en souviens, oui !
- Dis-moi quel était le nom de la gamine qui a trouvé les corps.
Peter marqua un temps d'arrêt, avant de rétorquer sèchement :
- C'est dans le dossier, tu n'as qu'à lire mes fiches, au lieu de me casser les pieds.
- Et bien le dossier a du être nettoyé, puisque je n'ai pas pu trouver son nom! Et tu me connais, je ne laisserai pas passer ce genre d'info.
Branniggan marqua un silence, qui sembla durer une éternité.
- Pourquoi tu as besoin de savoir ça ?
- La petite de Brady, tu sais ...
- Ah, dit simplement Peter, l'air grave.
Stuart savait que derrière cette simple interjection se cachait plus qu'il n'y paraissait... Branniggan avait encore récemment fait équipe avec Jack, et ils s'entendaient bien tous les deux. Stuart savait que Branniggan lui raconterait tout, du moment que ca pouvait aider son copain dans le malheur.
- Bon, écoutes-moi, Stuart. je veux bien te dire qui était cette gamine, à la condition expresse que tu ne dises pas d'où viennent tes sources. Comme tu t'en doutes, le nom n'est pas disparu par l'opération du Saint Esprit, et l'on m'a bien fait comprendre qu'il ne fallait pas importuner la fillette, sous peine de se faire casser les reins par un gradé. La gamine était une fille de riche, de la haute si tu vois ce que je veux dire.
- Tu sous-entends que son nom a été effacé sciemment?
- J'en suis sûr, même si tout le monde s'en fout, désormais.
- Tu pourrais me donner son nom ?
- Euh, tu comprends, je sais pas si je peux, ...
- Allez, Branniggan, fais pas de cachotteries au vieux Stu, racontes !
- Et bien, il s'agit ... de la môme Glasser!
- Victoria Glasser ?
- Ouais, la Victoria Glasser, celle qu'on voit sur toutes les couvertures des journaux mondains.
Stu dressa sa tête décharnée pour plonger son regard dans celui de Peter.
Il ne mentait pas, Stuart le sentait.
Mais la révélation de ce nom le mettait mal à l'aise. Devoir frayer avec un gros poisson alors que sa retraite arrivait dans quelques mois, c'était vraiment pas de chance.
Il ferait bien de se couvrir et de contacter rapidement Blackwood et les membres de l'Agence !
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